Rixehoney
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Posté le: Mar Mar 03, 2009 23:39 pm Sujet du message: Dans le bus (prose)
Fin de journée. Dans le bus, lorsque je fus
assis sur le siège céladon de couleur, il se balança, en moi, des nausées
stomacales. Pris de promptes sueurs, je fixais ces quidams difformes; Naines,
petites vieilles ou géants aux visages niais, laids et gras. Leurs visages ne
m'évoquent plus rien; ils n'ont pas d'amour à donner.
Ils gesticulaient, ou plus précisément, ils avaient gesticulé puisque je
ne faisais plus attention à eux. Quelle horreur ! Moi, je trouve le beau dans
ce qui est lent, voire dans l'immobile : une fille, le jour suivant, dans le
même bus, laissa son regard absent et mis en file d'attente ses yeux
profondément vert-opaque. Remarquable joliesse comme un ange discret au
milieu de la multitude. Parfait spécimen ! Elle s'était détournée pour
quelques instants de sa lecture et s'était égarée, - l'œil absent -, comme
une enfant dans ses pensées. Que pouvait-elle voir avec ses yeux ? Ô les
orgues du monde souterrain, ô moment peuplé de temps mort ! Une délicieuse
attente !
La Beauté est donc d'immobilité. Elle est dense et infuse son grand corps
en décadence doucement dans le cerveau jusqu'à qu'il n'y ait plus de soif.
Là viendra le jour d'élever cet excès par n'importe quel moyen ! Il faudra
vivre, il le faut bien. Rien semble nous sauver du monde, et sauve qui peut.
Comment ? Faudra-t-il courir les pieds devant ? Les jambes à son cou ? A
rebours du monde ? Ô la vie n'est pas d'immobilité. La vie n'est pas belle.
Le reste n'est pas fait d'écriture. Et c'est peut-être tant mieux !
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