Sisyphe
De passage


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Posté le: Lun Oct 16, 2006 20:24 pm Sujet du message: Mégapole
Mégapole
Ces glaces cascadantes et colossales, ces mégalithes de marbre, avancent et
s’érigent dans des perspectives vertigineuses et solitaires, et projètent
leur ombre, grise et pesante, sur les parvis et les squares.
Des terrasses montées sur des pilotis de verre se répandent sur des hauteurs
qui se réculent, s’obliquent et s’entrechoquent. Des collisions se
dégage des portiques et des arches monumentales qui surplomblent un écheveau
d’allées et de boulevards.
Au centre, culmine un tertre d’or, d’où s’élancent en filigrane, des
esquisses de ponts graciles, à la course parabolique, qui enjambent des
pagodes et des dispensaires puis s’estompent derrière le bronze des statues
babyloniennes. Cà et là, des zones de verdures, étriquées, dégorgent leur
frondaison poussièreuse à l’embouchure des avenues. Au fond, des
chapîtaux de fortune, des manèges et des trétaux, éphémères et
précaires, s’éparpillent et se cachent, à l’abri exigu des phares
surélevés et des lanternes, et se cantonnent aux périphéries et aux
faubourgs. Plus loin encore, aux recoins les plus sombres des structures,
près des ordures, miniatures et en décrépitude, les bordels et les tavernes
qui se déhanchent sous l’œil mauvais des gargouilles.
— Un fatras d’étais et d’echafaudages. La réflexion des candelabres
aux environs des soupirails éclaire les strates suburbaines où s’abouche
un essaim de galeries et de conduites, qui relient, maintiennent et
nourrissent toutes les surfaces à tous les niveaux. Au coin, un Homme, le
visage sérieux, la lèvre fumante, brandit un fanion dans ses mains rouges.
Au nord, le port et l’industrie. Point d’ancrage des cargos du monde, le
port, aux immenses machoires qui menacent les houles. A travers le hublot, les
docks et les hangars débordant de containers, les cheminées rejetant des
brumes soufrées, s’étalent et se développent sur des quais et des rades
obscurcient de gaz et de métal. A côté, le banc de sable, cerclée de
falaises abruptes, criblée de carcasse rouillée, de détritus calcinés et
d’ossements qui affleurent…
Le taudis sur la colline au soleil, à l’est. L’amoncellement de boue et
de parpaing, la macération des rafistolages, des nattes et des latrines,
distillent et sécrètent des ruisseaux, des potions de reviviscence, qui
serpentent et ravinent les pentes puis s’amenuisent aux abords des
palissades du camp…
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