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Petit nouveau
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Posté le: Sam Oct 28, 2006 09:07 am Sujet du message: Voilà ma Dissertation...Dites moi ce que vous en pensez...!
INTRODUCTION :
Prenons une situation de la vie courante. Nous voilà dans un bar, avec des
amis, en train de discuter de l’actualité. Chacun d’entre nous va
successivement donner son avis sur la question. Cela peut prendre la ou les
forme(s) suivante(s) : " à mon avis… ", mais aussi " moi, je pense que…
", ou encore " mon opinion à moi, c’est que… ". Dans le langage courant,
penser et avoir une opinion, c’est, semble-t-il, la même chose. Il s’agit
d’une thèse que l’on soutient sur une question donnée, d’une
affirmation…
Pourtant, on sait que la philosophie, qui est une activité réflexive, qui
repose sur la pensée et qui prétend d’ailleurs nous apprendre à penser,
dévalorise l’opinion. L’activité même de penser se définit ainsi comme
une remise en question des opinions communes. Qu’est-ce en effet que
l’opinion commune ? Cette expression désigne nos idées les plus
évidentes, les plus répandues, sur une question. Ces idées, on y adhère
sans trop savoir pourquoi ; on peut y adhérer parce que, tout simplement, la
première personne à nous l’avoir communiquée, bénéficie pour nous
d’une grande autorité, est digne de confiance. Dans cet exemple, on voit
bien que l’origine de l’opinion n’est pas nécessairement une
réflexion, donc, la pensée !
N’y a-t-il donc pas par conséquent une différence fondamentale entre
penser et avoir une opinion ? L’opinion n’est-elle pas synonyme de
préjugé, d’idée qu’on a en nous et qu’on profère sans l’avoir
vérifiée, sans avoir vraiment réfléchi sur son bien-fondé ? Et la
pensée, au contraire, n’est-elle pas l’activité réflexive par
excellence ?
DEVELOPPEMENT :
Première partie : Penser et avoir une opinion paraît être, de toute
évidence, la même chose.
En effet, quand j’ai une opinion sur un sujet, par exemple, " les ovnis
n’existent pas ", c’est ma pensée, mon avis, sur ce sujet, que
j’énonce. Que veut-on dire précisément par ces termes, " émettre un avis
", " avoir une opinion ", " penser que " ? On entend par là ce que je crois,
ce que je juge, être vrai.
Mais pourquoi utilise-t-on les termes de " penser " et " avoir une opinion "
comme si c’était exactement la même chose ? Revenons sur notre exemple.
Avoir l’opinion selon laquelle les ovnis n’existent pas, cela revient à
dire : " JE soutiens que les ovnis n’existent pas ". L’opinion est donc,
au premier abord, un état de mon esprit. Or, penser ne fait-il pas partie des
activités d’un esprit, et cela, par définition ? En effet, si on peut dire
qu’un esprit a une pensée ou pense, on ne peut dire, semble-t-il, que la
matière, ou que mon corps, pense : c’est une question de définition. La
matière, ou le corps, a la propriété de se mouvoir, l’esprit, lui, a la
propriété de penser. C’est une autre manière de dire que seul un être
conscient peut avoir des opinions : quand je soutiens que les ovnis
n’existent pas, j’en ai conscience. Mon corps n’a pas conscience de
marcher et ne se prononce pas sur la difficulté que je rencontre
aujourd’hui à marcher, pour une raison ou une autre : c’est moi, être
conscient, doué d’un esprit, qui peux seul dire : " que c’est dur de
marcher aujourd’hui ! ". Pour pouvoir avoir une opinion, ou plutôt,
émettre une opinion, il faut donc être capable de savoir qu’il y a un
monde extérieur, et être capable d’émettre des choses à son propos. Seul
un sujet, une subjectivité, ie, un être capable de rapporter des choses à
soi-même (ses pensées, par opposition à ce qui existe en dehors de soi : la
couleur de cette chose), peut donc avoir des opinions. De même que seul un
sujet peut penser
Par conséquent, il ne semble pas y avoir de différence entre penser, et
avoir une opinion. Penser désigne en effet toute activité de l’esprit
(vouloir, imaginer, entendre, sentir, etc.). On peut ranger au sein de ces
activités de l’esprit, le fait d’opiner, puisque quand j’opine, je
montre que je suis bien un esprit, un sujet.
Seconde partie : Mais avoir une opinion, est-ce vraiment quelque chose de
conscient ?
Reprenons l’exemple de départ : " à mon avis, les ovnis n’existent pas
". Quand je dis cela, je m’adresse bien évidemment à quelqu’un :
émettre une opinion c’est bien partager son avis, ce qu’on pense sur un
sujet, avec quelqu’un. Or, il arrive souvent, notamment si votre
interlocuteur n’est pas de votre avis, qu’on vous rétorque : " mais
comment le sais-tu ? peux-tu me le prouver ? ". La réponse la plus courante
à ce genre de questions sera le recours à une autorité (la science ; les
médias, etc.). Qu’est-ce à dire ? Cela signifie que si vous affirmez que
quelque chose est vrai (ou faux), c’est très souvent par ouï-dire. Vous
l’avez lu dans un article de Science et Vie, ou bien c’est votre oncle,
professeur de science, qui vous l’a dit, ou bien encore c’est en accord
avec une certaine conception du monde, de ce que c’est vérifier un fait,
etc. (quand ce n’est pas : " mais tout le monde le sait, c’est une
évidence ! "). Ainsi, quand j’ai une opinion, je n’ai pas refait le
cheminement qui permettrait de s’assurer que c’est bien vrai. Je dis que
c’est vrai, ou que c’est faux, point. Cela peut d’ailleurs être le cas.
Mais pourquoi ça l’est, ce n’est pas moi tout seul, avec la seule
activité de mon esprit, la seule réflexion, qui l’ait trouvé.
On peut donc maintenant définir l’opinion, non plus seulement comme
émission d’un jugement tenant quelque chose pour vrai ou pour faux ; mais
aussi comme un jugement non réfléchi, non justifié.
Et qui dit non réfléchi, dit non conscient –certes, il peut bien y avoir
de la conscience sans réflexion, comme par exemple quand on regarde autour de
nous et qu’on a " immédiatement " conscience qu’il y a un monde, des
choses, des gens, autour de nous, mais il s’agit d’un niveau vraiment
très minimal de la conscience…- Ces jugements que sont les opinions sont
apparemment bien trop souvent des idées qui sont en nous à notre insu,
qu’on a reçues de notre éducation, de la société, des médias, de nos
amis, etc. Elles sont donc proches des phénomènes inconscients, et on aurait
alors peine à dire que avoir une opinion c’est penser…
Troisième partie : Ainsi, avoir une opinion s’oppose à l’activité de
réfléchir. Or, penser n’est-ce pas justement réfléchir ?
Qu’est-ce que réfléchir en effet? C’est se demander, justement, si nos
opinions, nos jugements immédiats, nos jugements tout faits (qu’on n’a
pas " faits " nous-mêmes !), sont fondés, s’ils vont vraiment de soi.
C’est faire retour sur nos jugements les plus immédiats et les plus
évidents en apparence. On aura reconnu ici la définition même de la
philosophie, telle qu’on la trouve par exemple chez Socrate. Penser c’est
prendre le temps de revenir sur ce qu’on croyait sans savoir pourquoi être
vrai ou faux, aller de soi. Ainsi Socrate passait son temps à demander aux
citoyens d’Athènes : " toi, qui te prétends artiste, sais-tu bien ce
qu’est l’art ? sais-tu bien ce qu’est la beauté ? ". Et à ces citoyens
qui lui citaient en guise de réponse des lieux communs, des idées reçues,
des exemples, Socrate de répondre : oui, O.K., tu me donnes un exemple de
chose belle, mais encore ? qu’est-ce qui fait que telle chose est belle et
que telle chose l’est aussi ? quelle est l’essence/ la définition de la
beauté ? Cette activité de remise en question, de réflexion, destinée à
éclaircir nos opinions, à démontrer ou justifier ce qui ne l’est pas,
c’est justement ce que les philosophes appellent penser. Penser est un acte
rigoureux, qui suppose un effort de l’esprit pour parvenir à la vérité.
Quand vous pensez que quelque chose est ou n’est pas tel, vous essayez
toujours de répondre à la question : pourquoi ? pourrais-je trouver un
contre-exemple ? ai-je vraiment raison, etc.
Ainsi, si l’opinion est souvent non démontrée, irréfléchie, il semble
bien que l’opinion soit par essence le contraire de la pensée, et la
pensée, le contraire de l’opinion. La pensée se pense comme remise en
question de nos opinions, qui, tant qu’on ne les pense pas, ne sont que des
préjugés.
CONCLUSION :
Ainsi, dans un premier temps, il nous a paru aller de soi que avoir une
opinion et penser, c’est la même chose, parce que tous deux relèvent de
l’activité d’un esprit. Pourtant, nous avons vu qu’en fait l’opinion
n’est pas une idée dont nous sommes l’entière origine, et qu’elle ne
peut par conséquent être une pensée véritable qu’à condition qu’on se
l’approprie, qu’on sache en donner les raisons. Penser c’est par
définition remettre en question, soumettre à l’examen… quoi ? nos
opinions, justement, qui, elles, sont des préjugés, des jugements sans
jugements, paradoxalement…
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