van2
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Posté le: Jeu Avr 05, 2007 18:09 pm Sujet du message: La femme-objet de la pornographie
La femme est-elle réellement traitée comme un objet par la
pornographie/l’érotisme (je vais pas distinguer les 2 notions: disons que
c’est une photo de femme toute nue) ?
Si oui, est-ce mal de traiter les gens comme objets ?
Si non, la pornographie c’est quoi et est-ce mal ?
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Marilyn
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Localisation: Ca dépend de quel sexe t'es.
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Posté le: Jeu Avr 05, 2007 18:10 pm Sujet du message:
Dans la pornographie oui,la femme est un objet.
Après dans l'érotisme je ne crois pas.
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Prométhée
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Posté le: Jeu Avr 05, 2007 18:23 pm Sujet du message:
C'est marrant ça... T'as jamais considéré les passants d'une rue comme des
objets? Et tes amis comme des êtres humains? N'est pas objet ce que l'on ne
connaît pas de l'intérieur?(je parle d'objet-humain). Quand je prends le
métro, j'ai toujours l'impression de croiser une masse compacte à laquelle
je suis indifférent, des sortes d'automates avec une destination précise,
une fonction précise, un but précis. C'est quand je parle avec la personne
qu'elle prend de l'importance alors. J'oublie qu'elles ont une conscience.
La pornographie serait donc considéré la femme comme un objet, c'est à dire
comme une personne sans conscience, un corps, un automate avec une fonction et
un but précis.
N'est-ce pas d'ailleurs le fait de mettre une conscience derrière ces corps
nus qui poussent certains à se dire, par instinct de compassion: 'quelle
souffrance doit endurer cette personne, traitée ainsi'. Prendre conscience de
la conscience de l'autre, c'est ne plus en faire un objet.
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van2
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Posté le: Jeu Avr 05, 2007 19:28 pm Sujet du message:
Y’a différentes sortes de manière de traiter les objets (au sens de
choses) : choses utilisées, manipulées, prises…ou alors regardées.
Une photo de femme nue entre dans la deuxième catégorie.
Maintenant y’a regarder et regarder. Est-ce qu’un regard sans excitation
(et même certains regards artistiques) est supérieur au regard sexuel ?
Autre façon de traiter l’humain : ne même pas le traiter comme objet,
comme les passants dont parle Prométhée. L’indifférence.
Si l’on définit l’objet au sens de Prométhée (au sens disons de choses,
d’absence de conscience), est-ce que la pornographie/érotisme ne permet pas
d’approcher vachement plus de l’humain que de nombreuses attitudes envers
les êtres humains que sont l’indifférence envers les passants, le
conducteur du bus, les caissières pas sexys, les gens qui sont dans
d’autres pays etc…
Est-ce que la photo d’une femme nue ne laisse pas elle entrevoir la
conscience (au contraire de la photo de ses enfants que quelqu’un me montre
et dont je me fou complètement).
Les féministes qui ralent contre la pornographie semblent lui repprocher de
donner une image de la femme disponible, soumise, à rapprocher de la femme au
foyer. Est-ce vraiment le cas ? Si oui, est-ce toujours un problème ?
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van2
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Posté le: Jeu Avr 05, 2007 19:52 pm Sujet du message:
van2 a
écrit: | Les féministes qui
ralent contre la pornographie semblent lui repprocher de donner une image de
la femme disponible, soumise, à rapprocher de la femme au foyer. Est-ce
vraiment le cas ? Si oui, est-ce toujours un problème
? |
J’ai trouvé un élément de réponse à ma propre question : la
pornographie est un problème si on ne montre que la femme dans des attitudes
« soumises », d’offre, de disponibilité, de même qu’on ne montre que
des femmes s’occupant de la vaisselle et des enfants.
Mais en ce cas pourquoi repprocher quelque chose à la pornographie – autant
repprocher quelque chose aux enfants et à la vaisselle.
Précisons que dans tout ce que je dis, je pars de la présupposition d’une
femme pas timide posant volontairement pour la pornographie soft qu’est la
photo de nue féminin (voir même les sexys filles des pubs TV).
J’ai pas du tout pensé à la femme qui fait un boulot-qui l’écoeure pour
gagner sa croute (ce qui serait à rapprocher de la prostitution).
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Prométhée
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Posté le: Jeu Avr 05, 2007 21:44 pm Sujet du message:
Prostitution/pornographie, encore un problème plus compliqué. Déjà que ça
l'était...
' la pornographie est un problème si on ne montre que la femme dans des
attitudes « soumises », d’offre, de disponibilité, de même qu’on ne
montre que des femmes s’occupant de la vaisselle et des enfants. '
Ces catégories définissent un profil de la femme. Je pense, pour continuer
sur mon raisonnement, que mettre un profil sur une personne humaine en fait un
objet. Je ne mettrais moi-même aucun profil à ma personne, si je prends
conscience de la conscience des autres, je ne leur mets pas de profil non
plus. Souvent je juge les gens sur leurs chaussures. Je dresse un profil: j'en
fais une chose.
'Précisons que dans tout ce que je dis, je pars de la présupposition d’une
femme pas timide posant volontairement pour la pornographie'
Ceci limite bien le nombre de personne. Maintenant, est-ce un problème que la
femme soumise,...?
Je pense que là nous nous attaquons à la notion de liberté et d'égalité.
Ces notions sont dominantes pour notre siècle, il est normal (d'un point de
vue sociologique si je puis le dire) de reprocher la soumission et de
favoriser la liberté.
Maintenant, avec la femme timide et consentante que tu décrits, alors c'est
une forme de liberté. Mais je ne pense pas qu'elles soient toutes 'libres'.
'Est-ce que la photo d’une femme nue ne laisse pas elle entrevoir la
conscience'
Si tu cherches la conscience, alors tu humanises la photo et celà entraine
une certaine 'honte' à considérer cette personne comme un objet, honte suivi
d'une compassion pour sa situation.
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van2
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Posté le: Jeu Avr 05, 2007 22:42 pm Sujet du message:
J’aurais du distinguer dès le départ entre :
- la femme qui fait de la pornographie comme on se prostitue : pour gagner sa
vie comme on peut, avec une impression d’avilissement, de dégradation de sa
personnalité.
En ce cas, le client de cette pornographie est équivalent à un client de
prostituée.
- la femme qui fait un boulot qu’elle ne trouve pas dévalorisant, à
rapprocher du boulot de mannequin, voire d’actrice à la Sharon Stone.
L’image sexy, la mise en valeur purement physique de la femme. Ce que
rêvent de devenir les jeunes filles…
En ce cas, 2 problèmes se posent : la femme en particulier vue ainsi est-elle
traitée comme objet ; n’est-ce pas une nouvelle façon de montrer le sexe
féminin comme un être à la disposition, au service de l’homme.
Prométhée a
écrit: |
Si tu cherches la conscience, alors tu humanises la photo et celà entraine
une certaine 'honte' à considérer cette personne comme un objet, honte suivi
d'une compassion pour sa situation. |
Là je suis pas d’accord : indépendament de toute honte, je pense qu’on
ne peut voir une femme autrement qu’avec une conscience, une personnalité.
Mais encore faut-il une certaine attention ; et une attention érotique a en
ce cas un grand intérêt.
A comparer avec l’attention provoquée par quelqu’un qui vous adresse la
parole, parole qui peut être très banale (et moins spirituelle que le
physique d’une personne qui ne parle pas, mais qui même juste en photo et
nue trahit ou rappelle la personnalité et la conscience, surtout bien sûr
dans les traits du visage).
C’est sûr que si on compare cette attention à l’amour ou l’amitié,
c’est pas extraordinaire ; mais en fait nos rapports avec la très grande
majorité des gens, c’est essentiellement l’inattention, l’indifférence
; et tout ce qui contribue à diminuer cette inattention me paraît
intéressant.
|
Cioran
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Posté le: Ven Avr 06, 2007 11:47 am Sujet du message:
Citation: | La
femme est-elle réellement traitée comme un objet par la
pornographie/l’érotisme (je vais pas distinguer les 2 notions: disons que
c’est une photo de femme toute nue) ? |
Cela doit certainement dépendre de ce que considères être la femme ou
l'homme comme non-objet, comme individu. La pornographie se limite
généralement à montrer leur sexualité. On considère généralement que
dans ce genre de films, l'homme veut jouir et utilise la femme dans ce but. Si
dans une scène une femme veut prendre du plaisir et utilise un homme dans ce
but, il devient l'objet. Sauf que la pornographie est tournée dans la grande
majorité des cas par des hommes pour des hommes, qui placent les intentions
généralement du côté des hommes et la soumission du côté des femmes. Les
femmes sont choisies parce qu'elles plaisent aux hommes, et sont mises dans
des positions qui communemment sont plus masculines que féminines. Mais dans
la réalité, la femme est plutôt poussée/tenue à résister aux avances des
males. Une femme qui ne résiste jamais est alors considérée comme un objet,
d'autant plus qu'on ne voit jamais de scène ou la femme se rhabille dès
qu'elle a joui en laissant l'homme commeça, les scènes se terminent toujours
sur la jouissance de l'homme.
Citation: | Si
oui, est-ce mal de traiter les gens comme objets ? |
Dans la réalité ou dans le porno? Dans la réalité il est évident que ce
n'est pas moral.
Citation: | Si
non, la pornographie c’est quoi et est-ce mal ? |
La pronographie est la mise en scène de relations sexuelles. Est-ce mal est
une question difficile, d'autant plus qu'elle dépend du type de pornographie
dont on parle. Elle est nuisible, en tout cas, et ce pour tous les sexes. Elle
touche une fibre délicate qu'il est difficile de maitriser rationnellement.
Si regarder un film porno ne me semble pas fondamentalement néfaste, en
abuser, ou penser que la pornographie est un reflet de la réalité me parait
très néfaste au contraire. Elle donne un modèle de sexualité qui ne
reflète en rien la sexualité des individus, qui touchent juste au fantasmes
les plus individualistes des hommes. Si on vivait dans une société ou
c'était partout la grande baise et ou tout le monde niquait librement, elle
n'existerait même plus sous cette forme, seulement voilà elle est regardée
par des personnes qui ne vivent jamais ce qu'ils voient sur l'écran
(relations très diverses avec grande variété de partenaires). Bref, elle te
pousse à avoir envie de quelque chose qui ne t'arrivera probablement jamais,
et t'éloigne d'envies simples de choses qui t'arriveront probablement. Comme
c'est la principale source d'apprentissage sexuel, elle est dangereuse tant
ceux qui en abusent finissent par ne plus pouvoir imaginer une autre forme de
sexualité. En quelque sorte, sans volonté de sa part, elle instile l'idée
que le rapport sexuel est une fornication brutale entre un homme musclé au
gros pénis et une femme soumise avec des gros seins, qui se passe toujours
sans incidents et sur fond de petite musique ridicule, et qui s'achève dès
que l'homme a obtenu son plaisir. Cependant, elle peut aussi être un bienfait
contre ceux qui veulent limiter la sexualité à la procréation et nient
l'existence de fantasmes pour les femmes.
|
Méphistophélès
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Posté le: Ven Avr 06, 2007 17:43 pm Sujet du message:
Marrant, ce que tu dis à propos de ces objets animés que l'on croise dans la
rue n'est pas sans me rappeler l'une des nouvelles que j'ai écrite; en voici
un extrait:
Citation: | Le
chemin s’interrompt, les voici en plein cœur du complexe : une multitude de
formes marchant solennellement, obéissant à une logique inhumaine. La bête
– car ç’en est une - repose pesamment sur le sol, son souffle gronde, ses
membres frémissent selon l’inclinaison de la masse. Le long de ses bras
tentaculaires, de multiples aspérités se contractent et explosent à
intervalles réguliers. Mécaniquement, elles libèrent une foule opaque de
créatures inférieures, agitées de façon un peu vaine, le regard encore
empli des boyaux de leur géniteur. Figés et aveugles à la fois, offerts
tout entiers à leur destination ; ils s’entrecroisent eux aussi mais ne se
rencontrent jamais.
Extrait de l'Indicible - In cauda
venenum
|
Pour en revenir au débat, tout cela tombe plutôt bien, je suis justement en
train de terminer La philosophie dans le
boudoir de Donatien Alphonse François de Sade (affectueusement
surnommé "marquis de Sade"). Le temps de lire ce qui a été dit et je
viendrai ajouter mon grain de sel.
|
Prométhée
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Posté le: Ven Avr 06, 2007 18:18 pm Sujet du message:
La philosophie dans le boudoir, pour l'avoir lu, n'est pas un livre qui
s'applique au cas humain. Au fil des pages, je ne fais que constater que les
personnages de cette oeuvre ne sont pas humains.
Que ce soit leurs réactions, leurs démarches, leurs manières de faire les
choses, leurs longues dissertations, etc., par toutes ces caractéristiques
que tracent Sade au fil de la plume, on le voit dépeindre de jolies profils
qui ne peuvent ni être dit 'humains', ni être dit 'inhumains'.
C'est du moins ce que j'ai ressenti, et en conséquence, je n'utiliserais pas
ce livre de Sade pour parler d'humains. Ce livre de Sade aurait très bien pu
s'écrire sur la chasteté et la discipline, il aurait été tout autant
'chiant', tellement les personnages ne se définissent que par quelques
réflexes automatiques (en celà je préfère son livre 'Les infortunes de la
vertu', beaucoup plus recherché d'un point de vue philosophique et
érotique).
Van2:'Là je suis pas d’accord : indépendament de toute honte, je pense
qu’on ne peut voir une femme autrement qu’avec une conscience, une
personnalité.'
Tout a fait pas d'accord: Je vois sur de grandes affiches des femmes derrière
lesquelles je ne mets pas de conscience. Pour moi elles sont pareils qu'une
photo de vacances avec une plage blonde: Un objet sans conscience. (Pas toi?
Vois-tu toujours une femme avec une vie, une pensée,...?)
|
Méphistophélès
Suprème actif


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Posté le: Ven Avr 06, 2007 18:39 pm Sujet du message:
Il est évident que les personnages de La
philosophie dans le boudoir ne sont pas humains, et l'on ne leur
demande d'ailleurs pas de l'être: ce ne sont guère plus que des attributs
narrataires. Je pense que malgré les scènes pornographiques - qui n'ont pas
intrinsèquement un grand intérêt - et quelques arguments poussiéreux,
saugrenus qui jalonnent son livre, celui-ci mérite notre attention. J'irais
même jusqu'à dire que Sade, de mon humble point de vue, est le philosophe le
plus moderne et le plus novateur du siècle des Lumières. Il m'a beaucoup
inspiré. Je tire d'ailleurs de lui cette citation magnifique, extraite de
Dialogue entre un prêtre et un
moribond:
Citation: | "Tu
édifies, tu inventes, tu multiplies; moi je détruis, je
simplifie." |
Principe d'ailleurs vaguement repris par le Méphistophélès de Goethe, dans
Faust:
Citation: |
"Je suis l'esprit qui toujours nie; et c'est avec justice: car tout ce qui
existe merite d'être détruit, il serait donc mieux que rien n'existât.
Ainsi, tout ce que vous nommez péché, destruction, bref, ce qu’on entend
par mal, voilà mon élément." |
D'ailleurs si l'on veut lire Sade, que l'on se contente de lire les pages
80-81 de la Philosophie dans le boudoir
et l'on aura tout lu - ah ! je n'ai pas le courage de vous taper tout
cela à l'ordinateur, mes excuses.
|
Prométhée
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Posté le: Ven Avr 06, 2007 18:57 pm Sujet du message:
' est le philosophe le plus moderne et le plus novateur du siècle des
Lumières.'
Je suis tout à fait d'accord, et je m'insurge parfois de certains articles
que l'on peut lire dans les éditions spéciales sur les lumières. L'un d'eux
parle du combat entre lumière (Voltaire, Rousseau,...) et ombre (Sade,...).
Vraiment pas terrible comme article. Sade est pour moi une lumière.
Toujours est-il que dans son livre Sade est loin de son meilleur niveau. Je
l'ai trouvé pathétique. C'était un texte sans vie. C'est ce que je voulais
dire. J'ai déjà lu au moins trois bouquins de Sade, et celui-là m'a
réellement soûlé.
|
Méphistophélès
Suprème actif


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Posté le: Ven Avr 06, 2007 19:31 pm Sujet du message:
En tant qu'étudiant en philosophie, ceci est ton rayon bien plus que le mien:
dfe plus je n'ai lu de Sade que les deux livres suscités dans mon précédent
message, aussi je te crois sur parole.
Pour en revenir à cet article, l'opposition entre lumière et ombre est tout
à fait passable en effet... En revanche, dans le jargon littéraire du XVIII
on nomme "Basses Lumières" tout ce qui est pamphlets, ouvrages
pornographiques, vulgarisation des oeuvres des Lumières - ce sont d'ailleurs
ces Basses Lumières qui ont influencées la pensée populaire, les ouvrages
des Lumières étant trop couteux pour la majorité des Français de
l'époque.
Peut être cet article, par "ombre", faisait-il référence à ce genre de
littérature...
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van2
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Posté le: Ven Avr 06, 2007 20:09 pm Sujet du message:
Cioran a
écrit: |
Citation: | Si
oui, est-ce mal de traiter les gens comme objets ? |
Dans la réalité ou dans le porno? Dans la réalité il est évident que ce
n'est pas moral.
Citation: | Si
non, la pornographie c’est quoi et est-ce mal ? |
La pronographie est la mise en scène de relations sexuelles. Est-ce mal est
une question difficile, d'autant plus qu'elle dépend du type de pornographie
dont on parle. |
En fait je suis d’accord avec toi.
J’ai juste mal posé le problème au départ : j’avais en tête la photo
d’une fille nue (fait dans un but sexuel et non esthétique), vu que ça
fait très longtemps que j’ai pas vu de fim porno ou ait lu Sade (et dans
les 2 cas on ne m’y reprendra plus).
Et je réalise que c’est très différent du film pornographique : pas de
rapport de pouvoir, pas de manipulation ; c’est l’objet d’un regard et
pas d’une manipulation (pas de soumission, de viol ou de meurtre – c’est
ça Sade)
Et traiter une femme comme un objet visuellement me semble être bien
différent de traiter quelqu’un comme un objet en le manipulant ; et pas
forcement négatif ; disons que je pense que lorsqu’on rencontre certains
objets (comme une lettre ou un corps), on rencontre aussi un peu les
individus, par transparence, par association, ou autre chose.
|
Elissa
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Posté le: Ven Avr 06, 2007 20:21 pm Sujet du message:
Je m’incruste doucement et je rejoins l’avis de Cioran, la pornographie ne
reflète guère une vraie vie sexuelle, les vraies relations sexuelles elles
sont saintes, sereines, un acte noble d’amour qui se passe entre deux
"humains" qui ont la même place dans le couple personne n’est soumis,
chaque partenaire est l’objet de l’autre.
Ils sont en équivalence ...
Dernière édition par Elissa le Ven Avr 06, 2007 20:22 pm; édité 1 fois
|
Méphistophélès
Suprème actif


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Posté le: Ven Avr 06, 2007 20:21 pm Sujet du message:
Non, ce n'est pas ça, Sade, ou tout du moins ce n'est pas que ça: mais ce
genre de considération est hors sujet
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Prométhée
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Posté le: Ven Avr 06, 2007 22:44 pm Sujet du message:
Dernier hors sujet, pour apporter plus de précision à l'article du
Télérama numéro spéciale (j'ai du respect pour ce magazine d'habitude),
titre: Les forces de l'ombre. Sade est décrit comme un 'anti-lumière'
(propos recueillis mot pour mot) parce qu'il 'se pose en adversaire de leur
prétention à transformer, par l'éducation, tout homme en ami de
l'humanité'. Pour le rédacteur, les lumières= Rousseau, Voltaire, Holbach.
Bof Bof.
' En tant qu'étudiant en philosophie, ceci est ton rayon bien plus que le
mien:'
Non non, je n'étudie pas Sade pour la philo, ni Voltaire, ni Rousseau. Je
suis sûr que les connaissances que tu as à leur sujet sont les mêmes que
les miennes, ou du moins ne sont pas moins nombreuses que les miennes (ce qui
est mieux). Ma critique était plus littéraire que philosophique.
'disons que je pense que lorsqu’on rencontre certains objets (comme une
lettre ou un corps), on rencontre aussi un peu les individus, par
transparence, par association, ou autre chose.'
Pour moi le corps n'accompagne pas un nécessité de conscience derrière.
Sinon, nous serions sûr que les animaux ont une conscience. Je répète: 'Je
vois sur de grandes affiches des femmes derrière lesquelles je ne mets pas de
conscience.' En mets-tu une Van2? Vois-tu une conscience plutôt qu'un objet?
'les vraies relations sexuelles elles sont saintes, sereines, un acte noble
d’amour qui se passe entre deux "humains" qui ont la même place dans le
couple personne n’est soumis, chaque partenaire est l’objet de l’autre.
'
Le début est dans l'ordre de mes propos, prise en considération de la
personne en tant qu'être humain. La suite: Chaque partenaire est l'objet de
l'autre, c'est compliqué. Tu rajoutes sans doute une complication: As-tu
l'impression que ton partenaire est une affiche publicitaire?
|
van2
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Posté le: Sam Avr 07, 2007 00:06 am Sujet du message:
Je crois que c’est Justine que j’ai lu de Sade : je vois pas en quoi
c’est hors sujet quand on parle de pornographie.
En effet les philosophes des lumières c’est bof-bof : c’est moins
original que Nietzsche, Sade, Heidegger ; mais est-ce que le but du philosophe
c’est forcement l’originalité ; si la vérité est banale?
Pour répondre à Prométhée, je pense qu’en effet c’est pas possible de
s’attarder à un corps qui a un visage humain sans en même temps le
considérer plus ou moins comme une personnalité, une âme.
D’ailleurs le problème de la pornographie que décrit Cioran, c’est
qu’à mon avis la femme est souvent vue comme conscience à briser, comme
personnalité à soumettre, pas comme un bel objet (comme une fleur). Et
c’est peut-être pour cela que Sade (si je me souviens bien) ne tue que des
êtres humains, pas des choses comme des fleurs.
Pour Elissa : je suis pas trop d’accord ; parfois on tombe sur la «
matière » de l’autre ; mais est-ce grave ? De même que je ne pense pas
forcement à l’autre quand je dors ou prend mon petit déjeuner, je ne pense
pas vraiment à lui lorsque je vois ou j’utilise certaines parties de son
corps.
Et est-ce qu’une relation doit être forcement égalitaire?; on peut pas
être à genoux devant l’autre?; on peut traiter l’autre un peu comme une
matière, à sa demande ; la passivité de la caresse est-elle inférieure à
l’égalité d’un baiser où les deux participent ?; ou alors regarder la
nudité de l’autre ou d’autres beautés, n’est-ce pas parfois une
pornographie, qui ne dure pas, car on revient à l’âme après, et très
facilement ; une pornographie qui n’éloigne pas de l’âme comme par
exemple un boulot trop prenant.
|
papyseb
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Posté le: Sam Avr 07, 2007 00:46 am Sujet du message:
la "Femme objet" n'est pas un mal exclusivement present dans la pornographie
...
regardez la PUB !!!!
je trouve meme ça pire car la pub vise un plus large publique que le porno
|
Méphistophélès
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Posté le: Sam Avr 07, 2007 09:14 am Sujet du message:
Que dire ? Sur le point de la réification (l'opposée de la personnification:
le fait de transformer l'homme en objet) je partage tout à fait l'opinion de
Prométhée. D'ailleurs, je serais peut être plus radical dans mon propos. Il
me semble que, dans une certaine mesure, chaque homme considère être le seul
homme à exister réellement.
Je pense, j'éprouve, je souffre, je suis heureux ou malheureux, toute une vie
m'a précédé, une myriade de souvenirs, une pléthore d'impressions.
Cependant toutes ces choses qui font de moi un être sensible et foncièrement
individuel, je ne peux les percevoir chez autrui: je ne puis lire ses
pensées, revivre son passé, éprouver à sa place. En soi, si le langage
n'existait pas, que serait l'homme sinon un objet mouvant ? Une partie du
décor ?
Pour autant, le langage ne suffit pas à en faire un homme. Lorsque je
communique avec autrui, nous entrons tout deux dans une sphère de
compréhension symbolique: nous n'échangeons pas ce qui est au fond de nous,
nous n'exprimons que des banalités au travers d'une langue codifiée. Il me
semble qu'aussi complexe que soit cette langue, elle n'est jamais que des sons
porteurs de sens et ne peut en aucun cas exprimer la sensibilité d'un être.
Tout idiome est un bruit familier, compréhensible certes, mais inapte à
l'échange.
Enfin, réfléchissons: en quoi puis-je voir des alter ego dans ceux de mon
espèce qui m'entourent ? En soi, je ne les peux les considérer comme humain pour les raisons citées, il me faut
donc me forcer par la raison à les considérer comme tel, sans quoi je ne
pourrais m'imptégrer au sein de la société. Je considère donc qu'autrui
est comme moi, qu'il éprouve les même choses que moi, que son existence
est semblable à la mienne. Mais au
fond, de tout cela, je n'en sais rien. Je n'ai aucune preuve qu'autrui existe
et moi non, aucune preuve qu'il ne soit pas un songe, un objet, ou tout du
moins, un être inférieur à moi. Car je ne suis pas à la place d'autrui.
Voici un extrait d'une nouvelle que j'ai écrit sur le sujet:
Citation: | Il
s’avance d’un pas incertain alors qu’une multitude d’ombres mouvantes
défilent sous ses yeux.
Le plus souvent elles ne s’arrêtent pas, elle se contentent de passer, de
passer à travers lui, sans même le remarquer.
Lui-même les ignore tant elles sont froides et inexpressives.
Parfois – rarement pour tout dire – l’une d’entre elles s’immobilise
devant lui, assez prêt pour qu’il distingue un visage, des yeux, une
présence.
Il se dit que les ombres lui ressemblent mais elles ne sont pas comme lui pour
autant.
Il les touche, leur peau est chaude, leur poitrine se soulève, il y a quelque
chose à l’intérieur ; mais que reste t-il de tout cela quand elles
finissent par s’éloigner ?
Il lui arrive de voir leurs larmes alors même qu’il se sent d’humeur
joyeuse et insouciante.
Il lui arrive d’être triste tandis que les autres continuent leurs jeux
sans lui prêter la moindre attention.
Un monde les sépare.
Ils sont semblables aux meubles qui peuplent sa maison où aux pierres
tapissant le fond des rivières, ils ne sont pas réels, ils font parti du
rêve. Ce sont des choses
Extrait de l'Indicible - Mémoire d'un
fantasme
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