lâchez les chiens.

K · Posté le: Mer Juin 03, 2009 00:29 am Sujet du message: lâchez les chiens.

Je ne sais plus si je l'ai déjà posté ; quoi qu'il en soit, je viens de retomber dessus, et moi, il me plaît ; j'aimerais le soumettre à la critique, si vous conservez à l'esprit que je suis de très mauvaise foi, que je mépriserai à vie ceux qui n'aimeront pas, et que je chie sur les métreurs.

Une étoile tardive luit à l’horizon.
Le poète contemple le fruit laborieux
De sa nuit sans sommeil, passée comme un frisson,
A coucher sur la page ses délires fiévreux.

L’insomnie à nouveau, mégère décharnée,
S’est éprise de lui ; et cette longue veille
Qui l’a tant fait écrire et si peu somnoler
S’achève maintenant ; il trouve le sommeil.

Et voilà qu’il revit –comme c’est amusant !-
ses pensées de la nuit, ses rêves éveillés
Tous ceux que pour transcrire sur le papier blanc
Il a dû traquer loin dans son cerveau lassé.

Puis il s’en aperçoit : Ce songe est lamentable.
Ce qui pendant la nuit en crème apparaissait
N’est plus, finalement, qu’une boue méprisable.
Il s’éveille en sursaut : « était-ce si mauvais ? »

Alors il se relit. Mon dieu, mais qu’est-ce là ?
La muse qui, taquine, lui rendait visite
N’a en fait inspiré que quelques vers bien plats
Et cette déception qui maintenant l’habite.

Quel que puisse être le prix que lui y attache,
Tout ceci ne vaut rien. Qu’importe, reprenons !
Et le poète nu se remet à la tâche ;
Une étoile tardive luit à l’horizon.

Rixehoney · Posté le: Jeu Juin 04, 2009 22:35 pm Sujet du message:

Me prêter au jeu de la critique me délassera l'esprit, ce soir.

Je trouve ce poème cohérent avec son thème; celui du poète et de son enthousiasme dans son travail d'écriture. Ceux qui se sont essayés à la création littéraire ont connu le sentiment d'écrire de grandes choses, car leurs émotions étaient intenses. Le poème semble être une réponse au préjugé de croire que les poète écrivent avec facilité et sans brouillon.
La mise en scène est assez juste: "Une étoile tardive"; "contemple"; "délire fiévreux" posent la figure du poète exalté. Quoique, avant que le poète s'aperçoit que ses vers sont mauvais, la partie où est posée cette figure est trop courte et trop sobre. Je m'explique: il me semble que le moment le plus fort est lorsque le poète est conscient de sa fantaisie, de ses mauvais vers qu'il pensait jusque-là de qualité. La première partie gagnerait en efficacité et en force si l'aspect onirique et la surestimation des vers étaient développés en ajoutant pourquoi pas des hyperboles.
La suite est de meilleur ton pour moi, le discours direct donne de la force à ce moment en surprenant le lecteur. Le poème enfin se termine par le premier vers "Une étoile tardive lui à l'horizon" que je comprends comme une métaphore du poète; c'est une étoile qui reste néanmoins à l'écart de la populace, en retard ou à contrecourant de la société et du monde commun.

alcibiade · Posté le: Mer Juin 17, 2009 16:48 pm Sujet du message:

Fait attention à la rime en e à l'hémistiche, comme aux vers 1 et 2, ça bousille complètement le vers en question. Sinon je trouve l'histoire intéressante.

K · Posté le: Mer Juin 17, 2009 19:13 pm Sujet du message:

Oh ? elle te choque, toi ? Moi j'aime bien les rimes à l'hémistiche. Tant qu'elles ne plombent pas la rime finale, à laquelle revient tout de même la priorité. :/

alcibiade · Posté le: Dim Juin 21, 2009 10:36 am Sujet du message:

Dans la poésie latine les rimes au milieu du vers passent, en français je ne trouve pas, surtout en "e". La preuve, c'est que tu n'en trouveras pas chez les grands poètes.

Rixehoney · Posté le: Dim Juin 21, 2009 12:11 pm Sujet du message:

Un problème de clavier Alcibiade ? lol

K, réécris le et retarde le moment où le poète est conscient de ses mauvais vers; c'est le moment le plus fort, il me semble ! Ça gagnerait en force dramatique Smile

Césure lyrique pour ces deux vers, une coupe lyrique aux premiers hémistiches pour les deux vers également, avec rime brisée donc (merci le Que sais-je? sur la versification par Michèle Aquien) ; il relève sans doute d'un lien entre l'étoile et le poète. C'est pourquoi je me permets de m'autociter lol:

"Le poème enfin se termine par le premier vers "Une étoile tardive lui à l'horizon" que je comprends comme une métaphore du poète; c'est une étoile qui reste néanmoins à l'écart de la populace, en retard ou à contrecourant de la société et du monde commun."

(C'est peut-être pas ce que tu as voulu dire, mais l'interprétation reste cohérente je trouve lol)

PS: Moi non plus je suis pas très fan du e à la césure, et pour le coup: de la rime en "e" des deux premiers vers. Enfin bon !

alcibiade · Posté le: Mer Juin 24, 2009 15:05 pm Sujet du message: