Aviam Errpeï
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Posté le: Ven Sep 29, 2006 13:22 pm Sujet du message: un truc en prose
La sensation, soudain, de partir dans toutes les directions, de rentrer dans
le monde, les veines agitées d’une implacable décision. Le cerveau cogne,
les neurones fourmillent de tellement de connexions nouvelles et évidentes.
Parfois, c’est ainsi qu’on acquiert une nouvelle dimension. Quand il n’y
a plus de sommeil. On pense à tout, on se replace dans la vie, on réétudie
son jeu en quelque sorte. Quelle immense ivresse, donner un éclairage vital
aux possibilités ! Le conscient s’est fortifié dans l’inconscient, la
poudre lunaire s’est envolée…
La vue dégagée de l’être humain qu’on peut accomplir est le plus beau
des panoramas ; prenez tous les belvédères de toutes les époques : pas un,
non, pas un ne propulsera les yeux d’un homme dans plus grande complétude
de la Nature.
L’homme. L’homme. L’homme.
L’espoir que l’on gagne quelques instants vaut toutes les déceptions du
monde.
On voit tant de chemins neufs, vierges d’erreurs, tant de pas, de liens ; la
chaleur de l’autre, non, pas la chair à canon.
Dans l’obscurité figurative du cœur, dans l’obscurité palpable de la
chambre, s’est produit l’implosion parfaite d’un but. D’un absolu.
Comment décrire cet accomplissement qui a décidé d’éclater ainsi, comme
le premier coup de tonnerre ? Ecrire pour écourter la distance.
Réfléchissant à sa vie, il a suivi le cours de pensées impersonnelles. Des
chemins de son existence enfin praticables, à portée de ses mains fébriles,
il a connu insolemment la route tracée pour le verbe ‘aimer’. Malgré son
inexpérience totale, la première impression de gestes et de paroles
nécessaires a fait infiniment plus qu’ouvrir une porte vers
l’appréhension de sa chair et de son intellect. La marque gravée à tout
jamais ce soir là a ouvert d’un coup toutes les portes et il a aperçu tous
les profils, toutes les tendresses, quand il pensait accéder à son air.
Ecrire pour les portes entrebâillées.
Mais il sait qu’à travers cette longue série d’écrits il ne regagnera
jamais l’essentiel. Déjà, des larmes sont pressenties. Et le son caverneux
de toutes les entrées qui se referment suivi de rien, s’échappant
inlassablement aux souvenirs. Après l’offrande, le retrait forcé. Ce stade
critique de l’éveil ne peut durer : il serait mortel. Ecrire jusqu’à
l’agonie.
Au nom de quoi poursuivre la lutte ?
La conscience partagée
Sous les étouffoirs du ciel.
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Méphistophélès
Suprème actif
Inscrit le: 10 Sep 2006
Messages: 4299
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Posté le: Ven Sep 29, 2006 18:24 pm Sujet du message:
Je trouve ce poème en prose splendide, tout simplement magnifique.
Les images sont bouleversantes, le style éblouissant, l'ambiance très
subtile.
J'adore.
PS: Et ces deux derniers vers sont divins.
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