Sylvain Legrand
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Posté le: Dim Oct 01, 2006 18:16 pm Sujet du message: Route (prose)
La noire hébétude.
La morne hébétude.
La blanche hébétude.
Je la déteste. Point.
S’il faut commencer, ce sera par le bruit sourd et régulier. Mais s’il
faut bien commencer, ce seront quelques graviers, et mon souffle de feu. La
route. Celle ou l’amour s’en va devant la liberté : un lâcher de
pigeons, beau de loin, mais terrible de près.
Je m’égare ; il me faut revenir à la route. Je la vois, bordée de
ténèbres, abaisser le sol pour s’en aller à l’infini, loin des pensées
géniales et des maux concrets, loin de tout profil, sans cœur et sans odeur.
Humide et désirable, et me posant le vent contre la face. Il n’est pas
exaltant le cœur des autres. C’est une grande étendue, noire et
cloisonnée.
-Je désire tes mains pour soutenir mon bras, pas l’inverse. N’entretiens
pas de projets autres.
J’aurais du pleurer, crier, chanter, pas l’inverse. Elle avait des projets
tout autres. Je redoutais la route, aux paysages acérés, aux mains moites,
aux yeux délavés : nous sommes tous animaux. J’ai les mains droites, et
des yeux parsemés, je me voudrais féroce et félin, l’âme noire, et
l’hébétude en moins.
Le rugueux gracieux s’étale avec l’inharmonie des jours de fêtes. Je
sais où je vais, toutes les routes mènent au mur. Je me retrouve accablé,
foulant le goudron ; j’ai pris la mauvaise route vers l’infini.
Je ne suis pas l’étendue noire, juste les pointillés blancs.
La noire hébétude.
La morne hébétude.
La blanche hébétude.
Je l’aime. Mur.
S’il faut finir ce seront quelques graviers, et mon souffle de feu. Mais
s’il faut bien finir ; peut- être trouverai-je l’infini.
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Sylvain Legrand
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Posté le: Lun Oct 02, 2006 08:14 am Sujet du message:
???
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Marquise
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Posté le: Lun Oct 02, 2006 13:40 pm Sujet du message:
ça me plaît.
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jkounine
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Posté le: Mer Oct 04, 2006 05:32 am Sujet du message:
ouech cousin plok de la balle
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Sylvain Legrand
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Posté le: Mer Oct 04, 2006 14:05 pm Sujet du message:
salut
jkounine
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Méphistophélès
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Posté le: Mer Oct 04, 2006 16:47 pm Sujet du message:
Marant, j'aime bien le sujet.
J'ai d'ailleurs écrit une nouvelle qui s'y rapporte:
Citation: | "
[...] Il s'était enveloppé de son parka décoloré, avait descendu avec
indifférence l'escalier grinçant du vieil édifice et jeté un oeil à sa
montre. Au dehors un vent glacial balayait l'agglomération. Il entreprit de
resserrer le col de son vêtement – étouffant de la sorte le premier
frisson – puis referma la porte derrière lui.
D'un pas rapide, il trancha la semi obscurité d'un matin hésitant pour
remonter l'avenue déserte. Quel temps ! Visiblement le soleil ne daignerait
pas se lever, même les éléments étaient détraqués par ici. Pour tout
dire, ils semblaient ressentir comme tout un chacun - peut-être mieux encore
– cet étrange vague à l'âme profondément ancré dans le quotidien de
jours qui ne vivaient que pour se répéter. Cette impression sournoise,
creusée au fil d'années mornes et semblables les unes aux autres, gravée
dans ces tours grotesques, dans ces murs noircis par l'indifférence. Le
dialogue incohérent des jours ordinaires...
Il ne s'agissait là ni de peine, ni de tristesse, pas plus que de désespoir
à vrai dire. Les sentiments de cet ordre sont précieux car ils nous
rappellent que nous sommes vivants, que nous sommes des êtres infiniment
sensibles. Chaque douleur qu'ils nous inspirent ravive la flamme brûlant
intensément dans nos coeurs.
Non, ce n'était pas du désespoir mais une impression plus insidieuse: tout
devenait progressivement noir. On venait à se perdre dans la multitude
jusqu'à oublier qui l'on était. On dérivait encore plein d'espoir et de
crainte pour se fondre dans la puanteur informe de ces masses reluisantes.
N'être plus qu'une ombre... [...] "
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Extrait de la nouvelle: Vivre, le temps d'un sourire.
"Enterré, caché. Au plus profond d'une
terre moite et boueuse.
Creuser, s'enliser. Se noyer dans sa propre existence.
Disparaître, oublier. Le temps innonde les souvenirs."
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Sylvain Legrand
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Posté le: Mer Oct 04, 2006 19:13 pm Sujet du message:
vivement que tu sois édité sinon, merci pour l'analyse sur identité. J'y
ai pas répondu parce que c'était pas tout à fait ce que je voulais
exprimer, mais ton interprétation était très pertinente (au point que j'en
viens à me demander si tu n'aurais pas analysé la dynamique inconsciente de
mon texte.)
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