Raksone
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Posté le: Lun Fév 12, 2007 22:27 pm Sujet du message: Philosophie politique
Pour les amateurs de philosophie politique :
Le fondement du pouvoir est-il religieux?
(C'est pas un devoir)
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uacuus
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Posté le: Lun Fév 12, 2007 22:33 pm Sujet du message:
Cette question va plus loin que la philosophie politique, il s'agit aussi
d'anthropologie.
En effet les rapports de domination s'observent chez les animaux. Pour que le
pouvoir humain soit d'origine religieuse il faudrait d'abord préciser en quoi
il se distingue des rapports de domination des animaux.
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Raksone
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Posté le: Lun Fév 12, 2007 22:45 pm Sujet du message:
En copiant le sujet je pensais surtout au fondement des premières sociétés
modernes, Rome par exemple qui à ses débuts était une monarchie, il y a
quelque chose d'analogue entre l'obéissance a(ux) dieu(x) et au monarque.
Mais peut être n'ai-je pas saisit toute la portée de la question.
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uacuus
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Posté le: Lun Fév 12, 2007 23:12 pm Sujet du message:
Le mythe de la fondation de Rome a été analysé par René Girard de la
manière suivante: Romulus fonde Rome sur le meurtre de Rémus, c'est le geste
sacrificiel qui fonde la cité. Ce geste de sacrifice est celui qui unit la
collectivité, il est par essence religieux.
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Prométhée
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Posté le: Lun Fév 12, 2007 23:29 pm Sujet du message: Re: Philosophie politique
Raksone a
écrit: |
Le fondement du pouvoir est-il religieux?
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Pouvoir et religion ne sont pas forcément assimilables d'un point de vue de
fondement en ce sens que voir dans la religion un acte instituant le pouvoir
présupose une sorte d'état religieux précédent toute forme de pouvoir.
Alors le pouvoir émergerait d'un acte religieux (comme celui de Romulus). Bon
sérieusement, je continuerais mon développement demain, la fatigue me monte
aux yeux lol.... (Complètement naze pour répondre, dix minutes que je glande
à réfléchir pour rien...lol)
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die69
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Posté le: Lun Fév 12, 2007 23:35 pm Sujet du message:
whaaa les topic
de malade ptdr !!
excusez moi ..........
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Prométhée
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Posté le: Mar Fév 13, 2007 14:48 pm Sujet du message:
Me revoilà en forme donc...
'Le fondement du pouvoir est-il religieux?'
Je vais utiliser une métaphore pour mettre en évidence selon moi le rapport
qu'entretiennent religion et pouvoir. La pouvoir est comme un bloc de marbre
sans forme et la religion, comme le ferait aussi bien la raison, viennent le
sculpter, lui donner une forme. La religion est la forme du pouvoir. Un
pouvoir sans forme n'existe pas. La religion tout comme la raison fixe les
lois avec lesquelles s'exerce le pouvoir. La forme (religieuse,
rationnelle,...) est la condition d'existence du pouvoir mais pas son
fondement. Un pouvoir s'accompagne toujours d'une forme.
Mais alors où trouver ce fondement?
Dans le contrat dise beaucoup. Mais celà implique qu'un beau jour, des
milliers de personnes se levant de beau matin se soient mis à contracter.
Pour justifier ce fait, les philosophes parlent d'un état de nature.
Moi je me demande tout simplement si le pouvoir a réellement un fondement.
Pour que ce soit le cas, voilà une démonstration par l'absurde, il serait
nécessaire d'envisager un état 'pré-pouvoir' ayant la particularité de
mettre l'homme dans un monde sans pouvoir extérieur au sien, un monde où
chaque homme est solitaire, indépendant, seul. Ta question ramène
directement à celle-ci:
L'homme est-il un être naturellement sociable??
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Cioran
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Posté le: Mar Fév 13, 2007 20:37 pm Sujet du message:
D'un point de vue anthropologique, l'homme est une bête sociale, hyper
sociale même, d'ou le niveau de développement de son langage(l'un entrainant
l'autre). Par contre au niveau du pouvoir, je ne pense pas que toutes les
formes de pouvoir soient contractuelles: il y a les hierarchies choisies et
les hierarchies imposées.
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Prométhée
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Posté le: Mar Fév 13, 2007 22:17 pm Sujet du message:
Dictature-démocratie (hierarchie imposée-choisie)... Il y a au moins un
philosophe qui base une hierarchie imposée sur le contrat (Hobes). Encore
qu'elle n'est pas imposée et celà il le prouve à partir d'un raisonnement
rationnel (et géométrique) sur l'état de nature, cet état pré-pouvoir.
Tu connais sans doute sa citation principale, l'homme est un loup pour
l'homme, dans l'état de nature. Et donc les hommes contractent pour leur
sécurité, et qu'importe le régime qui découle, il est incomparablement
meilleur que l'état de nature.
On peut donc faire beaucoup de chose avec le contrat et la raison....
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uacuus
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Posté le: Mer Fév 14, 2007 13:23 pm Sujet du message:
Prométhée a
écrit: | Me revoilà en forme
donc...
'Le fondement du pouvoir est-il religieux?'
La pouvoir est comme un bloc de marbre sans forme et la religion, comme le
ferait aussi bien la raison, viennent le sculpter, lui donner une forme. La
religion est la forme du pouvoir. Un pouvoir sans forme n'existe pas.
|
Si la religion est la forme du pouvoir, (ce dont je ne suis absolument pas
sûr) alors, les formes que prennent l'exercice des différents pouvoirs
aujourd'hui doivent pouvoir avoir quelquechose de sacré. Par exemple, la
manière dont un patron manifeste son pouvoir, par sa signature, ses ordres,
ses décisions, seraient des formes de rituel.
Donc "Apporte moi le café", qui est une formule manifestant le pouvoir,
serait une sorte d'expression religieuse.
J'avoue que je n'en suis pas vraiment convaincu.
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Prométhée
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Posté le: Mer Fév 14, 2007 17:21 pm Sujet du message:
Je n'associe pas le pouvoir uniquement à la forme religieuse, ''Apporte moi
le café' prend sa source d'un pouvoir de forme patronnalle (c'est bien mon
truc il marche à tout, c'est ce qu'on appelle de la casuistique, méthode
adorée des scolastiques...).
J'ai dit aussi que le pouvoir pouvait prendre une forme raisonnable,
n'associant plus ses lois à des révélations de dieu (les lois divines),
mais à des lois produites par la raison (un peu près nos lois actuelles en
somme.).
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Raksone
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Posté le: Mer Fév 14, 2007 23:16 pm Sujet du message:
Pour moi, le religion justifie même le fait du pouvoir en l'inscrivant dans
l'ordre du monde (ordre lui même garanti par les dogmes).
Le pouvoir politique réalise l'unification d'une multitude, il y a quelque
chose de religieux, ou tout du moins d'inspirer de la religion.
Dans certains régimes, l'origine divine du pouvoir fonde l'obéissance
religieuse de ceux qui sont soumis.
J'ai trouvé également un citation de l'abbé Maret "Auteur de la nature
humaine et de la société, Dieu veut le pouvoir, condition essentielle de
toute société. Le pouvoir est divin dans ce sens, et dans ce sens seul".
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Prométhée
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Posté le: Jeu Fév 15, 2007 15:16 pm Sujet du message:
Raksone a
écrit: |
Dans certains régimes, l'origine divine du pouvoir fonde l'obéissance
religieuse de ceux qui sont soumis.
|
De ceux qui s'y soumettent, sinon tu critiques un peu les théocraties.
Justement, l'obéissance des hommes à un pouvoir religieu se fait parce qu'il
y croit, parce qu'ils sont religieux. Maintenant, notre société étant le
'fruit' en quelque sorte du siècle des lumières, je me demande si nous
pourrions vivre nous sous un pouvoir religieux. Celà me semble difficilement
concevable, puisque nous vivons sous un pouvoir que j'ai qualifié de
rationnel. C'est donc non seulement une question de forme mais aussi une
question de qui se soumet à la forme.
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Raksone
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Posté le: Jeu Fév 15, 2007 16:41 pm Sujet du message:
C'est que tu restreints trop le mot "religieux" ou est-ce moi qui l'élargit,
mais une religion, je pense, peut ne pas être celle de la définition
première et du coup il devient possible d'ôter le rapport au sacré, à la
transcendance etc..
Le 19ème siècle avait quelque chose de religieux dans l'espoir commun, les
croyances communes que le peuple méttait en la science.
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Prométhée
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Posté le: Jeu Fév 15, 2007 16:45 pm Sujet du message:
A yes, je te suis. Transfert de sacré. Le sacré passe de la religion à la
science (on l'a bien vu avec Comte: Le positivisme et la phrase très
révélatrice de ton raisonnement: faire de la science un religion).
Effectivement, là, no comment, entièrement d'accord. C'est la même chose
par exemple de sacraliser la liberté, l'égalité,... Des concepts en
lesquelles on croit!
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uacuus
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Posté le: Sam Fév 17, 2007 10:33 am Sujet du message:
Je ne suis pas d'accord avec vous, on ne peut pas faire de la religion un
fourre-tout qui finit par ne plus rien signifier à force d'embrasser des
phénomènes trop divergents. On ne rend pas de culte à la liberté et à
l'égalite, on ne lui fait pas d'offrande, ni de sacrifice. Ce genre de
sacralisation des concepts a été tentée au XVIII° siecle, mais sans
succès. Ce mélange était inepte. Un concept ne peut pas être objet de
vénération, même sous forme d'allégorie. On se méprend sur la nature de
la divinité en voulant en faire des hypothèses ou des concepts. Les
divinités sont d'abord vues comme des personnes. Les premiers cultes sont
adressés aux ancêtres, aux morts. Il s'agit d'abord donc de personnes.
Mais la question de départ porte sur le "fondement"; l'existence aujourd'hui
d'un pouvoir non religieux n'invalide pas qu'à l'origine, le pouvoir soit
religieux.
Je ne pense pas qu'on puisse ramener le religieux à une forme de pouvoir.
Dans le religieux en effet, tout se base sur les rites, qui unissent la
communauté. Tel sacrifice est supposé influer sur telle divinité. Je ne
vois pas en quoi cette structure serait une mise en forme du pouvoir. Par
contre je peux concevoir qu'une forme de pouvoir puisse naître de ces cultes.
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Prométhée
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Posté le: Sam Fév 17, 2007 11:12 am Sujet du message:
Il n'est peut-être alors pas utile de rassembler pouvoir et religion mais de
les distinguer.... Et quant à la liberté, l'égalité..., ils sont devenus
tout de même des 'habitus', des entités auxquels nous tenons et que nous
respectons. DEvant nos écrans, ne nous insurgeons-nous pas quand notre sacré
liberté est bafouée dans des pays reculés....
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uacuus
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Posté le: Sam Fév 17, 2007 11:15 am Sujet du message:
Ce n'est pas pareil. Tout "habitus" toute valeur n'est pas d'essence
religieuse. En fait c'est le religieux qu'il s'agit de définir, et qu'on se
rend incapable de définir si on la mèle à tout (jugement de valeur, objet
de respect etc) Tu dis qu'il est utile de distinguer pouvoir et religion, je
suis d'accord. Comment les définis-tu? Je ne suis pas satisfait par ton
idée de religion "forme" d'un pouvoir. Tu dois pouvoir trouver une meilleure
distinction.
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Egill
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Posté le: Sam Fév 17, 2007 14:06 pm Sujet du message:
En effet je pense qu'il faut distinguer religion et croyance.
La majorité des gens aujourd'hui croient en des valeurs comme la liberté,
l'égalité, etc... sans trop savoir pourquoi. Beaucoup de gens ont appris à
admettre que ces valeurs sont les "bonnes", or ce n'est pour beaucoup que le
fruit de l'éducation et du contexte dans lequel nous vivons. Seules de rares
personnes se sont posé la question, c'est pourquoi ces valeurs sont pour moi
de l'ordre de la foi (au sens non-religieux du terme) pour la majorité des
gens.
Cependant, il fait differencier ces préjugés (démontrés par d'autres ou
non), et la religion qui est en plus un acte social (cultes, etc) comme l'a
précisé Uaccus.
Je vais maintenant exposer mon point de vue par rapport au sujet:
Les activités sociales sont anterieures à l'homo sapiens. Déja à l'état
de mammifère primitifs nous etions sociaux. L'état de nature décrit par
Rousseau (il me semble, et entre autres) n'a jamais existé pour les êtres
humains. De nombreux animaux ont également des activités sociales, des
rapports entre eux, et la "loi du plus fort" et également un acte social au
sein d'une même race animale (quand le plus fort ne tue pas l'autre pour le
manger). L'homme n'est jamais solitaire, indépendant, seul, car dès qu'il en
croise un autre, il y a un rapport, une hierarchisation, qui chez les animaux
s'expriment entre autre par des affrontements que même les humains
connaissent. Même si on pense les rapports humains plus évolués, ils sont
en fait une évolution des rituels animaux: ainsi par exemple le plus fort est
remplacé par le plus populaire. Il y a juste un changement en apparence mais
les règles restent (malheureusement, comme peu s'en aperçoivent) les
mêmes.
La religion est souvent la soumission envers des forces superieures à nous.
Pour moi, Dieu est tout simplement le "dominant des dominants, le chef de tout
les chefs", qui n'existe pas mais qu'on a réussi à inventer (grâce à notre
néo cortex, c'est pour ça que les animaux se contentent des dominants qui
existe, alors que nous avons nous même crée notre propre seigneur). La
religion est l'alliance des croyances et des activités sociales, le tout
régies par notre cerveau mammalien, tandis que la forme de la religion est
créee par notre néo-cortex.
Le fondement du pouvoir peut donc être religieux mais il est avant tout
naturel, car la religion est la reproduction sophistiquée de nos hierarchies
humaines (animales ?) naturelles, et que l'obeissance en des "dominants"
(existants ou inexistants) et également naturelle.
Enfin j'espère ne pas trop m'être égaré...
|
Raskolnikov
Petit nouveau

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Posté le: Sam Fév 17, 2007 21:40 pm Sujet du message:
Avant d'exposer mon point de vue, je tiens tout d'abord à définir les termes
importants de cette question. Ma réponse sera donc basée sur ces
définitions.
Il convient tout d'abord de s'intéroger sur le sens du mot "fondement". Deux
sens sont à différencier: le fondement dans le sens d'un élément
essentiel, d'une base (les fondements de la science) et le fondement dans le
sens d'une cause, d'une raison (Sa crainte est sans fondement). Si ces deux
définitions peuvent sembler proches au niveau du sens dans un premier temps,
il faut cependant noter que dans le premier cas, le pouvoir "utilise" la
religion pour assoir son autorité, pour se légitimer, ce qui ammène
logiquement à l'idée que le pouvoir existait déjà avant même la religion,
et qu'il n'a fait qu'utiliser la religion à son profit. Or, le second sens
suppose que la religion est la cause du pouvoir. Cette affirmation me semble
sans fondement, car comme vous l'avez très bien démontré, il existe bien
une forme de pouvoir plus naturel que le pouvoir religieux, le pouvoir qui
découle de la force naturelle par exemple "Les activités sociales sont
anterieures à l'homo sapiens. Déja à l'état de mammifère primitifs nous
etions sociaux" disait Egill, et je l'appuie tout à fait.
En politique, le pouvoir est la capacité à obtenir des choses et surtout des
individus qu'ils se comportent comme on le souhaite. Le pouvoir peut prendre
différentes formes. En politique toujours, il peut être:
-brut, sans bornes==> La tyranie, par exemple, mais ausssi le despotisme et
l'anarchie (paradoxalement): Les individus dominants utilisent la faculté de
contrainte qu'ils possèdent selon leur propre caprice, leurs propres
impulsions
-Maitrisé, institutionnalisé==> La monarchie, la démocratie. Le pouvoir
est canalisé, pour empêcher les abus du pouvoir. Ce sont des REGLES qui le
canalisent. Ces règles sont formelles, explicites: C'est la loi. Or, d'où
proviennent ces lois, qui apportent une nouvelle légitimité au pouvoir?
Elles peuvent provenir directement de la religion: les théocraties, où
encore en découler plus implicitement: notre société occidentale tant
imprégnée de la religion judéo-chrétienne a pendant longtemps basé ses
lois sur les grands prnicipes religieux, sans toutefois appliquer à la lettre
les textes sacrés. Enfin, elles peuvent être, et vous l'avez dit,
l'expression de la raison pure: c'est à mon avis le cas des lois sous
lesquelles nous vivons actuellement.
On remarque donc que le pouvoir est légitimé par différents moyens: La
force, la raison, la religion notamment... Mais je suis en retard! Je
reprendrais mon raisonement demain (si vous le voulez bien). D'ici là, bonne
soirée!
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