La Dernière Volonté du Soldat J.F.A

WhiteHeart · De passage Inscrit le: 25 Mar 2007 Messages: 41

La Dernière Volonté du Soldat J.F.A

Soldat ! La ligne de feu est droite devant toi !
Pantelant ! Froid ! Frêle ! Mon souffle s'évapore
Mon casque blanc est troué et lourds sont mes pas
Le froid a décoloré mes habits et déteint sur mon cœur

Les vers jaune, vert, marron ont rongé ma raison
Telle cette mer verdâtre de corps qui borde ses lieux
Oh ! Regardez ! Les cieux !
Le ciel est un brasier géant, tout rouge comme le sang
Et j'arpente les tranchés tel un fugace courant d'air

Les yeux fermés je sens la chaleur de flammes
Les racines de fer ont écorché mon pied blessé dans l'ombre
Du grand grandiose ciel gris qui gronde de sa grosse voix
Et le toit céleste se pourfend aux vols de ces corbeaux noirs

Il tombe des gouttes de vie, des lames mortelles
Douleur ! Ombre de l'âme vagabonde et lasse
Son manteau est mon réconfort ! Je perds de ma substance
A l'arrière, une partie de mon fluide trace mon histoire

Au sud le soleil s'est posé sur son lit d'eau
Ah ! Ce gout amer à la bouche ! La mort danse parmi nous
Voyez là ! Elle me tend la main avec sa fauche
Et mon corps se traine péniblement jusqu'à toucher sa lame

Mon œil a tourné, mes dents ont pourri
Guerre ! Guerre ! J'emporterai la victoire !
La chair a fui ma peau, fossile vivant
Honteux, vicieux, macabre ! Cachons nos restes !
Cachons nos visages de nos reflets !

L'espoir est une vague brume très loin
A travers la nuit, soldats, nous cherchons une lueur
Que jamais de repos nous avons trouvé
Et j'ai peur, peur de m’endormir…

A, E, C, D, B…Un fond confus de raison me gagne
Mes compagnons tombent comme des grêlons !
Et nos cœurs se tordent plus dans la douleur
Avançons ! Avançons ! Avant que nos têtes se tournent

Les images sont troubles ! Elles nous échappent
Et mes doigts tendus vers l'avant, mes membres
Touchent ce que mes yeux ne voient plus depuis fort longtemps
Puisse mon cœur se consoler de pensées douces, puissants calmants

C'est un honneur ! Mourir dans la bataille !
Abrutissons-nous un peu plus !
Et le désastre, le fléau nous embrasse avec ardeur
Oh Mort ! Viens et je te céderai ma vie
Jamais, jamais je ne jouirai d'un si grand bonheur

Les larmes ont lavé mon visage à grande eau
Quand au bout du chemin, une mine a frôlé mon pied
Et prise de pitié ! Cette s***** a daigné me regarder
J'aurai tenu jusqu'à te séduire.

Marchant sous les disputes des armes
Je pousse mes restes toujours en avant
Marchant sous les blessures de la patrie
Honte d’avouer que j’espère y passer