Petimuel
De passage


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Posté le: Jeu Mar 06, 2008 02:00 am Sujet du message: Ecartelé
ECARTELE
I
Va battre, va, mon cœur, loin des grimaces dures
Qu’inflige mon esprit aux frimas de mon âme
Ces rides terrifiées qui tressent sa parure
Pourraient geler en toi des aiguilles de femmes
Aussi sois sourd aux sons qui suinteraient de moi
Réinvente un caveau rosi par des bouquets
De fleurs qui tour à tour éclosent et larmoient
Sans prêter attention aux cris sourds du parquet
Adresse tes mots doux à de douces images
Abreuve-toi d’amour comme moi de courage
Va consoler les mers qui me sont destinées
Et tu mourras de joie, et tu perdras ton sang
Loin de moi qui serai froidement enchaîné
Haineux, morne et brisé comme un roc fleurissant
II
Ce pic fier et glacé fait d’argile et d’orgueil
Qui déchire l’entraille incestueuse du monde
A gravé dans son cœur le sable las du deuil
Et porte sur son dos quelques tulipes rondes
Improbable tableau que les vents ont moulé
Ange du désespoir transportant la lumière
Ce bloc brut de chagrin par la tendresse ourlé
A plus d’or en son cœur que l’Orient austère
Jailli de nulle part, il fend ses propres pleurs
Avec l’abandon froid des terribles rigueurs
Comme doit s’imposer l’amante trop légère
Sa pierre est une plaie que l’on a refroidi.
Fantôme dessiné par l’éclat de la mer
Il erre entre le monde et ses fleur étourdies
III
Le soleil crève le nuages
Fendus d'un sourire de miel
Qui éclabousse son sillage
De regards clairs qu'ouvre le ciel
Vis! Vis! j'ai couru des oeils tristes
J'ai battu mon coeur au marteau
L'enclume l'alourdit; je liste
Mes malheurs mais j'oublie. Vis tôt!
Et le soleil! Mon âme est creusée par son rire
Des sons que l'on voudrait pour soi-même avaler
Je me sens attiré par Mistral et Zephyr
Et jette en mon papier des mots d'écartelé.
La terre m'enracine, enfin! Ecartelé!
L'air du Nord et de l'Ouest, et le Septentrion
M'attirent en leur sein. Je veux le monde, allez!
Je veux l'or de mon coeur dessus ma partition!
Et mon âme, gonflée, éclate sur ma page
Des torrents de bonheur roulent dedans ce gouffre
Et la Postérité, comme un criant hommage
Voit ces larmes et dit : "Pauvre homme, que tu souffres!"
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