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Posté le: Mar Fév 27, 2007 22:15 pm Sujet du message: Pourquoi l’amour
Un chapeau noir et une classe inclassable.
La même musique berçait le corps de Jeanfrois toutes les nuits. Chaque soir
il allait se livrer aux femmes, à ces femmes qui l’adoraient aveuglément,
prête à tout pour goûter une goutte de son amour. Mais son nectar fruité
n’était pas éternel se plaisait-il à ajouter, le sourire au coin des
lèvres. Et ce fut vrai. Si vrai que ses cheveux commençaient à blanchir et
que sa peau devenait blême. Quelque chose avait changé, il ne savait pas
quoi. Les traits tirés il ouvrit les yeux un jour d’automne.
C’était navrant. Le pauvre Jeanfrois se leva un mardi, à 17 heures du soir
sans même se rappeler à quelle heure il s’eut couché. Dans un geste
désespéré il arracha les feuilles qui lui avaient poussé sur le haut du
front. Il se sentais las et n’avait même plus la force d’appeler la
concierge, qu’elle lui joue un morceau dont elle avait le secret. Il ne
voulait voir personne, les rideaux de sa chambre restaient fermés. Toujours
le même refrain pensait-il.
Il se rappelait certaines bribes, une voiture, des bouteilles et des filles…
beaucoup de filles. A cette vue tout redevint clair. Il arrivait presque à
voir les visages de ses débauches. Pourtant il manquait encore quelque chose,
pourquoi ce mal de tête, qui le suivait, comme un chien pervers jusqu’au
bout de la rue. Surtout dans les rues étroites.
Jeanfrois dégrafa sa chemise, il avait chaud et à peine le temps de se
reposer avant d’attaquer son enquête. Car toute une étude était
nécessaire pour connaître cette fille, elle lui parlait comme à ses
rideaux. Il alluma une cigarette et déboutonna son pantalon. Il faisait
chaud, ce soir là.
Plus Jeanfrois remontait dans sa mémoire, et plus la situation devenait
compliquée. Il se souvint qu’il avait raccompagné cette fille jusqu'à son
appartement, lui inculquer quelques politesses. Il se rappela ses dernières
paroles, une technique comme dans les films, qui expédie les filles hors du
ring, KO comme si elles venaient de recevoir un véritable coup de crosse à
travers la poire. Mais rien de plus. « Un dernier verre chez moi ? »
proposa-t-elle. Comment refuser une telle proposition. Jeanfrois allait enfin
mettre en pratique ce qu’il avait appris, et peut être, trouver ce qu’il
avait toujours cherché. Il était temps.
Sa besogne, qu’il traînait comme un boulet, enfin achevée, il enfila sa
veste et ses chaussures et s’en alla. Il faisait encore très chaud. Comme
si une chaleur avait envahis son corps et la pièce pendant qu’ils
s’occupaient à leurs affaires.
Par les fenêtres sifflait la ville et tous ses sons de la nuit.
Jeanfrois partis sur la pointe des doigts, prenant bien soin de ne rien
écraser sur son passage. Les escaliers descendaient et rien n’avait
changé. Alors, allongé au milieu de la rue, il se sentit faible, et perdant.
Soudain, « je t’aime », pensait-il. C’est impossible.
Les pistolets ont un goût de western.
La police enfonça la porte et découvrit l’horreur, l’étrange inconnu.
Là gisaient les corps des femmes disparues. Nues, elles étaient
enchevêtrées dans différentes positions, diverses et variées, exotiques et
corsées. Jamais on avait assisté à pareille scène. Les visages des trois
corps inertes étaient figés, un sentiment bizarre attaché sur leurs
bouches, leurs seins et dans leurs yeux, encore inconnu, paraît-il. A notre
époque.
Jeanfrois n’avait toujours pas percé le mystère.
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