Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Lun Juil 23, 2007 17:18 pm Sujet du message: Ne pas oublier d'en parler.
Chapitre anonyme. Des mots « jazzy »
écrits sur l’univers. L’univers ! Un fou rire tyrannique me secoue à
chaque fois que j’entends – ou que je vois ce mot. Le ridicule se fout de
nous. Il nous assassine à chaque instant, doux comme le vide. On ne se sent
pas claquer.
Je vais bientôt mourir
Crever.
Non ! Bien sûr, non. Je ne mourrai jamais : la mort n’existe pas. On
crève sans savoir quand, ni comment, ni pourquoi. Surtout pas de pourquoi. La
mort n’a pas de raison d’être, et pourtant elle est. La mort m’est
inconjugable. Sans adjectif. Invariable. On crève comme des chiens. Pas
d’honneur, pas de sortie de secours. Juste un mur qui nous écrase. Un mur
bien visible, de toutes les couleurs du monde. D’ailleurs, on ne voit que
ça. Seulement on tente de regarder ailleurs, c’est à dire nulle part.
La mort doit ETRE réinventée.
Le plus bizarre dans le noir, ce sont les ombres. L’OMBRE d’une trompette
agonisante. Quite a dark music. A cooler wind hurts my things.
Le voilà. Son sifflet me gueule l’arrivée du train n° etc. Après
l’attente, l’ennui. Des pouffes déguisées en vieilles putains se
précipitent sans allure dans le wagon le plus bondé. Il faut du monde pour
croire qu’on vous écoute. Moi, je traîne mes bagages comme un parfait
inconnu. Je me pose comme un abruti dans ma place, mon mètre carré à moi.
Ma propriété. Je souris inutilement à la plus excitante des jeunes mères.
Vingt-huit ans à tout casser. Un ventre plat avec la chaleur qui suit
l’accouchement. A côté, son môme piaffe. Il m’emmerde à gueuler comme
ça ; d’abord parce que j’entends plus mon jazz ; ensuite parce qu’il me
condamne au célibat. Sans le gosse j’aurais pu l’aborder, mais là... Le
plouc aux cheveux longs derrière est peut-être le père. M’en fous. Elle
m’excite. M’excite tellement avec sa gueule de fillette sauvage. Elle a
les joues pleines comme mes couilles. Des yeux parfaitement vides. Une bouche
comme j’en ai jamais vu. Une bouche pulpeuse qui nous ordonne de la bouffer.
Une bouche qui tourne la tête à la Lune. Un coup de gloss pour ajouter du
piquant à l’obsession. Merde, j’ai envie de croquer ses lèvres. La
mâcher comme de la viande, sentir la chair s’écraser, boire le sang qui
s’y échappe. Boire et baiser, et tout ça avec haine et passion. Mais non.
Elle a un gosse, moi j’suis un môme. Mais je l’aime ça suffit pour tout
permettre ! L’amour fou, pour la réveille de sa torpeur sociale. Ma belle,
je vais me lever, me cogner les genoux contre la table, et te sauter dessus.
Prendre de mes deux mains ta jolie tête et t’embrasser, que je le veuille
ou non. L’amour force le droit. T’embrasser les joues jusqu’au viol, te
susurrer des mots que tu ne veux pas entendre. Déshabiller les corps, puisque
les âmes sont déjà nues. Te faire l’amour à côté du mioche.
L’interdit. Je raye la vie : les autres n’en veulent pas. Toi non plus.
Moi, c’est juste pour crever le temps.
Puisque le beau monde s'écroule, autant être au-dessus de lui.
La poésie : regarder l’invisible.
Les sens ne voient que ce qui est. Je : créer l’être. Noyées les images.
Les photographies pleurent. Le poids du vide : un tableau de blanc. Il faut
nager dans ce vide, en tailler les nouvelles couleurs. Inventer
l’impossible.
La morale saute aux yeux. Etre poète, c’est donc crever : devenir
l’aveugle. Trouver ce qui se cache. L’imagination doit être cette arme
terrifiante. Il faut vivre toutes les morts possibles. Eprouver l’indicible,
puis le dire à haute voix. Le poète doit avoir vécu, donc mourir. J’exige
de crever pour faire le témoignage de l’inconnu. L’INCONNU.
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Hypérion
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Posté le: Mar Juil 24, 2007 07:31 am Sujet du message:
Du très bon comme d'habitude (même si je n'ai pas compris ce que la
parenthèse sexe faisait au milieu de cette réflexion sur la poésie et la
mort).
Citation: | La
poésie : regarder l’invisible.
Les sens ne voient que ce qui est. Je : créer l’être. Noyées les images.
Les photographies pleurent. Le poids du vide : un tableau de
blanc. |
Là, je décroche. Le rythme décousu est certainement volontaire, mais ça ne
me touche pas.
Citation: | J’exige de crever pour faire le témoignage de l’inconnu.
L’INCONNU. |
J'adore la chute
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WhiteRabbit
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Posté le: Mar Juil 24, 2007 19:14 pm Sujet du message:
Hé bien... non définitivement cela ne me plaît pas.
Il y a bien sur des subtilités personnelles que je ne comprend pas, devant
moi des pans entiers de ce texte restent parfaitement hermétiques. Peut être
que je suis un peu limitée... et peut être aussi que ton texte n'est pas assez
accessible, il me paraît comme fermé à une autre intelligence que la
tienne, à un autre état d'esprit que celui dans lequel tu l'as écrit.
Mais ce n'est pas vraiment l'obstacle de la compréhension qui me dérange,
plutôt que ce passage sur la femme dans le train. Il me met mal à l'aise,
mais pas un malaise intéressant, pas le malaise que tu cherches à provoquer
je pense. Ce n'est pas un malaise qui me fait réfléchir ni sur la situation,
ni sur le poids des mots ou leur choix, ni sur les sentiments qu'ils
soulèvent ni sur... sur rien en fait, ça sert à rien d'en mettre une tonne.
Bref, ça me met mal à l'aise sans susciter aucun questionnement, juste la
boule désagréable à l'estomac, du coup je n'y prend aucun plaisir, en plus
de n'en tirer aucune substance. Ca ressemble à du provoquant dans le vent...
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Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Mar Juil 24, 2007 19:31 pm Sujet du message:
Ce texte n'a rien d'extraordinaire. Il ne veut rien qui sorte de l'ordinaire.
Il cause, voilà tout. Des choses les plus banales au monde : la mort, l'art,
le sexe. Comme tu le dis, le malaise dans le vent, la chose vide, c'est bien
ça le (triste) but. Je parle d'une fille. Pour quoi? Pour rien. Mais on y
pense toujours, et sans but défini. La mort traîne exactement tous les jours
dans notre tête. Plus banal comme idée, tu crèves. Tout ceci a pour
objectif de ne rien dire. Le style possède la même ossature. Simplement les
mots nécessaires pour dire ce qui est. Des phrases hachées comme la routine.
Pas de lyrisme, ou le moins possible. J'espère que ça ne vous plaira pas.
Personne n'aime la banalité. C'est pire quand on montre du doigt l'ennui
quotidien.
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WhiteRabbit
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Posté le: Mar Juil 24, 2007 19:44 pm Sujet du message:
Alexandre-le-très-petit a
écrit: | Tout ceci a pour
objectif de ne rien dire. |
Même en mettant le doigt sur la banalité d'un quotidien qui, si j'ai bien
compris, ne diffère ni du précedent ni surement du suivant, tu y intègres
tout de même l'ennui, c'est toi qui le dis, la routine, la monotonie, la
répétition aliénée des choses, les désirs vaseux dont on n'effleure
jamais l'accomplissement. Il y a donc bien volonté de peindre quelque chose,
au moins l'aliénation, au moins le renoncement...
Mais sinon, pour en revenir à cette fille, tu n'en parles pas en des termes
banals, il y a quand même quelque chose de profondément malsain dans ce
fantasme (bien qu'il en reste un, alors tout est permis), il y a la présence
de l'enfant, l'adultère, le viol... Il y a aussi la réduction du statut
humain au statut sexuel, l'humiliation et le mépris. Entendons nous bien,
tout est permis dans les têtes, je ne suis pas choquée, mais la peinture de
ce fantasme, éclos un peu par hasard, un peu parti de rien, a quelque chose
qui bouscule, mais qui bouscule sans autre intérêt que celui de bousculer,
et ne me dit pas que tu a choisis ces mots par hasard...
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Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Mar Juil 24, 2007 20:59 pm Sujet du message:
Alors c'est le hasard qui a choisit. J'ai vu cette fille dans le train, elle
était excitante, voilà tout. Le suel problème, comme tu dis, c'est le
môme. La banalité a plus de viols que les exceptions. Provoquer pour
provoquer, je ne sais pas. J'voulais pas provoquer, j'voulais fixer l'ennui et
ses distractions.
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Prométhée
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Posté le: Jeu Aoû 02, 2007 16:11 pm Sujet du message:
Terrible.
La partie licencieuse est un éclatement de chair et une orgie vampirique. La
comparaison joue-couille n'est pas des plus réussites, c'est une touche de
grossierté dans une prose sédicieuse.
La suite s'écroule en découverte lugubre.
' La poésie : regarder l’invisible. '
Je suis pas dans cette perspective mais plutôt celle-là:
La poésie, trop regarder la réalité.
Bien sûr, je ne parle pas de celle des scientifiques ou des philosophes. Je
parle de celle qui touille dans nos tripes, pas qui caresse notre cerveau.
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alcibiade
Suprème actif


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Posté le: Jeu Aoû 02, 2007 19:04 pm Sujet du message:
Citation: | Non
! Bien sûr, non. Je ne mourrai jamais : la mort n’existe pas. On crève
sans savoir quand, ni comment, ni pourquoi. Surtout pas de pourquoi. La mort
n’a pas de raison d’être, et pourtant elle est. |
Je ne comprends pas bien. Tu dis que la mort n'existe pas et deux lignes plus
tard, tu dis qu'elle est.
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Prométhée
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Posté le: Jeu Aoû 02, 2007 19:58 pm Sujet du message:
L'écriture inconsciente se démarque par ses contradictions. C'est son
originalité autant que son défaut.
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Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Ven Aoû 03, 2007 19:08 pm Sujet du message:
Disons rapidement que la mort pour chacun n'existe pas, mais qu'elle est pour
tout le monde. Pour en revenir au Prométhée, c'est possible que mes couilles
tombent comme un cheveu sur la soupe. Et bien qu'elles tombent, les
malheureuses!
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Prométhée
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Posté le: Ven Aoû 03, 2007 19:11 pm Sujet du message:
Badaboum plouf.
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Prométhée
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Posté le: Ven Aoû 03, 2007 19:12 pm Sujet du message:
Sinon tu réinventes la mort comment?
Comme une tâche de soupe à la tomate?
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Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Mar Aoû 07, 2007 00:27 am Sujet du message:
Tu te mets à l'humour? J'te préférais sérieux, t'étais plus drôle.
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Prométhée
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Posté le: Mar Aoû 07, 2007 13:16 pm Sujet du message:
La deuxième phrase n'était pas sérieuse, mais la première si.
Donc seule la première t'a fait rire.
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bambou
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Posté le: Dim Aoû 12, 2007 09:33 am Sujet du message:
Hey, Alexandre, tu gagnerais à faire trésaillir ton écriture, à la faire
sautiller, puis à la torturer.
Parce que ta torture est encore très faible, elle ne dépasse pas l'idée.
C'est encore trop sage.
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