En compagnie du rien

Alexandre-le-très-petit · Posté le: Dim Déc 24, 2006 12:47 pm Sujet du message: En compagnie du rien

Je marche dans les ruelles fuyantes. Le pavé s’émiette peu à peu le long des portiques affamés. Sur chaque pierre, une femme ; sur chaque femme, des pierres. Plutôt qu’une nuit profonde et lourde, une tombée douce qui fond les lumières sur les ombres, une veillée à grands coups de pinceau s’étale sans bruit sur la ville mouvante. A travers les imperfections, l’espoir mord, par une coulée lente d’impatience, les chapeaux détraqués des passants et caresse les cuisses entremêlées des rêveuses. La pluie réchauffe ; la pluie embaume ces cœurs inattendus. Moi, parmi les solitudes, moi parmi le courant de terre lunaire, moi parmi la chaleur de l’étrange et de l’inhabituel, je me sens glisser.

Parfois, je ris aussi. Avec l’oiseau des beaux ponts, avec la buée des paroles vides. Parfois je ris avec le bois hermétique du banc, avec la croisée des regards du fou, avec la candeur des vieilles lumières. Et mon passage ne fait qu’un, dans la faim des ignorances papillonnaires, près du mélange abrupt du fleuve sale empli de plumes. Souvent l’on me croise sans piétiner mes tableaux, la révérence se courbe sous l’effervescence, malgré ma retenue méchante. On a voulu crisper la fanfare des voyelles malhabiles, sans pour autant les aimer dans leur couleur sans teinte.

Mais c’est ainsi que vous nous enfumez, avec tout le néant des rires. Nous, moi, les morceaux, les bribes, les étoffes, les bruits sourds, les marchands de lumière, les ailes, nous nous en moquons avec sincérité et amour, tant qu’il y a quelques gouttes de pluie d’arc en ciel.

Alexandre-le-très-petit · Posté le: Dim Déc 24, 2006 19:49 pm Sujet du message:

Je précise que ce texte n'est pas de la littérature, sinon de l'écriture poétique, ce que, finalement, je préfère faire.

Invité · Posté le: Lun Déc 25, 2006 15:34 pm Sujet du message:

Plus rimbaldien, tu meurs.

Charmant pastiche, même involontaire.

Alexandre-le-très-petit Actif Sexe: Age: 34 Inscrit le: 24 Jan 2006 Messages: 589 Localisation: Dans la coque du parapluie	Posté le: Dim Déc 24, 2006 12:47 pm Sujet du message: En compagnie du rien Je marche dans les ruelles fuyantes. Le pavé s’émiette peu à peu le long des portiques affamés. Sur chaque pierre, une femme ; sur chaque femme, des pierres. Plutôt qu’une nuit profonde et lourde, une tombée douce qui fond les lumières sur les ombres, une veillée à grands coups de pinceau s’étale sans bruit sur la ville mouvante. A travers les imperfections, l’espoir mord, par une coulée lente d’impatience, les chapeaux détraqués des passants et caresse les cuisses entremêlées des rêveuses. La pluie réchauffe ; la pluie embaume ces cœurs inattendus. Moi, parmi les solitudes, moi parmi le courant de terre lunaire, moi parmi la chaleur de l’étrange et de l’inhabituel, je me sens glisser. Parfois, je ris aussi. Avec l’oiseau des beaux ponts, avec la buée des paroles vides. Parfois je ris avec le bois hermétique du banc, avec la croisée des regards du fou, avec la candeur des vieilles lumières. Et mon passage ne fait qu’un, dans la faim des ignorances papillonnaires, près du mélange abrupt du fleuve sale empli de plumes. Souvent l’on me croise sans piétiner mes tableaux, la révérence se courbe sous l’effervescence, malgré ma retenue méchante. On a voulu crisper la fanfare des voyelles malhabiles, sans pour autant les aimer dans leur couleur sans teinte. Mais c’est ainsi que vous nous enfumez, avec tout le néant des rires. Nous, moi, les morceaux, les bribes, les étoffes, les bruits sourds, les marchands de lumière, les ailes, nous nous en moquons avec sincérité et amour, tant qu’il y a quelques gouttes de pluie d’arc en ciel.
Alexandre-le-très-petit Actif Sexe: Age: 34 Inscrit le: 24 Jan 2006 Messages: 589 Localisation: Dans la coque du parapluie	Posté le: Dim Déc 24, 2006 19:49 pm Sujet du message: Je précise que ce texte n'est pas de la littérature, sinon de l'écriture poétique, ce que, finalement, je préfère faire.
Invité	Posté le: Lun Déc 25, 2006 15:34 pm Sujet du message: Plus rimbaldien, tu meurs. Charmant pastiche, même involontaire.