Le peuple Autochtone.


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Maggot
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Message Posté le: Lun Jan 29, 2007 00:44 am    Sujet du message: Le peuple Autochtone.
Citation:
À l'échelle nationale, 4,4 % de tous les Canadiens ont des ancêtres autochtones (aux États-Unis, ils ne représentent que 1 % de la population). Selon le gouvernement fédéral, la définition du terme autochtone est la suivante : un autochtone est une personne qui descend des premiers habitants de l'Amérique du Nord. Le terme « autochtone » ne désigne pas un seul groupe homogène. La population autochtone du Canada est ainsi divisée en trois groupes : les Indiens, les Métis et les Inuits. Il existe entre ces groupes des distinctions culturelles, linguistiques et géographiques. En fait, les peuples autochtones du Canada sont composés de communautés très riches et diversifiées.



NB : De nos jours, de nombreux autochtones préfèrent
être appelés membres des premières nations.





Les autochtones vivent-ils majoritairement dans les réserves ?
La majorité demeurent encore au sein d'une communauté, sur le territoire d'une réserve, mais les choses changent et de plus en plus d'individus et de familles choisissent de migrer vers les centres urbains, que ce soit de façon temporaire ou de façon permanente. En 1985, 29 % des Indiens inscrits vivaient hors des réserves. En 1991, ce sont 40 % des Indiens inscrits qui vivaient hors des réserves.


Le pays compte environ un million d’autochtones sur une population totale de plus de 30 millions d’habitants. Le Québec est proportionnellement la province dont la population autochtone est la moins nombreuse. On y trouve 11 nations autochtones, soit une nation inuite et dix nations indiennes, ce qui représente environ 70 000 personnes ou un peu moins de 1 % de la population québécoise. Ces populations se divisent en 43 communautés amérindiennes et 15 communautés inuites. De ce nombre de personnes, près de 18 000 résident à l’extérieur des réserves.
(Ces chiffres proviennent du gouvernement du Québec).


Carte des communautés autochtones du Québec



Environ 10 % des autochtones du pays vivent au Québec. Parmi ces personnes, 65 % vivent dans des réserves, un pourcentage plus élevé que la moyenne nationale.
La population inuite du Québec (8300 personnes) est la deuxième en importance au pays (données de 1996).


Les neuf communautés de la nation des Cris sont regroupées en association sous le nom de Grand Conseil des Cris du Québec. Elles ont pour nom : Chisasibi, Eastmain, Mistissini, Nemaska, Oujé-Bougoumou, Waskaganish, Waswanipi, Wemindji et Whapmagoostui.

La grande paix de Montréal a 300 ans
(Site des nouvelles de Radio-Canada, 4 août 2001)







Petit glossaire :

Première nation : Ce terme est entré dans l'usage dans les années 70 pour remplacer le mot « Indien », jugé négatif. De nombreux Indiens ont adopté cette expression pour remplacer celle de « bande ».


Réserve : Une réserve est un territoire que le gouvernement fédéral a désigné pour l'utilisation et l'occupation d'un groupe ou d'une bande autochtone.


Bande : Groupe d'autochtones pour lesquels des terres ont été réservées.

Indien inscrit : Personne indienne qui est inscrite selon la Loi sur les Indiens.

La Loi sur les Indiens : Cette loi fédérale canadienne a été promulguée à l'origine en 1876 et amendée pour la dernière fois en 1985. Elle établit certaines obligations du fédéral et régit la gestion des terres et des réserves. C-31, en 1985, a eu pour effet d'abolir certaines dispositions discriminatoires et injustes privant en particulier certains individus (et beaucoup de femmes) de leur statut d'indien.







Les autochtones du Québec et le gouvernement

TOUTES LES COMMUNAUTÉS AUTOCHTONES DU CANADA RELÈVENT DU FÉDÉRAL, SAUF LES CRIS, LES INUITS ET LES NASKAPIS, QUI SONT RÉGIS PAR LA CONVENTION DE LA BAIE-JAMES ET DU NORD QUÉBÉCOIS. Ces trois groupes représentent environ un tiers des autochtones du Québec.

Au niveau fédéral, la Loi sur les Indiens régit de nombreux aspects des rapports entre le gouvernement et les nations autochtones.


La Convention de la Baie-James et du Nord québécois a été signée en 1975 à la suite d'une entente entre les Cris et les Inuits d'une part, et le gouvernement du Québec d'autre part. La bande des Naskapis a suivi l'exemple des Cris et a négocié la Convention du Nord-Est québécois (CNEQ), signée le 31 janvier 1978. Cette convention modifiait la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. À l'origine de cette convention, on retrouve un conflit territorial. Le gouvernement libéral de Robert Bourassa avait annoncé son intention de procéder à des travaux d'aménagement de barrages hydroélectriques à la baie James en 1970. L'année suivante, en 1973, les Cris et les Inuits obtinrent une injonction dans un jugement célèbre du juge Albert Malouf, qui ordonnait à Hydro-Québec d'interrompre tous les travaux à la baie James. Ce jugement fut renversé une semaine plus tard par un jugement de la Cour supérieure, mais il avait convaincu le gouvernement Bourassa d'engager des négociations. Ce fut la première entente de revendication territoriale du genre à être signée au Canada. Elle avait le mérite de préciser les juridictions provinciales pour les Indiens de ces trois groupes. En vertu de la convention, en échange d'importantes concessions territoriales, les autochtones obtiennent des dédommagements ainsi que des droits et des pouvoirs.

La Convention de la Baie-James et du Nord québécois
Page du gouvernement fédéral



En 1985, l'Assemblée nationale du Québec adoptait une résolution reconnaissant aux peuples autochtones les droits suivants :


le droit à l'autonomie gouvernementale au sein du Québec;
le droit à leur culture, leur langue et leurs traditions;
le droit d'être propriétaires de leurs terres et de les contrôler, le droit de chasse, de pêche, de récolte et de participation à la gestion des ressources fauniques;
le droit de participer au développement économique du Québec et d'en bénéficier.





Les autochtones du Québec : l'importance de la jeunesse

La population autochtone est nettement plus jeune que la moyenne de la population canadienne et québécoise. La population des Indiens inscrits est très jeune, l'âge moyen étant de 25 ans au Canada, comparativement à 35 ans pour l'ensemble des Canadiens. Dans les réserves, 53 % des Indiens inscrits sont âgés de moins de 25 ans (1997).

La population autochtone connaît une croissance démographique presque deux fois plus rapide que celle de la population canadienne en général. En outre, près des deux tiers des autochtones ont moins de 30 ans, et environ un tiers des résidants des réserves ont moins de 15 ans. Pour relativiser les choses, cependant, les autochtones âgés de 15 ans ou moins ne représentent que 6 % de la population des jeunes du Canada.

Nous avons vu que la population autochtone est majoritairement composée de jeunes gens. Ceux qui devraient être l'avenir de leur peuple, porteurs d'espoir, sont dans bien des cas en proie à de graves problèmes. En fait, par la souffrance de leurs enfants, des communautés autochtones entières sont en péril.

Beaucoup d'enfants autochtones vivent et grandissent dans des conditions qui ont et continueront d'avoir de fâcheuses conséquences pour leur santé. On estime que la moitié d'entre eux (que ce soit dans les réserves ou hors réserve) subsistent plutôt qu'ils ne vivent, immergés dans la pauvreté. Ainsi, ces jeunes sont plus susceptibles de connaître des problèmes de santé chronique ou des troubles mentaux et affectifs. Lorsque l'on consulte les études effectuées sur la question, on constate que cette condition débute dès la petite enfance et ne fait que se perpétuer au fil des ans. Objectivement, davantage d'enfants autochtones que d'enfants non autochtones sont victimes de violence physique et sexuelle, se heurtent à des obstacles lorsqu'ils tentent d'atteindre un niveau de scolarité adéquat, sombrent dans la toxicomanie ou se suicident.





Des données :
Source : gouvernement du Canada


- Espérance de vie : L'espérance de vie des membres des premières nations est inférieure de six ans à la moyenne canadienne.
- Suicide : Le taux de suicide chez les jeunes autochtones est de cinq à huit fois supérieur à la moyenne nationale.
- Mortalité infantile : Le taux de mortalité infantile de la population autochtone est presque le double de la moyenne canadienne. (Le taux de mortalité infantile chez les nourrissons des premières nations est de 14 pour mille naissances vivantes, alors qu'il est de 7 pour mille chez les non-autochtones (1996).
- Les enfants et les adolescents autochtones présentent des taux plus élevés de blessures et de décès accidentels.
- Pauvreté : La majorité des autochtones atteignent à peine le seuil de pauvreté ou vivent en dessous.
- Chômage : Le taux de chômage des Canadiens autochtones est le double de celui des Canadiens non autochtones. Dans les réserves, le taux de chômage frôle les 29 %, soit presque le triple de la moyenne canadienne.
- Les taux d'échecs scolaires et de dépendance à l'égard de l'aide sociale sont plus élevés dans les collectivités des premières nations.
- Taux d'incarcération : Chez les autochtones, ce taux est de cinq à six fois supérieur à la moyenne nationale.





Suicide

Extrait d'une chanson du groupe Maten : Nuitsheuakanana (notre ami).
Notre ami, on s'en ennuie...
Notre ami, on le sent loin...
On perçoit notre ami dans nos rêves...
On évoque son image...
Et on le sentirait heureux...
On serait comblé de joie, s'il était parmi nous...

Suicide chez les autochtones, rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones :

Un extrait :
Bien que le taux réel de suicide soit sans doute plus élevé que ne l'indiquent les chiffres disponibles, la commission estime que le taux de suicide chez les autochtones, pour tous les groupes d'âge, est environ trois fois plus élevé que dans la population non autochtone. Elle fixe le taux de suicide chez les Indiens inscrits et chez les Inuits à respectivement 3,3 fois et 3,9 fois la moyenne nationale. Ce sont chez les adolescents et les jeunes adultes que les risques sont les plus élevés. Les cas de suicide chez les jeunes autochtones de 10 à 19 ans sont cinq à six fois plus nombreux que chez les non-autochtones du même âge; c'est toutefois entre 20 et 29 ans que l'on constate le taux le plus élevé de suicide chez les autochtones et les non-autochtones.






Le suicide se mesure en chiffres froids et objectifs, qui ne révèlent rien de la souffrance de ceux qui deviennent des statistiques compilées par des gouvernements : au niveau national, les autochtones se suicident, suivant les chiffres que l'on consulte, de trois à huit fois plus souvent que les autres. Chez les jeunes, c'est encore pire. Dans certaines communautés, les adolescents et jeunes adultes se tuent près de 20 fois plus que les autres Canadiens. À cela s'ajoute le problème de l'automutilation.

Alexandre Coocoo
(réserve Atikamek de Wemontacie) :
« Je ne me sentais pas bien... j'ai fait une tentative, ça n'a pas marché. La corde a pété... on ne voulait pas de moi en haut ».





Jean-Yves Assiniwi, négociateur fédéral, qui a perdu un fils :
« On se dit, chez les jeunes, ça ne vaut pas la peine, il n'y en a pas d'avenir ».


Cependant, toutes les communautés autochtones ne connaissent pas ce fléau; certaines en sont carrément exemptes, tandis que d'autres vivent une épidémie de suicide qui dure depuis des décennies. En fait, dans certaines communautés, comme par exemple chez les Cris du Québec, le taux de suicide est équivalent, voire inférieur, à la moyenne nationale. Réellement, au Québec, ce sont les Inuits, ainsi que les Innus, qui sont décimés par le suicide. Une étude effectuée par l'Association médicale canadienne (en l'an 2000), montre bien l'ampleur du désastre pour la communauté inuite, dont le taux de suicide est littéralement le plus élevé au monde :


Taux de suicide pour 100 000 personnes :
Québec : 9,2
Canada : 14
Cris du Nord du Québec : 12
Inuits du Nunavik : 211
(Chiffres pour l'an 2000)





Le docteur Pierre Gagné, directeur du Département de psychiatrie de l'Université de Sherbrooke et spécialiste de la question du suicide des jeunes, confirme que la situation est réellement catastrophique chez les Inuits du Québec. Dans les 15 principaux villages de la communauté, le suicide a augmenté de 6 à 7 % entre 1987 et 1991. Les candidats au suicide sont généralement de sexe masculin et beaucoup d'entre eux sont jeunes (entre 15 et 24 ans). Les jeunes gens sont ainsi fauchés dans la force de l'âge et ces décès en série laissent des cicatrices très profondes dans la communauté.

Pourquoi les jeunes Inuits se suicident-ils ainsi en si grand nombre ? Selon le docteur Gagné, cette communauté vit plus durement que d'autres le déracinement culturel et l'aliénation des jeunes générations par rapport aux précédentes.

Les Inuits du Nunavik
Page de l'émission Zone libre (Radio-Canada)

« Chez les Cris de la Baie-James, explique le docteur Gagné, on a pu se forger un sens de la communauté, né du besoin de se serrer les coudes dans les négociations avec le gouvernement. Le sens de la communauté est plus marqué. Ainsi, comme dans beaucoup de communautés rurales, là où le sens de la communauté est plus élevé, cela va mieux pour les jeunes. Chez les Inuits, ce n'est pas même chose. La situation est plus difficile. »

Le spécialiste ajoute que la détection des candidats au suicide semble ne pas être vraiment efficace chez les nations autochtones. « Contrairement à d'autres cultures, chez les autochtones, les facteurs de malaise entourant un suicide sont difficiles à déterminer, flous, ou du moins ils ne sont pas exprimés auprès des intervenants. » Le psychiatre constate ainsi l'échec de beaucoup d'interventions, peut-être aussi en raison du fossé culturel entre intervenants et jeunes autochtones.

Le docteur Gagné constate donc que beaucoup de programmes destinés à prévenir le suicide échouent. Selon lui, ces programmes cherchent en général à simplifier les paramètres pouvant être reliés aux tentatives de suicide pour les réduire à un facteur unique tel que la dépendance, la pauvreté ou la violence. Or, selon lui, ce qui pousse un jeune autochtone à s'enlever la vie est le résultat d'une équation complexe que l'on pourrait, par exemple, écrire comme suit :
vulnérabilité préexistante de l'individu + problème de dépendance + pauvreté + environnement difficile (froid, noirceur) + dépression + événement précipitant.

Pour le psychiatre, une aide efficace passe nécessairement par l'intégration de tous ces éléments.

Se méfier des chiffres
Par ailleurs, certains observateurs de la situation des peuples autochtones au Québec estiment que les statistiques liées au suicide sont trompeuses. Éric Gourdeau a un long passé aux Affaires autochtones du Québec. Il a en particulier servi comme secrétaire général associé au Secrétariat des activités gouvernementales en milieu amérindien et inuit (SAGMAI), sous René Lévesque, et il est l'auteur du livre La santé mentale et les autochtones du Québec. Il ne nie pas que le suicide soit un problème majeur chez les autochtones, mais il estime seulement que, vu le faible nombre de personnes concernées, les chiffres peuvent induire en erreur : « Si sur une communauté de 100 personnes un individu s'enlève la vie, en extrapolant, on arrive à un chiffre de 1000 morts pour 100 000 personnes, ce qui bien entendu ne correspond pas à la réalité ». D'autre part, comme le Dr Gagné, M. Gourdeau juge que les causes du suicide chez les autochtones sont complexes et mal comprises, et que la résolution du problème ne peut se faire qu'à l'intérieur de la communauté, par des membres de la communauté.

Les abus d'intoxicants sont fréquents, voire épidémiques dans les collectivités autochtones. Les médias rapportent souvent les événements les plus dramatiques liés à la consommation de stupéfiants, mais, pour utiliser le bon vieux cliché, de l'extérieur, nous ne faisons qu'apercevoir la minuscule partie émergée d'un gigantesque iceberg. Bon nombre de jeunes autochtones sont aux prises avec un problème aigu de dépendance, et les substances utilisées sont variées : alcool, cocaïne, héroïne, marijuana, tranquillisants, vapeurs d'essence...

La consommation excessive d'alcool est au moins aussi répandue que celle de stupéfiants et elle transcende les générations, tandis que la drogue est plus courante chez les jeunes. Une enquête nationale menée il a une dizaine d'années montre que 86 % des communautés autochtones jugeaient que la consommation excessive d'alcool était un problème grave dans leur sein.

Moins grave, mais tout de même très dommageable pour la santé, la dépendance à la cigarette. En 1999, le chef de l'Assemblée des premières nations, Phil Fontaine, brandissait un sondage montrant que 60 % des autochtones fument et que chez les 20-24 ans, 72 % s'adonnent au tabagisme.


NB : Il est difficile de mesurer l'ampleur du phénomène de dépendance chez les autochtones qui vivent en dehors des réserves, car il existe peu de données pour ces personnes, qui ne font qu'alimenter les statistiques concernant la population générale des toxicomanes.







Un syndrome particulièrement inquiétant : l'inhalation de vapeurs d'essence, de colle ou autres solvants. L'abus de solvants est un problème criant chez les peuples autochtones, et particulièrement chez les jeunes de 12 à 19 ans. « L'inhalation de vapeurs d'essence est à un stade épidémique chez les jeunes », écrivait en décembre 2000 le chef innu Peter Penashue. Une étude canadienne sur l'abus de solvants chez les enfants et les jeunes autochtones (2850 participants), effectuée dans 25 communautés autochtones du Manitoba et 70 écoles algonquines du Québec, donne une idée de l'ampleur du problème : 20 % des jeunes autochtones manitobains et 15 % des jeunes autochtones québécois ont indiqué qu'ils avaient essayé d'inhaler des solvants. Au Québec, 9 % avouaient être allés bien au-delà de l'expérimentation et faire un usage habituel de ces substances.

Selon une autre enquête, menée en milieu urbain cette fois, près de la moitié des usagers de solvants ont commencé à inhaler alors qu'ils avaient entre quatre et onze ans.
Or, inhaler de l'essence peut avoir des conséquences désastreuses sur l'organisme : parmi les effets relevés, des troubles respiratoires, des dérèglements du foie, des reins, du métabolisme et des électrolytes, des anomalies sanguines, des dommages au système nerveux central et périphérique. L'atrophie du cerveau et du cervelet peut être irréversible. Faut-il le préciser, cette pratique peut être mortelle.

Germain Hervieux, Maten (Montagnais) :
« J'prenais de la PCP comme je prends aujourd'hui... de la coke à 13 ans ».
Samuel Pinette, (Montagnais) :
« C'est le party icitte... on est pogné icitte pis on n'a pas d'activité... on a juste ça à faire, boire et consommer de la drogue ».



Certains membres des communautés autochtones en viennent aussi à critiquer des chefs de bandes et autres responsables qui eux-mêmes succombent à la dépendance tout en la dénonçant chez les plus jeunes. Le chef Matthew Coon Come s'est exprimé à ce sujet en mars 2001. « Nous devons nous reprendre en main », a-t-il déclaré. Ses propos lui ont valu la réprobation de certains chefs de l'Atlantique, qui les jugeaient sans fondement.

Le cas de Davis Inlet : Les Innus sont environ 1600 personnes qui vivent au centre du Labrador et sur la Côte-Nord du Québec, principalement dans deux collectivités, Davis Inlet et Sheshatshiu.

Des dizaines d'enfants de Davis Inlet ont recommencé à inhaler des vapeurs d'essence pendant le temps des fêtes (décembre 2001). Les jeunes, qui avaient été envoyés en cure de désintoxication à Saint-Jean pendant dix mois, sont retournés dans leur village avant Noël et ils ont repris leurs habitudes. Un psychologue accuse le gouvernement fédéral de ne pas avoir accordé suffisamment d'aide aux enfants et à leurs parents. Le chef, quant à lui, réclame l'ouverture d'un centre de désintoxication. Cette communauté de 600 personnes est ravagée par un grave problème d'alcoolisme et de toxicomanie. Pourtant, la communauté a tenté à maintes reprises d'obtenir une aide réellement efficace du fédéral. Par ailleurs, en 1998, le village avait tenté de bannir l'alcool et l'inhalation de vapeurs d'essence de son territoire.

Que ce soit une conséquence des difficultés évoquées plus haut ou que cela fasse simplement partie du cycle infernal, certaines communautés autochtones du Québec sont ravagées par les problèmes sociaux. On parle ici autant de violence domestique que d'agression sexuelle ou d'inceste, de grossesse chez les très jeunes femmes, et ainsi de suite.

Mary Coon, intervenante communautaire, Wemontacie (Atikamek) :
« La violence, il y en avait partout dans le village, de la violence dans les rues ».

Jefferey Ottawa, réserve de Manouane (Atikamek) :
« J'avais peur de ma mère... j'avais tout le temps peur de mes parents ».

Genny Moar : « J'ai souvent été punie. Je me faisais frapper par mon père avec la ceinture ».

Le problème de la violence familiale est très répandu. Selon des chiffres récents, 80 % des femmes vivant dans des réserves au Canada rapportent avoir été victimes de violence conjugale. L'inceste, un sujet tabou, est aussi un problème que de plus en plus de communautés choisissent de dénoncer. Des chiffres de Statistiques Canada pour l'an 2000 indiquent que chez les Inuits, par exemple, 53 % des infractions graves commises étaient de nature sexuelle.


« Non à l'inceste et aux agressions sexuelles ! », une marche dans la petite communauté de Puvirnituq.

Quand les jeunes autochtones quittent la réserve, ils et surtout elles se retrouvent parfois sans moyen de subsistance dans les centres urbains, et perdus, privés de repères et de soutient. Conséquence directe : certains tombent dans la prostitution.
Dans certaines grandes villes du Canada, jusqu'à 90 % des enfants et des adolescents qui se prostituent sont autochtones. Un rapport qui révèle la gravité de la situation a été compilé par deux femmes autochtones, Cherry Kingsley et Melanie Mark. Ces dernières ont consulté plus de 150 jeunes autochtones se livrant à la prostitution dans 22 communautés (en l'an 2000). Cette grande enquête a été parrainée par Aide à l'enfance Canada.

Extrait du rapport :
Des enfants autochtones se voient forcés de se prostituer... les mauvais traitements physiques et émotionnels, ainsi que les agressions sexuelles contribuent au problème, de même que le racisme, la toxicomanie et la pauvreté.

Le rapport préconise la mise en place d'une stratégie nationale, de concert avec les communautés autochtones.

Près d'un tiers (32 %) des enfants autochtones âgés de moins de 15 ans dans les familles de recensement vivent dans une famille monoparentale, soit deux fois le taux de la population totale. (1996)

COALITION CANADIENNE POUR LES DROITS DE L'ENFANT :
La Convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant : le Canada respecte-t-il ses engagements ? (extrait)
Le taux de handicap parmi les enfants autochtones est le double de la moyenne nationale. Les enfants autochtones sont plus susceptibles de connaître un échec scolaire que les autres enfants du Canada. Un nombre disproportionné d'enfants autochtones sont victimes de mauvais traitements et de négligence par rapport à leurs pairs non autochtones.

Quand on enlève sa culture à un peuple, qu'on lui impose les réserves, des lois spécifiques et une éducation différente dans des pensionnats éloignés, cela entraîne des frustrations immenses, qui dégénèrent en problèmes sociaux. »

— Michèle Audette, présidente de l'Association des femmes autochtones du Québec.

« Leur paradis sauvage peut se muer en prison. » (Marie-Claude Malboeuf, journaliste, extrait d'un reportage Vivre à Maliotenam, 2000)

Dans bien des cas, les autochtones retracent la source de leurs problèmes au déracinement, à l'aliénation par rapport à leur culture. Des groupes entiers ont été transplantés, souvent isolés, et le lien entre les générations a souvent été brisé; les plus jeunes, imprégnés de culture « moderne », ne comprennent plus les générations précédentes et ne savent plus ou se situer. Pour bien des parents, la jeune génération est aspirée, engloutie dans la culture canadienne et nord-américaine majoritaire, une culture qui pourtant refuse de les considérer comme des égaux.

Aussi, souvent évoqué comme une cicatrice importante : le séjour forcé de plusieurs générations d'autochtones dans les pensionnats dirigés par des Blancs. Entre 1950 et 1996, près de 100 000 enfants autochtones ont été placés et ce, souvent contre leur gré, dans des pensionnats autochtones dirigés par l'Église sous compétence fédérale. Aujourd'hui, des milliers d'entre eux réclament des dédommagements auprès d'Ottawa et de nombreuses églises canadiennes pour mauvais traitements physiques ou sexuels. Le total des poursuites : des milliards de dollars.

Dans bien des cas, ces anciens pensionnaires disent avoir transmis à leurs enfants la chaîne de la violence et, avec elle, celle de la dépendance et de la maladie mentale.

Au sujet des dédommagements :
- Le gouvernement fédéral et les congrégations religieuses ont tenté de trouver un terrain d'entente pour déterminer quelle part de responsabilité incombe à chacun.
- Ne voulant plus attendre, Ottawa a décidé en 2001 unilatéralement de payer 70 % des ententes conclues hors cours.
- Le gouvernement propose donc aux autochtones de réclamer les 30 % restant auprès des églises, sans savoir si elles accepteront.

Fondation autochtone de guérison
Énoncé de vision, de mission et de valeur (Extrait) :
Dans notre vision d’avenir, ceux qui ont été affectés par les abus sexuels et physiques subis dans les pensionnats ont confronté les expériences traumatisantes qu’ils ont vécues et ont guéri une grande partie de leurs blessures. Ils ont brisé le cycle des abus et ont développé, de manière significative, leurs capacités au niveau individuel, familial, communautaire et national, jetant ainsi les bases d’un plus grand bien-être pour eux-mêmes et les générations futures. Notre mission est d’appuyer les peuples autochtones et de les encourager à concevoir, développer et renforcer des démarches de guérison durables qui s’attaquent aux effets des abus sexuels et physiques subis dans les pensionnats, y compris les répercussions intergénérationnelles.

Extrait du Journal Le Devoir, 7 mai 2001 :
« Une “ Commission Vérité et Réconciliation ” pourrait-elle aider à guérir la blessure que des générations d'élèves autochtones ont subie dans des pensionnats religieux ? Mgr Desmond Tutu, qui a présidé une institution analogue en Afrique du Sud, pense que le Canada pourrait avantageusement y songer. »

Florent Vollant :
« Ça y allait, c'était à coups de poings même, je dirais... Ah, j'ai revolé, moi... alors t'as des tas de séquelles, c'est évident ».

Dans la petite réserve de Wemontacie, communauté Atikamek (au nord de La tuque), on évoque aussi ce lourd passé des pensionnats :
Alfred Birothé, devenu policier, rapporte avoir beaucoup souffert de cette privation de parents, de valeurs et de culture. De retour dans leur communauté, ces jeunes n'ont pas su s'intégrer, ni mener une vie normale, ni ensuite devenir des parents fonctionnels.

En 1999, une importante enquête médicale effectuée au Québec montrait que près de 80 % des autochtones croient que le retour aux valeurs traditionnelles serait une façon efficace d'améliorer la qualité de vie et la santé dans les communautés.



Le tableau brossé ci-dessus n'est guère rose. Cependant, dans les réserves comme en dehors, les autochtones accomplissent de grands progrès pour améliorer leur sort et celui de leurs enfants. Parfois seuls, parfois épaulés par les gouvernements, des individus et des communautés entières se prennent en main. Dans beaucoup d'endroits, on a levé la loi du silence et on commence à parler ouvertement de la violence et de la drogue, du suicide, un premier pas vers la guérison. Par exemple, les Atikameks de la réserve de Wemontacie ont mis sur pied une série de programmes d'aide qui a eu pour résultat de voir baisser la consommation de drogue et d'alcool de moitié au cours des dix dernières années, selon les responsables du conseil de bande.

« Les jeunes ne sont pas tous désespérés et suicidaires. Plusieurs ont le goût de retourner dans leur nation et d'y travailler. » - Michèle Audette




Quelques données :
(source : gouvernement du Canada)
La proportion d'enfants dans les réserves qui restent à l'école jusqu'en 12e année est passée d'environ 39 % en 1988-1989 à 75 % en 1997-1998. Le nombre d'Indiens inscrits et d'Inuits fréquentant les établissements post-secondaires a presque doublé entre 1988-1989 et 1997-1998, passant de 15 572 à 27 100.






Que font les gouvernements et les organismes subventionnés ?

Quelques initiatives :
Au fédéral : en 1998, le gouvernement du Canada dévoilait sa réponse à la Commission royale sur les peuples autochtones en proposant une approche politique globale et à long terme visant à améliorer la qualité de vie des peuples autochtones et à promouvoir leur autosuffisance. Sous le nom de Rassembler nos forces, cette initiative se veut une réponse aux problèmes des nations qui tombent sous sa juridiction.



Au Québec, un organisme a été mis sur pied : la Commission de la santé et des services sociaux des premières nations du Québec et du Labrador, qui a pour mission de promouvoir le mieux-être physique, mental, émotionnel et spirituel des peuples des premières nations par la promotion de programmes de santé et de services sociaux adaptés à la culture amérindienne. Son rôle est celui d'un conseiller technique et d'un défenseur des intérêts des communautés des premières nations et de l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador en matière de santé et de services sociaux.
Par ailleurs, la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord Québécois par la nation des Cris et celle des Inuits a entraîné la formation du Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie-James et de la Régie régionale de la santé du Nunavik. (source : La piste amérindienne).


Dans l'ensemble, on peut dire que les autochtones se plaignent du manque d'initiatives des différents paliers de gouvernement ou de leur incompréhension de la culture autochtone. Les ministères responsables, tant au fédéral qu'au provincial, se renvoient la balle et le manque de concertation ralentit la mise en place des projets et les rend lourds à gérer, dit-on. On reproche aussi aux gouvernements de ne pas inclure suffisamment les communautés dans les initiatives.

Souvent, ce sont les politiques fédérales qui sont mises en cause. Mais pas toujours : en 1999, la Commission de la santé et des services sociaux des premières nations et du Labrador dressait un tableau très sombre de la situation des autochtones du Québec. Ce même rapport indiquait que cette situation était le reflet du peu de ressources et de programmes adaptés à la culture et au mode de vie autochtones. La Commission montrait alors clairement du doigt le gouvernement provincial qui, par sa réforme du système de santé, a « retourné à domicile des patients gravement malades sans services adéquats ».

Dans le domaine de la violence familiale, par exemple, Michèle Audette, présidente de l'Association des femmes autochtones du Québec et membre du Conseil du statut de la femme, dénonce le manque de ressources accordées aux autochtones au sein des réserves.
Dans un article publié dans La Gazette des femmes (juillet-août 2001), Mme Audette déclare : « En milieu autochtone, les maisons d'hébergement pour femmes battues manquent d'argent. Les Québécoises blanches sont mieux loties : le budget de leurs refuges est de 220 000 dollars pour 9 à 16 places, alors que nos établissements disposent de 144 000 dollars pour plus de 16 places ».

Au-delà des failles des gouvernements, de plus en plus de voix s'élèvent dans les réserves pour une prise en main par la communauté elle-même. En février 2001, lors d'une conférence nationale sur la santé de l'Assemblée des premières nations, certains participants ont déclaré que les membres de la communauté se devaient de donner le bon exemple pour que les choses changent. Pour beaucoup de bandes, l'heure des choix est venue. Face aux problèmes criants de leurs jeunes, et en particulier face à l'épidémie de suicides, les bandes sont acculées au pied du mur. C'est la survie de leur nation qui est en jeu.

Depuis plusieurs années, on voit donc fleurir des initiatives visant à venir en aide à la jeunesse et à enrayer le trafic de drogue dans les réserves. Certaines de ces initiatives sont conjointes avec le gouvernement, d'autres sont le fruit de la communauté elle-même. Mais il est important de souligner que, pour qu'un projet donne des résultats, la communauté concernée doit être impliquée à tous les niveaux. Aussi, les différences culturelles entre les bandes autochtones sont telles qu'une initiative fructueuse pour un groupe ne sera pas forcément adaptée à un autre.

Sur cette question, Éric Gourdeau, auteur et ancien secrétaire général associé au Secrétariat des activités gouvernementales en milieu amérindien et inuit (SAGMAI) sous René Lévesque, se montre pessimiste quant à l'efficacité de toute initiative, tant et aussi longtemps que le vrai pouvoir de décision ne sera pas remis aux responsables de la communauté.

« Pour le moment, on donne aux chefs de l'argent, mais on ne leur donne pas réellement le pouvoir de décider des priorités. Chez les Blancs, il existe des conseils de santé mentale formés de travailleurs sociaux, d'intervenants, etc. Il faudrait un équivalent chez les autochtones. Actuellement, les intervenants sont seuls, ils n'ont pas d'endroit où diriger les jeunes en crise, ils ont peu de moyens et sont débordés. »

Le cas de l'échec des mesures prises pour venir en aide aux enfants de Davis Inlet illustre bien selon lui la difficulté de mettre en place des programmes efficaces. Les travailleurs sociaux qui ont œuvré dans un centre de désintoxication avec ces jeunes ont d'ailleurs dénoncé cet échec et réclamé une enquête. En ce sens, selon Éric Gourdeau, une entente telle que La paix des braves, conclue en octobre 2001 entre le gouvernement du Québec et les Cris (et signée le 7 février 2002) est un pas vers une véritable responsabilisation des communautés et leur émancipation du paternalisme gouvernemental. Selon lui, cette entente est importante parce que Québec y reconnaît que les autochtones sont les mieux placés pour gérer leurs affaires.

Octobre 2001 : le gouvernement du Québec a convenu d'une entente de principe avec les Cris sur l'aménagement de projets hydroélectriques à la Baie-James. L'entente permet l'exploitation des ressources naturelles du territoire de la Baie-James, notamment par la construction de barrages. Il est question de l'aménagement du projet hydroélectrique Eastmain-Rupert, un projet de 3,8 milliards de dollars. Ce projet de 1200 mégawatts permettrait de créer 8000 emplois, dont une partie serait réservée aux communautés cries, durement touchées par le chômage. En retour, les Cris toucheront un minimum de 3,5 milliards de dollars au cours des 50 prochaines années en guise de dédommagement.

Les Cris suspendent aussi tous leurs recours en justice contre le gouvernement, qui totalisent 3 milliards 600 millions.


Source: Radio-Canada.

Même l'état, le pouvoir, le dit la situation en ce moment. Et voir même que c'est pire. Après avoir lu ces articles, j'ai été époustouflé. Si vous voulez les liens menant vers les articles, c'est par la messagerie privée.

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Message Posté le: Lun Jan 29, 2007 01:05 am    Sujet du message:
je n'ai pas eu le courage de tout lire à L'heure qu'il se fait Embarassed Promi je le fait demain Wink

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