Utopique
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Posté le: Lun Nov 06, 2006 19:49 pm Sujet du message: Le nihilisme, parlons-en !
Bonsoir,
Affectionnant particulièrement la philosophie de Nietzsche, il y a un point
polémique que je n'arrive pas à résoudre : le nihilisme!
Certes, je me suis centrée sur le nihilisme extatique et les étapes pour y
parvenir, mais une amie étant fermement persuadée que Nietzsche était
nihiliste, je commence à douter...
Personnellement, je trouve qu'affirmer ceci relève du paradoxe : alors que
Nietzsche a toujours été pour un dépassement du nihilisme et s'est
fermement opposé au nihilisme passif, comment pourrait-on penser qu'il
adhérait lui-même à cette doctrine? Par contre, je comprends très bien que
l'on puisse parler d'un nihilisme extatique nitzschéen, mais l'amie en
question parlait du contraire, selon elle Nietzsche serait un sceptique et,
par là même, un nihiliste (je n'ai par ailleurs pas bien compris comment
elle arriverait à rapprocher aussi hâtivement ces deux termes).
Si vous pouviez m'aider à comprendre cela (non à résoudre ce sujet très
polémique, mais à comprendre les raisons qui peuvent justifier la vision de
Nietzsche comme un nihiliste), je suis complètement perdue...
Merci à vous
Manon.
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Xénastre
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Posté le: Dim Nov 26, 2006 03:31 am Sujet du message:
J’entends par nihilisme la doctrine de la nullité de tout : la référence
littéraire en matière de nihilisme me semble l’Ecclésiaste (extrait de la
Bible) i.e. le célèbre « rien de nouveau sous le soleil, car tout est
vanité », que je pourrais plagier par : on crève de soif, donc on cherche
à boire, ensuite on a envie de pisser, puis on s’isole pour uriner afin de
se soulager : c’est bête, parce qu’on a perdu tout ce qu’on a bu, et on
n’a plus qu’à recommencer ! On crève de faim, alors on cherche à
manger, pour avoir envie de chier puis déféquer, c’est con, car on a perdu
tout ce qu’on a laborieusement mangé, en effet : rien de nouveau sous
l’anus, car tout est évacué !
Je rappelle que le nihilisme me désespère de ne trouver dans les dimensions
inobservables à mes sens, que l’antithèse des dimensions observables
(l’étant dû de l’étendue). Comment être encore matérialiste après la
découverte de l’antimatière – comble de nihilisme !
Le « rien de nouveau sous le soleil car tout est vanité » biblique, ou «
tout est effroyablement vain » (sic) est illustré par l’expérience de
mort. Qui disait que l’expérience de mort n’existait pas ?
L’expérience de mort, c’est lorsque nous perdons la foi. L’expérience
de mort – avec le dérèglement des sens qui l’accompagne, c’est aussi
d’éprouver dans l’horreur absolue, le contresens des sens qui
s’anéantissent mutuellement comme des antimatières les unes envers les
autres. Tiré de rien hors de rien (ex-nihilo) et certains sens ne deviennent
que l’antithèse d’autres – selon l’expression connue « entendre avec
les yeux et voir avec les oreilles » comme cela est éprouvant en tant
qu’angoisse, le prix à payer pour voir et entendre, comme si l’audition
devenait une anti-vision, et la vision une anti-audition, vision et audition
mutuellement anéanties lors de l’agonie mortelle. L’odorat et le goût
mutuellement anéantis dans le processus de putréfaction pestilentiel. Le
toucher anéanti par une faille mutilante et ténébreuse. Ce moment de penser
– qui disait que nous ne pensions pas encore ? – car c’est en corps
pansé ainsi précipité dans ces abîmes d’où personne ne remonte vivant.
La légende stipule qu’un homme a vaincu la mort, c’est Jésus-Christ –
mais si tôt évoqué, on m’accuserait de donner dans une bigote cagoterie.
Paradoxalement, évoquer l’expérience de mort, signifie que j’en sois
revenu. Mais je n’ai toujours pas surmonté cette douleur insurmontable :
surmonter le nihilisme, me semble l’impossible même ! Je ne crains pas
l’inconnu, ce dont je redoute le plus est de revivre ce genre d’horreur
où j’étais loque humaine agonisante, et fatalement l’expérience de mort
reviendra et je disparaîtrai cette fois à jamais pour toujours.
Tout le problème vient de là : nous sommes tirés de rien hors de rien (ex
nihilo) – et comment voulez-vous qu’on ne soit pas nihiliste si l’on
vient de rien ? Tu n’es que poussière et tu retourneras à la poussière
(sic). Alors s’il est vrai que « l’homme soit un néant » (sic), que
tout homme est nihiliste, le soi-disant nihiliste ne fait que de se
l’avouer.
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Xénastre
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Posté le: Dim Nov 26, 2006 04:24 am Sujet du message:
PS : le mythe du surhomme nietzschéen fut dévoyé, perverti lors de sa
récupération par le nazisme (cf. la photo célèbre d’Adolf Hitler devant
le buste de Nietzsche) – Frédéric lui-même vampirisé par sa sœur
antisémite. Alors n’était-ce pas également vanité que cela ? Et la
mondialisation actuelle n’est qu’un néonazisme opérationnel : cette
machine infernale…
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Xénastre
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Posté le: Sam Déc 02, 2006 14:43 pm Sujet du message:
Remarque : vous pouvez mettre mon nihilisme pessimiste sur le compte le ma
maladie (névrose, psychose), ainsi considérer justement que ce nihilisme
pessimiste n’a pas de valeur représentative d’ordre philosophique ni de
sagesse. Reconnaissant cela, je ne verrai pas d’inconvénient à ce que
certaines de mes intervention empoisonnantes, soient modérées (supprimés
par le modérateur).
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Utopique
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Posté le: Mar Déc 05, 2006 22:45 pm Sujet du message:
Merci beaucoup Xénastre pour ton aide et surtout pour ton avis personnel
Malheureusement, je viens à peine de voir ta réponse et mon exposé est
passé depuis une semaine (finalement, je m'en suis sortie seule en
approfondissant les étapes du nihilisme selon Nietzsche et suis arrivée à
me créer ma propre idée du nihilisme nietzschéen).
Pour poursuivre cette discussion et apporter une réponse personnelle à la
question, je dirai qu'au-delà d'avoir été falsifié par sa soeur (comme tu
l'as fort justement souligné ), la doctrine de Nietzsche concernant le nihilisme
extatique a trop souvent été galvaudée. En effet, elle qui se voulait être
un dépassement du nihilisme et non une
forme grossièrement dérivée a été à tort accusée d'être une forme plus
poussée de nihilisme... Foutaises! Après être devenu lion (nihilisme
actif), celui qui aspire au surhomme ne se contente pas de contempler
passivement la destruction des anciennes valeurs jugées décadentes mais
construit ses propres valeurs, c'est le devenir enfant. Et, selon moi,
l'interprétation de Nietzsche comme étant lui-même un nihiliste doit venir
du fait que l'on croit à tort que sa philosophie s'arrête à la destruction
des valeurs du passé, et non à la reconstruction de nouvelles, à une
transcendance de la vie et non à une passivité contemplative.
Encore une fois, merci beaucoup à toi d'avoir fait rebondir ma réflexion
Xénastre
Manon.
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Xénastre
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Posté le: Mer Déc 06, 2006 13:24 pm Sujet du message:
Nous pouvons voir ainsi comment l’opposition des valeurs est génératrice
de richesses, tant dans la diversité culturelle que technologique – parce
d’anciennes valeurs entrent en conflit avec d’autres « transvaluées »,
par exemple : avec l’ordinateur, la nature en tant que l’ensemble
mathématique des entiers naturels IN (échantillonnage sur le réel IR
construit à partir des parties de IN), cette nature IN devient le fruit
d’une culture (par l’invention des lois numériques), tandis qu’avec une
ancienne valeur, la culture est le fruit de la nature (adaptation à un
environnement). Suite à transvaluation, on peut considérer qu’une
adaptation à l’environnement Windows, Linus, Unix avec des logiciels et
leurs potentiels, tend à se substituer à l’adaptation à l’environnement
Terre, Mer, Atmosphère avec des logis dans le Ciel et son Pote en Ciel. Mais
les conflits (ex : nature / contre-nature) nous poussent à travailler, et ce
travail produit de l’entropie i.e. chaos, pollution, désordre – tant de
l’entropie informationnelle (fût-ce même par tout ce que je dis là) que
de l’entropie thermomécanique (fût-ce même par le biais de ma
consommation). Donc on peut autant culpabiliser de travailler que de ne pas
travailler, selon le jeu de valeurs considérées ; puis ces valeurs entrent
en conflit, produisent de la diversité, et cætera…
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Xénastre
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Posté le: Mer Déc 06, 2006 14:10 pm Sujet du message:
PS : Là où je suis pessimiste, c’est que la précarité occidentale
conjugue les inconvénients du darwinisme social i.e. la sélection des
meilleurs, avec les inconvénients de valeurs répressives i.e. la soumission
à Dieu. Mais Sœren Kierkegaard (existentialiste d’avant la
post-modernité) ou Frédéric Nietzsche s’accordent sur le fait de dire
qu’il ne faut pas être compatissant.
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