Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Mar Mai 22, 2007 23:27 pm Sujet du message: De la séduction
Voilà, j'impose ici un problème que je soupçonne de se cacher derrière
toute relation, qu'elle soit avec autrui ou
le monde:
Tout rapport n'est-il pas fondé sur la séduction?
Tout ce que ma conscience rencontre, que ce soit une autre conscience ou le
monde, se trouve jugé: soit il me séduit, soit je le trouve détestable. On
pourrait sûrement remplacer la séduction comme jugement sélectif par la faculté de juger de Kant, ou les
interprétations de Nietzsche, mais je crois que ce n'est pas originellement
un jugement, plutôt une lutte. cette
lutte évidemment, n'est qu'entre autrui et moi, le monde inanimé ne se
sentant pas adversaire.
Ma conscience qui n'existe, pour mon point de vue phénoménologique, que
dans la rencontre, ne se trouve pas
cependant dans cette lutte de reconnaissance hégélienne qui aboutit à un
maître et un esclave. Elle ne s'oppose pas de prime abord à celle d'autrui,
bien au contraire, je pense que leur
rencontre m'unit à autrui avant tout conflit.
Je dois ici faire une pause généalogique pour expliquer ma pensée:
L'homme qui a toujours vécu isolé, sans aucune rencontre avec autrui ne
possède pas de conscience, ou du moins n'a pas découvert en lui-même sa
conscience. Sincèrement, croyez vous qu'un homme seul puisse développer de
telles capacités comme la technique, la dimension d'avenir, sans aucune
rencontre, paumé en pleine jungle? Je pense que la conscience de l'homme
n'existe qu'avec la rencontre d'une autre conscience, avec la rencontre
d'autrui. L'individu isolé des autres se délivrerait-il de l'esclavage de la
nature comme ça, d'un moment à l'autre, par le hasard d'un génie?
Le conditionnement aveugle toujours et la conscience ne se révèle pas
d'elle-même. La rencontre avec autrui dévoile à l'homme son humanité, sa
conscience, par-là même je pense, sa liberté. C'est bien la rencontre des
consciences qui leur permet de s'éveiller elle-mêmes et de se reconnaître
entre elles par analogie avec ce qu'elles sont (analogie non physique, mais
comportementale). La rencontre avec autrui fonde je crois ma conscience et
celle d'autrui; l'intersubjectivité
réveille ce qu'il y a d'humain chez les hommes.
Les hommes se découvrent donc l'un dans l'autre, leurs consciences jouant au
miroir. Cette découverte les unit originellement, scelle une sorte de
solidarité de race (sorry). Plus qu'être
ensemble, ils ont conscience d'être ensemble. Comprenant la distance
qui les séparent du monde, les hommes s'unissent dans leur genre unique,
presque isolés dans leur essence. Cette différence avec tout autre chose
fonde donc une sorte de solidarité, anthropocentriste certes, mais tout de
même solidarité. La rencontre avec autrui
m'unit donc à lui, bien avant les conflits.
(Fin de la pause explicative, début de celle du lecteur sûrement!)
Mais où la séduction entre-t-elle en jeu ici? Où est sa lutte? Ici je vais
essayer de synthétiser, au risque de paraître sourd.
La conscience joue encore pour moi un rôle primordial. n'étant que "le dehors d'elle-même" (Husserl), elle va
donc vers autrui pour son "identification d'humain", identification qui va
être, au retour de la conscience sur elle-même, également la sienne. C'est, je soupçonne, ce retour de la conscience
sur elle qui conduit à la lutte séductrice. Elle découvre autrui,
puis se découvre ensuite: là elle va opérer (dans son acte créateur) deux
possibilités majeures.
Soit elle se reconnaît avec autrui, et va chercher à trouver le plus de
traits communs avec, pour renforcer cette union qui fonde les peuples. Soit
elle va, tout en s'associant avec l'autre, chercher ce qui fait qu'elle est
unique, différente d'autrui.
Car la conscience se sent toujours différente, je pense d'autrui. Qui n'a
jamais tenté de se mettre dans la tête d'autrui et de se trouver devant ce
mystère profond? Nous reconnaissons autrui
et nous-même comme hommes, mais comme hommes différents. Il s'agit
donc pour la conscience de prouver son identité, non de s'affirmer
supérieure. Pas de reconnaissance sans retour ici, simplement
l'établissement de personnalités.
Dans le premier cas, fictif je pense, pas de conflit, l'amour dans notre
qualité d'élite, la paix béate.
Dans le second en revanche, chacun va se
prouver ses qualités personnelles, et pour encore les affirmer, les prouver
à autrui. Voici je pense l'étape qui déclenche tout.
On va se montrer, et en espérant que l'autre reconnaisse notre différence.
Bref, on tente de le séduire. Autrui agit de même. La lutte de la séduction
n'agit pas sur le plan de maître/ esclave, mais sur la reconnaissance
mutuelle de ses différences: le séduit est
reconnu séducteur, et vis et versa.
Je ne conclue rien, je soupçonne: tout ceci n'est qu'idées qui se baladent,
menant leur enquête pour se distraire. Mais je crois tout de même qu'avec
tout homme, toute chose, On tente toujours de séduire, non pas pour se
montrer supérieur, mais pour se montrer
uniquement, montrer son moi, son originalité. Tout n'est, au fond, que séduction.
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lililule
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Posté le: Mar Mai 22, 2007 23:40 pm Sujet du message:
Intéressant...
Donc tout ne serait que séduction selon toi car elle est indispensable au
rapport à l'autre lorsque nous le reconnaissons comme différent?
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lililule
Suprème actif


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Posté le: Mer Mai 23, 2007 00:07 am Sujet du message:
Alors voilà , discutons,
Si je reconnais l'existence d'autrui , je suis donc reliée à lui :en
répondant à cette proposition de réflexion que tu formules, ma conscience
te fait exister et donc est reliée à toi.
à cet endroit , il me semble que tu proposais deux hypothèses : l'une serait
l'entente et l'autre serait la non-entente et son indispensable séduction qui
serait la passerelle avec autrui et tu développes cette hypothèse.
Si l'on part du principe qu'en connaissant l'autre , je peux me connaître, et
que la séduction serait un voile qui me montrerait sous un jour meilleur,
j'aurais du mal à connaître autrui et donc à me connaître. Autrui me
renvoyant le reflet de ce qu'il perçoit.
Mais qu'attend l'autre de moi , si ce n'est le respect?
En respectant autrui il peut décider s'il souhaite ou non me connaître.
Rien ne l'oblige dans le principe de respect .
Donc dans ce contexte de connaissance , la séduction, qui est un pouvoir sur
l'autre, ne peut opérer.
La question qui s'en suit , c'est pourquoi voulons-nous connaître les autres?
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Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Mer Mai 23, 2007 17:36 pm Sujet du message:
Merci lililule de t'être intéressé à ce sujet, et d'avoir discuté ma
pensée. Je crois que c'est comme cela que l'on avance. Cependant, j'ai
l'impression que je ne me suis pas clairement fait comprendre sur des détails
qui fonde cependant cette conclusion, et je ressens des contresens dans tes
critiques, ceci à ma grande, ma très grande faute!
Premier malentendu, qui ne pèse pas lourd, mais en dit long sur la nature de
la séduction: "Donc tout ne serait que séduction selon toi car elle est
indispensable au rapport à l'autre lorsque nous le reconnaissons comme
différent?"
Certes, tout n'est que séduction dans les rapports, mais elle n'est ni
nécessaire ni reconnaissance de la différence d'autrui. Elle n'est pas
nécessaire, seulement inévitable. Je
n'exige pas sa présence, je ne fais que la constater dans les
rapports. Et son rôle n'est pas de reconnaître autrui comme
différent, bien au contraire, mais d'abord de se montrer comme différent.
Elle agit d'abord égoïstement, certainement
par crainte d'être perdu, noyé dans l'humanité comme animal conscient,
identique à autrui. C'est d'abord soi que l'on montre, avant
d'observer l'originalité d'autrui. Ensuite reconnu, c'est d'abord autrui qui
se montre lui-même et nous qui approuvons. La séduction ne fait pas
approuver autrui, elle ne fait que nous montrer comme individus spécifiques.
Ensuite, tu résumes ma thèse, très bien: "à cet endroit , il me semble que
tu proposais deux hypothèses : l'une serait l'entente et l'autre serait la
non-entente et son indispensable séduction qui serait la passerelle avec
autrui et tu développes cette hypothèse. "
Le problème est ici le rôle de la soi-disante séduction. Elle n'est pas une
passerelle entre autrui en ce sens où elle nous relierait, elle est plutôt
le point tendu entre nous deux. C'est notre commune conscience qui joue le
rôle de passerelle, et qui engendre chez nous le même désir de séduction.
Elle n'est que le retour de la
conscience.
"Si l'on part du principe qu'en connaissant l'autre , je peux me connaître."
Ici, il y a une grave confusion entre l'action de la conscience et celle de la
séduction. Certes la conscience (grâce à la rencontre) permet d'identifier
autrui et moi-même comme hommes, je n'ai jamais dit qu'elle nous donner
accès à la connaissance d'autrui et de soi-même. Revoici le délicat
problème de la connaissance de soi, qui n'a cependant rien à voir avec
conscience et séduction. Elle nous permet de dire que nous sommes des hommes,
la connaissance est-elle complète ici? Ne sommes-nous que des hommes? Ici
agis la séduction, qui permet de dévoiler ce que l'on croit être, elle
n'affirme aucune certitude de la connaissance de soi. Tout au plus elle nous
présente comme l'on croit où l'on voudrait être ( car elle part d'un
désir, d'un vouloir).
De ce fait, le respect se trompe de porte. Autrui n'attend rien de moi, tout comme je n'attend rien de
lui. La séduction opère à partir de soi, on tente moins de séduire
que de se montrer séducteur. Séducteur pas au sens le plus beau, le plus
fort, donc meilleur qu'autrui et maître. Séducteur au sens de notre
originalité, de notre unique personnalité. C'est moi qui en me montrant
séduit, ou ne séduit pas. La séduction peut réussir ou échouer, peu
importe ( du moins dans la question posée ici). Ce qui compte c'est la volonté de séduction, la volonté de
se montrer soi, ou de ce que l'on croit être, puisque tu parle de
connaissance de soi. La séduction est un acte entièrement personnel dans sa
naissance, elle se propose. Autrui ne me demande pas le séduire, c'ets moi
qui me montre volontairement.
Ainsi, tu dis que "dans ce contexte de connaissance , la séduction, qui est
un pouvoir sur l'autre, ne peut opérer."
La séduction n'est essentiellement qu'une intention, non une réussite. Elle
opère, peu importe, si autrui me reconnaît comme je suis, ou non. Je séduis, et non j'ai séduit. Pas de
pouvoir, donc d'importance dans la réussite (même si l'on préfère être
reconnu comme l'on est ).
De ce fait, ta question tombe comme un cheveux sur la soupe: "pourquoi
voulons-nous connaître les autres?"
La séduction ne traduit aucune volonté de
connaître autrui. Mais une volonté de se montrer, de se présenter au regard
d'autrui. Peut-être par là se connaître selon son jugement. Mais
moins connaître nos qualités que leurs valeurs. Si autrui ne même pas, son
jugement va me faire savoir, influencer sûrement que cela chez moi et mauvais
ou cela est bon. Mais on ne sait vraiment quel est ce "cela".
"La séduction serait un voile qui me montrerait sous un jour meilleur." Tu
as, je crois, souligné le plus important problème de la séduction. En
choisissant de me montrer, est-ce que je montre mon vrai moi? Où n'est-ce
qu'une illusion qui se rapproche le plus de l'approbation d'autrui? La
séduction, est-ce séduire par soi, où par ce qu'autrui aimerait que je soi?
Ici se pose le problème de l'intention et la dimension d'avenir du regard
d'autrui.
En effet, si la séduction part d'une
volonté de montrer sa personnalité, alors elle ne fera pas de voile et de
miroir trouble, elle montrera la vérité pure, où ce que l'on croit
innocemment être.
Mais vais-je plaire à autrui? Comment connaître ses critères de jugements?
Si la reconnaissance d'autrui importe peu dans cette théorie, elle est
dramatique pour l'individu. En théorie, originellement unis les êtres vont
juste se montrer et sans d'abord vouloir dominer l'autre. Pas de combat pour
le pouvoir, mais je dirais une concurrence. Cependant, si autrui ne
m'apprécie pas, que je suis-je?
Suis-je un homme, si un autre homme ne
m'accepte pas en tant qu'être exceptionnel (différent)? Ne
voudrais-je pas me couvrir de mauvaise foi, comme avance Sartre? Le dilem du
jugement d'autrui sur moi-même peut se faire un drame existentiel.
Oui, la séduction est un acte, non pas un
aquiescement d'autrui, donc qui existe toujours. La question que l'on
doit maintenant se poser je crois, c'est celle de notre réaction face à la
réaction d'autrui: que vais-je devenir si
autrui ne me reconnaît pas comme individu d'exception?
La sentence est tombée: "L'enfer, c'est les
autres."
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?
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Posté le: Mer Mai 23, 2007 18:20 pm Sujet du message:
Il le semble (arrêtes moi si je me trompe) que la séduction est pour toi un
complexe de différenciation: l'homme
façonne ce qu'il donne de soi par la séduction;je dis complexe, car j'ai l'impression que c'est
presque maladif, c'est plus fort que
l'homme.
Donc si tu assimiles ce besoin de différenciation à une quête
existentielle, je suis d'accord.
Mais cela ne pourrait-il pas nous conduire à penser que l'homme nierait
constamment une "unité originelle" de l'humanité pour s'affirmer face à
autrui?
Car ne sommes-nous pas déjà différenciés, sans rien faire, sans se
montrer?
Cette quête d'authenticité (je
préfère ce mot à "originalité") doit-elle nécessairement se rendre
visible pour se réaliser?
Il y a donc un truc qui me gêne, tu l'as compris, dans ce que je crois
comprendre: j'ai l'impression en te lisant que l'homme doit "se montrer" dès
que l'humanité dans son ensemble prends conscience d'elle-même. Or je pense
que la conscience, ce moment où l'on s'atteint soi-même, n'implique
nullement un effort de démonstration de soi, aucun effort d'extériorisation.
Il suffit que l'autre soit comme une liberté posée en face de nous et qui
nous regarde, pour rejoindre un peu des propos de Sartre. Cette conscience de
l'homme par lui et par l'autre n'est pas une action, mais un mouvement interne
de la pensée. Un mouvement interne, mais qui évidemment n'est pas un effort
solitaire.
Je ne pense pas que la conscience sorte de l'homme en direction de l'autre, je
crois plutôt qu'avec l'autre la conscience
émerge en l'homme.
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Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Mer Mai 23, 2007 20:31 pm Sujet du message:
"Je ne pense pas que la conscience sorte de l'homme en direction de l'autre,
je crois plutôt qu'avec l'autre la conscience émerge en l'homme."
Alors là, je ne vois aucun malentendu entre nous deux, c'est précisément ma
pensée, celle d'ailleurs qui fonde tout ce raisonnement. Je dis clairement
que "La rencontre avec autrui dévoile à l'homme son humanité, sa
conscience, par-là même je pense, sa liberté. La rencontre avec autrui
fonde je crois ma conscience et celle d'autrui; l'intersubjectivité réveille
ce qu'il y a d'humain chez les hommes."
Nous sommes donc d'accord que c'est la rencontre avec autrui qui révèle la
conscience.
"j'ai l'impression en te lisant que l'homme doit "se montrer" dès que
l'humanité dans son ensemble prends conscience d'elle-même. Or je pense que
la conscience, ce moment où l'on s'atteint soi-même, n'implique nullement un
effort de démonstration de soi, aucun effort d'extériorisation. "
En effet, la conscience n'a nullement besoin de cette extériorisation.Elle
est conscience et montre alors l'individu comme homme avec la rencontre, ici
il n'y a pas de volonté de se présenter. Le problème qui s'est posé entre
mon maladroit exposé et ta lecture, c'est de savoir ce que la volonté veut
présenter. Tu crois, si je t'ai bien lu, que l'homme selon moi s'efforce
maladivement de montrer son humanité?
Absolument pas. Aucun besoin de montrer son humanité, elle est déjà
présente par l'éveil des consciences. Ce qu'il a besoin de montrer à
l'autre, cet effort si tu l'entends ainsi, c'est sa subjectivité si tu veux,
sa personnalité, ce qui fait qu'il est lui et non simplement un homme. Car si
la rencontre a unifié les hommes dans la conscience de ce qu'il sont par
rapport au monde (par la conscience, l'homme n'est aps dans le monde, masi
devant le monde. La conscience crée de la distance entre le monde et le sujet
conscient.), elle ne fait que cela. L'homme se sent homme, tout comme autrui,
sans effort. Mais voudrais-tu que l'on te considère juste comme un homme? Et
non pour toi, pour ton être unique? C'est cela, ce que tu nommes complexe de différenciation, qui est moins
un complexe qu'un besoin. Je crois que le complexe de personnalité ne se
développe qu'avec la dernière question que j'ai écrite à l'article
précédent.
"Mais cela ne pourrait-il pas nous conduire à penser que l'homme nierait
constamment une "unité originelle" de l'humanité pour s'affirmer face à
autrui? "
Pour moi, en présentant sa subjectivité, l'individu ne nie pas sa part
d'humanité qui le relie à cette "unité originelle de l'humanité". Ilse
situe d'abord au sein des hommes, puis montre sa subjectivité, pour qu'on le
considère toujours pour lui même et jamais simplement comme un homme (je
sais, ça fait un peu kantien). Il conserve absolument cette fraternité avec
autrui, d'ailleurs c'ets cette fraternité qui lui donne le moyen de montrer
sa subjectivité, car cet acte ne peut s'affirmer qu'avec conscience, n'agit
qu'au retour de la conscience sur elle-même. J'ai déjà précisé tout
cela.
"Car ne sommes-nous pas déjà différenciés, sans rien faire, sans se
montrer? "
Cela, je ne le crois pas. Les détails physiologiques importent peu dans la
quête de soi, dans la volonté de considération de soi. La conscience unit,
qu'est-ce qui nous différencie des autres hommes, sans montrer notre
authenticité? Pour être différencié, il faut être révélé comme
différent. Je crois que la subjectivité, pour être révélé, doit venir de
soi,et l'homme veut toujours se montrer. Souvent par vanité même. Tu
sous-entends qu'autrui par son seul regard peut saisir notre différence.
Certes. Mais nous considérera-t-il pour autant pour nos différences, pour ce
qu'il croit deviner de nous? Ce ne sont que des préjugés d'apparence, qui ne
valent pas grand chose. Ce qui importe, ce
n'est pas de me différencier des autres. C'est de montrer mon être au seins
des autres. Saisis-tu?
L'homme ne veut pas se séparer des autres,
et montrer n'importe quel attrait. Il tient juste à être reconnu pour ce
qu'il est, à faire accepter sa subjectivité au sein de l'humanité
commune.
De plus, crois-tu que je puisse deviner l'être d'autrui? Qu'il puisse par
l'observation me saisir réellement? Je crois
au contraire qu'autrui, si proche et si nécessaire à notre existence, est le
mystère le plus entier à comprendre. D'où une certaine nécessité
de la séduction, dans le sens où les hommes se montrant, sont moins obscurs
aux autres.
Après, tout le problème de l'interprétation qu'autrui fait de ma séduction
peut fausser la saisie de mon être, par des problèmes de langages, de
compréhension, de culture, etc...
Es-tu d'accord avec moi "?" ??!
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lililule
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Posté le: Mer Mai 23, 2007 21:23 pm Sujet du message:
"C'est d'abord soi que l'on montre, avant d'observer l'originalité d'autrui.
"
Peux -tu expliquer davantage , comment parviens-tu à cette conclusion?
|
Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Mer Mai 23, 2007 21:48 pm Sujet du message:
Elle agit d'abord égoïstement, certainement par crainte d'être perdu, noyé
dans l'humanité comme animal conscient, identique à autrui.
L'on se montre avant de regarder l'être d'autrui par cette crainte d'être
perdu dans l'humanité. L'homme veut désespérément, je crois, être reconnu
pour lui-même. Cette angoisse personnelle le pousse à agir ainsi
égoïstement.
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lililule
Suprème actif


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Posté le: Jeu Mai 24, 2007 08:06 am Sujet du message:
Donc, ce que je comprends là, c'est que la séduction est une
contextualisation de certains types de relations nécessitant un rapport
équilibré et non de recherche de pouvoir.
Elle n'est donc pas principe d'un mécanisme mais elle le conditionne, elle
n'attend rien et ne provoque rien mais définit un contexte dans lequel un
échange peut avoir lieu en toute équité.
(...) l'autre pourrait ne pas reconnaître mon originalité, la séduction
disparaîtrait -elle?
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Alexandre-le-très-petit
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Posté le: Jeu Mai 24, 2007 22:22 pm Sujet du message:
lililule a
écrit: | L'autre pourrait ne
pas reconnaître mon originalité, la séduction disparaîtrait
-elle? |
Que vais-je devenir si autrui ne me reconnaît pas comme individu
d'exception?
Nous arrivons à ce même point.
La séduction, je ne crois pas qu'elle disparaisse, soit elle persévère en
continuant de se montrer, soit elle cesse d'être pour le moment. Elle se
situe au-delà de l'échec ou de la réussite. Cependant l'homme prend en
pleine gueule l'échec.
Voici la situation, je crois, résultant du Non à la reconnaissance de soi.
Le point tendu entre la peur du devenir face
au rejet d'autrui, l'abandon de soi, et la volonté de rester soi par rage et
vengeance.
Intéressons-nous donc aux conséquences de ce rejet, en tant qu'évènement
existentiel. Et n'oublions pas la séduction: est-elle souhaitable dans la
définission que je propose ?
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