ggttinho
De passage

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Posté le: Sam Mai 31, 2008 10:57 am Sujet du message: Mobilisme crépusculaire
Mobilisme crépusculaire
Lans-en-Vercors, place de l’Église. Trois heures offertes, trois heures à
faire vivre. Un plafond bas, une percée ensoleillée.
Une fontaine ronde, pas un souffle de vent, une menace. On se vautre dans ce
gris humide et chaud. Trois heures d’avance, c’est mieux dans ce sens. On
peut voir venir. Venir au loin la pluie et l’ennui qu’il faut fuir.
Bibliothèque ouverte -et à tout le monde. Bibliothécaire aimable. Des Cds,
Bd, et au fond, à gauche, Modiano. C’est de Dora Bruder que je m’éprends
et je feuillette dans le coin des enfants le début du roman. Mon vélo est
dehors. Pas de cadenas. Pas de voleurs ? Mmh. Abonnement à l’année. À
bientôt ! (Modiano sous le bras)
Un banc, face à la route. Je me dore au soleil par intermittences. Les
nuages savent faire du bel astre une ampoule frissonnante. Une goutte sur la
page quarante-six. Puis d’autres dans les flaques. Puis de nouvelles sur mes
bras. La foudre.
Le café, en face de la place. Coulent de la fontaine deux jets horizontaux.
Il vente, vente et bientôt, l’orage éclate sur la baie vitrée. Page
cinquante-deux : tâche de chocolat chaud. Je visite le Paris de Victor Hugo
et j’enquête sur une adolescence de mille neuf cent quarante et un. Vie de
fugues et de craintes. Partir. Je pourrais partir, moi ? Un deuxième chocolat
! Page quatre-vingt-treize interminable. L’église sonne les vingt heures
trente. Il fait sombre. Il est l’heure.
Le cœur serré, le vélo caché, je m’installe. Passe le film. Organismes
Génétiquement Modifiés, le profit comme but ultime. La révolte laisse
place aux regrets. Tu n’es pas. La nuit.
Pédales grinçantes, route luisante. Lune absente. La forêt bruisse. Des
ombres silencieuses détalent devant mon souffle embué. Sueur. Le col de la
Croix Perrin. Descente périlleuse, phares aveuglants et sentiment de
liberté.
Minuit déjà ; mon grand lit m’attend. De la musique douce s’en viendra
combler une absence. Sommeil.
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