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El Desdi
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Message Posté le: Jeu Mar 08, 2007 03:38 am    Sujet du message: poster des nouvelles
je me demandais: on a le droit de poster des courtes nouvelles dans cette section?
ddchouette
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Message Posté le: Jeu Mar 08, 2007 07:25 am    Sujet du message:
je ne sais pas, mais c'est une super idée en tout cas !!! essaie, tu verras bien Laughing
El Desdi
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Message Posté le: Ven Mar 09, 2007 01:44 am    Sujet du message:
Bon bin je me lance alors (je crois que ya encore quelques fautes de frappe mais bon)

Le vert de ses yeux

CHAPITRE 1

Hachim courait, encore et encore, à travers l’obscurité de la forêt. C’était une nuit noire, sans lune, sans même une étoile ; et pour cause, il pleuvait, et de sombres nuages avaient assiégé le ciel. Hachim, dans sa course folle, voyait à peine les gouttes tomber autour de lui, tant la visibilité était réduite. Pourtant, il lui fallait courir, enjambant les souches, les troncs d’arbres renversés ; survolant les flaques de boue, parfois s’enfonçant jusqu’à la taille dans ces dernières, quand aucune autre alternative ne se présentait à lui. Ainsi, il filait à travers la nuit, à une vitesse folle, si vite, qu’on eût cru qu le danger qu’il semblait fuir était la Mort elle-même.
« Ils sont là. Je le sais. C’est moi qu’ils veulent. ». Hachim s’arrêta un instant pour reprendre son souffle, s’appuyant contre un arbre. Où était-il donc ? Il ne savait de ce lieu que ce qu’il en voyait : une forêt, mangée par l’obscurité, plongée dans le silence nocturne. Dans le tumulte de ses pensées quelques images lui revenaient maintenant : une pièce sombre, fermée d’une lourde porte blindée, une seule fenêtre –à barreaux. Une cellule, probablement la sienne. Puis le reste était plus confus, une explosion, des sirènes… des coups de feu… oui, il s’était évadé. Il jeta un œil sur sa tenue : un ensemble blanc, très serré, taché de boue et déchiré par endroits. Une camisole ? Cette cellule dont il se souvenait à peine, comme d’un rêve lointain, n’était donc pas celle d’un prisonnier- mais bel et bien celle d’un fou ? Il s’arrêta de penser. Dans la nuit quelque chose retint son attention. De l’obscur silence s’échappaient à intervalles réguliers des bruits sourds, accompagnés de petits craquements. Quelqu’un approchait :
« -Tiens tiens, tu as réussi à leur filer entre le doigts … une fois de plus ! C’est pour combien de temps cette fois-ci ? »
Une silhouette s’était arrêtée à quelques mètres de lui. Elle se tenait immobile, adossée à un arbre, les bras croisés. Une femme. Il ne savait d’elle que ses formes,seuls ses yeux, d’un vert vif, s’arrachaient à la pénombre.
« -Pourquoi cours tu ainsi ? Tu sais qu’ils te rattraperont… ».Hachim regarda derrière lui. En effet, il lui semblait distinguer au loin au milieu des arbres, quelques lueurs perdues dans la nuit. Elle reprit :
« -C’est donc ça ta vie ? Fuir, fuir le plus loin possible, fuir pour se faire attraper, fuir, et se faire enfermer ? » Hachim ne disait rien. Cette vie qu’on lui rappelait, ces souvenirs…tout cela lui semblait si lointain, qu’il les auraient cru être à quelqu’un d’autre, s’il n’y avait pas eu, sur lui, cette camisole en lambeaux, et devant lui, cette femme, cette inconnue qui pourtant s’adressait à lui comme on s’adresse à un proche. Peut-être était-il vraiment fou…
« -Chaque fois je te tends la main, chaque fois tu me tournes les dos. M’écouteras-tu seulement un jour ? ». Elle s’avançait vers lui désormais, d’un pas léger. Le vert de ses yeux voletait dans la nuit.
« -Tu ne dis rien ? Le silence, c’est donc tout ce que tu as à me donner, quand moi je t’offre la vie ? »
La pluie s’était arrêtée maintenant. Un pâle croissant de lune émergeait des nuages noirs, dissipant la pénombre, comme la brise matinale dissipe les feuilles mortes. Autour de son regard se dessinaient lentement les traits de son visage, à mesure qu’elle s’approchait de lui. Il y avait là dans ces traits quelque chose d’irréel, de mystérieux, sentiment renforcé par la douce clarté de ses yeux. Cependant ce visage lui était familier. Cette voix aussi d’ailleurs. Il sentait resurgir du fond de son âme comme une foule de souvenirs, flous et désordonnés, tous marqués de cette présence, de cette voix, de ce regard.
« -Mais enfin…mais qui es-tu ? »Il tressaillit. Avait-elle perçu dans sa voix le trouble qu’il tenté vainement de dissimuler dans la pénombre ? Il plaqua son corps tout entier contre l’arbre, tétanisé.
-Pourquoi t’interroges-tu sur mon identité, quand je suis là, devant toi, à te tendre la main ? »Elle s’arrêta, à quelques centimètres de lui seulement. Ils demeurèrent ainsi un instant, leurs visages face à face dans l’obscurité, leurs chaudes haleines s’entrecoupant par moments. Hachim ne savait plus que penser. Il avait peur, terriblement peur. Il avait en l’espace d’une nuit hérité d’une vie dans laquelle il ne se reconnaissait pas, une vie qui, de surplus, transpirer horriblement la Mort, comme si la nuit tout entière n’eût été qu’un sombre linceul. Et puis il y avait ce visage, cette voix, ce regard, tout lui était si familier chez cette femme, qui demeurait pourtant à son égard une inconnue. Elle approcha un peu plus son visage du sien :
« -Hachim, je suis morte maintenant, murmura-t-elle.
-Oui, tu es morte maintenant. »

CHAPITRE 2

Lorsqu’il rouvrit les yeux elle avait disparu. Au dessus de sa tête ce n’était plus le ciel noir mais le bas plafond poussiéreux de sa cellule, d’où tombait une lueur blafarde. Il était seul. La pièce était assez petite, et peu meublée : un lit, sur lequel il était assis, un petit buffet, à deux tiroirs, collé dans un angle de la cellule, et une table, placée juste devant l’unique fenêtre- à barreaux. Hachim s’assit à la table, sur laquelle une bougie achevait de se consumer. Ses yeux se posèrent sur une feuille, une lettre à demi déchirée, à côté de laquelle se trouvaient un encrier, renversé, et les morceaux d’une plume brisée. A son grand étonnement ce n’était pas son écriture sur la lettre, ce n’était pas ses mots, ses pensées. Il éprouvait une sensation étrange, il voyait les mots couchés sur le papier, il devinait du coin de l’œil des phrases, des interjections, des idées, mais à peine ses yeux essayaient-ils de saisir ces mots que ces derniers le fuyaient, leurs sens tout du moins. Toutes les nuances, toutes les couleurs s’éteignaient ; ce n’était plus des phrases, mais un manège virevoltant, un bal où les lettres dansaient, perdaient leur inertie pour se mouvoir à leur aise, disparaissaient, revenaient, s’associaient, comme mille fourmis en effervescence, s’éteignaient, puis s’illuminaient, et finalement se figeaient pour former un seul mot, un seul visage, un seul nom : Kayna. Il tressaillit. La porte s’était entrouverte, découvrant un long couloir noir, comme un long tunnel sans fin, le vide, un morceau de néant. Il quitta sa table et franchit le seuil de la cellule.
Un vent glacial soufflait dans le corridor noir, où des torches accrochées aux parois jetaient à intervalles réguliers leurs lueurs dansantes sur les murs décrépits. Le dur sol de pierre envoyait à chacun de ses pas l’écho se mourir dans les ténèbres ; aussi Hachim s’efforçait-il de marcher lentement, avec souplesse, espèrant ainsi maintenir un semblant de silence nécessaire à son évasion. Evasion, était-ce le bon mot ? On s’évade d’une prison. Or ces lieux n’avaient rien d’une prison. Il revoyait derrière lui, l’encadrement lumineux de la porte de sa cellule, la fenêtre, devant laquelle trônait la table, où la bougie demeurait éteinte, fumante sur son petit plateau recouvert de cire. Il allait reprendre sa marche quand quelque chose attira son attention : il était assez loin maintenant, mais il crut voir une silhouette, une ombre gesticuler sur le mur de sa cellule. Le mouvement s’arrêta, l’ombre s’immobilisa. Bizarre, il n’avait pas vu de mouche là-bas. Il reprit sa marche vers l’inconnu, serein, car il sentait dans son dos cette chaleur, cette intimité de la cellule du prisonnier, ces soirées, ces nuits passées à la lueur de la bougie, son petit chez soi, et il n’avait qu’à se retourner pour le retrouver. Le vent redoubla d’intensité. Il s’arrêta un instant et regarda de nouveau vers sa cellule. Stupeur ! , devant la fenêtre une ombre se tenait immobile : elle semblait regardait le paysage. Elle tenait entre ses mains un objet tranchant, une faucille, dont la lame aiguisée semblait absorber les moindres rayons de lumière, pour les renvoyer dans toutes les directions dans un halo surnaturel. Hachim demeura ainsi un moment, stupéfait devant cette apparition d’un autre monde, avant de s’élancer à toutes vitesse dans les ténèbres glacées. Déjà l’écho de son poursuivant le rattrapait.
Le corridor lui semblait interminable, seulement il n’avait d’autre choix que de poursuivre sa course, stimulé par l’extrême sentiment de peur et d’angoisse auquel il était sujet. Le doute se faisait de plus en plus grand dans son esprit à mesure qu’il avançait : ce couloir avait-il une fin ? « La fin de ce couloir, c’est la mienne pensa-t-il ». Il tressaillit. Et si sa course folle le menait à un cul-de-sac ? Il s’efforçait d’éloigner ses sombres pensées de son esprit : n’importe, il n’avait pas le choix.
Le couloir s’arrêtait ici, au pied de cette échelle de fer rouillée qui s’enfonçait plus haut dans la pénombre. Il jeta un œil derrière lui : à présent toutes torches étaient éteintes, seul un point lumineux scintillait au loin sur ce tableau noir. Il agrippa l’échelle et gravit les échelons quatre par quatre, souleva une petite trappe de bois léger, pour finalement arriver au centre d’une salle circulaire, où il retrouvait la même obscurité qui le poursuivait depuis le début de cette nuit cauchemardesque. Il referma la trappe, et y mit même, un peu naïvement, le verrou, sachant pertinemment que cette manœuvre désespérée lui ferait gagner au mieux quelques secondes sur son poursuivant- voire même en perdre. Sept portes se présentaient à lui, chacune surmontée d’une torche et d’un petit écriteau, sur lequel étaient gravées en lettres couleur sang des inscriptions latines. « De véritables catacombes » pensa-t-il. Et encore, nul doute qu’on y serait mieux accueilli. On donna deux gros coups dans la trappe ; au troisième le bois se fendit, laissant émerger la lame menaçante d’une faucille. Hachim s’engouffra sans réfléchir dans une des portes.
Il stoppa sa course quelques foulées plus loin. Plus aucune torche n’éclairait son chemin désormais, et il hésitait à aller plus loin. Il se remit en marche, très lentement cette fois-ci. Le bruit dans son dos d’une plaque de bois que le casse le pressa un peu plus : il s’agissait de s’enfoncer le plus loin possible dans l’obscurité, jusqu’à ce qu’il ne soit plus visible, de la salle circulaire où se tenait maintenant immobile l’ombre à la faucille. Hachim se colla contre la paroi humide et glacé, le visage ruisselant de sueur et de larmes : son cœur battait à tout rompre.
« -Tu ne pourras pas toujours retarder l’échéance, Hachim ».Sa voix résonnait sombre et grave sur les hautes parois de pierre. Il était dos à lui, les bras le long du corps, il s’appuyait légèrement sur la faucille, comme sur on s’appuie sur une canne :
« Il existe certaines prisons dont on ne peut s’évader… » Hachim hocha la tête dans le noir. Il s’évaderait.
« -Que par la Mort ! » Hachim tressaillit. Ces derniers mots lui révélaient une vérité qu’il n’osait s’avouer jusque là ; ce couloir dans lequel il se cachait, c’était le couloir de la Mort, de sa Mort, et cette ombre qui attendait là devant lui était son bourreau. Seulement quel crime avait-il commis pour qu’on lui enlève la vie ? L’ombre se retourna. Maintenant elle regardait vers Hachim, comme si malgré la distance elle eût senti la vie se terrait dans la pénombre. Elle leva les bras au ciel, et toutes les torches s’éteignirent dans un bruit de flamme que l’on souffle. Hachim était tétanisé, plaqué contre le mur comme il l’avait été plus tôt contre cet arbre dans la forêt. Il restait là de crainte qu’on ne le repère au bruit des ses pas : même son cœur lui semblait battre trop fort dans ce silence. Il devinait dans le noir comme mille épées de Damoclès, prêtent à lui trancher la gorge d’un même geste. On approchait, quelqu’un venait vers lui à pas lents. Lui, collé contre son mur attendait, comme l’accusé attend sa sentence, comme le condamné attend son déclin sur la place de Grève. Quelques pas encore, puis le silence, et la chaleur tranquille d’un corps à quelques centimètres de lui. De lueurs d’un vert vif s’allumèrent dans la nuit.
« -Tu es mortes maintenant, murmura Hachim
-Je suis morte maintenant ». Et les lueurs s’évanouirent…

CHAPITRE 3

Lorsqu’il rouvrit les yeux elle avait disparu. Autour de lui ce n’était plus l’obscurité, mais la chaleureuse clarté d’un soleil matinal d’été. Il était seul dans sa chambre allongé sur son lit deux- places ; une douce brise lui arrivait de l’unique fenêtre de la pièce- sans barreaux. Il se leva, et contempla la mer qui s’étendait, large et tranquille sous ses yeux encore ensommeillés. Quelle nuit tout de même ! Heureusement il faisait beau aujourd’hui : il irait faire quelques brasses après le déjeuner. Il enfila ses chaussons, et fila tout droit vers la cuisine où tasses, lait, beurre et confitures avaient été soigneusement été disposé par ses soins la veille, sur une large table en bois. Sa petite fille l’y attendait, tranquille, comme la mer. Elle tenait dans ses mains un vieil album photo.
« -Qu’est ce que tu fais de beau ma chérie ?!, lança-t-il le plus gaiement du monde ». Son regard s’illumina :
« Bonjour Papounet ! Je regardai des vieilles photos de toi et Maman…c’est dur… mais ça me fait beaucoup de bien. Hachim voulut lui adresser son plus beau sourire de Père, mais il n’obtint qu’un espèce de rictus, qui révélait bien comment il souffrait de tout cela. On ne force pas le bonheur.
«-Dis papa, elles datent de quand ces photos ? On dirait que les couleurs commencent à s’éteindre… ».Elle lui tendit la photo, laquelle il saisit fébrilement. Il l’examina un instant avant de déclarer gravement, avec toute la résignation d’une âme meurtrie en son cœur :
« Non ma chérie. C’est juste ses yeux. Ils ne brillent pas. » Elle le dévisagea, perplexe :
«- Comme en vrai ?
-Comme avant, répliqua-t-il . Car Maman est morte maintenant
-Oui tu as raison. Maman est morte maintenant. »
Tous deux baissèrent la tête, unis dans la douleur, le regard fixé sur la photo. Une dernière fois les yeux de la défunte scintillèrent de leur vert perçant, comme un adieu, puis s’éteignirent, à tout jamais.


El Desdichado




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