Raksone
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Posté le: Mer Sep 27, 2006 09:41 am Sujet du message: Claude Simon
bonjour
j'ai un sujet à traiter il faut que je commente et que j'explique cette
phrase de Claude Simon:
"En fait ce que l'écriture nous narre se sont sa propre aventure et ses
sortilèges."
Je ne demande pas qu'on me fasse mon devoir étant donné que je l'ai déja
presque entièrement finit, mais si des personnes ont des idées je veux bien
que vous m'en fassiez part. Merci!
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Marquise
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Posté le: Mer Sep 27, 2006 10:18 am Sujet du message:
Eh bien, cela évoque Amélie Nothmob qui se qualifie de "graphomane"... De
nombreux écrivains se sont sentis "contraints" à l'écriture, jusqu'à s'en
imaginer esclaves.
Rainer Maria Rilke disait, dans ses Lettres à un jeune poète:"Avant toute
chose, demandez-vous, à l'heure la plus tranquille de la nuit: est-il
nécessaire que j'écrive? Creusez en vous-même en quête d'une réponse
profonde. Et si elle devait être positive, si vous étiez fondé à répondre
à cette question grave par un puissant et simple "je ne peux pas faire
autrement", construisez alors votre existence en fonction de cette
nécessité;"
(Lettres à un jeune poète, Rainer Maria Rilke, éditions Gallimard,
collection Poésie, 1993. - 27 p.)
Combien de poètes ont invoqué l'injonction des muses pour se mettre à
l'ouvrage! Musset, surtout, avec ses nuits...
Il faudrait peut-être aborder cette forme de soumission apparente à l'objet
qui donne à l'écriture, aux yeux de son serviteur désigné, une forme de
vie propre.
Car suivant le sujet proposé, c'est l"écriture qui narre... N'est-elle donc
pas un concept qui semble prendre vie sans l'intervention de l'homme, ou
presque? Et si elle est ainsi personnifiée, elle peut se permettre de ne plus
témogner de l'aventure humaine mais de sa propre aventure, à elle, de ses
figures de style, de ses mouvances, de ses changements... De ses "choix". Et
ses sortilèges, Rilke les dévoile vaguement: ils n'existeraient pas sans un
croyant pour les traquer et les subir... le lecteur ou l'écrivain?
...
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Quiddité
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Localisation: Sous la touche "Seth" ?
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Posté le: Mer Sep 27, 2006 10:29 am Sujet du message:
Pour les sortilèges, j'ai en tête une sorte d'alchimie littéraire, dont une
certaine forme occulte de la métaphore (et sans être in absentia
nécessairement ^^ ) et l'alambic précieux d'une considération métalittéraire,
souvent avec les décoctions intertextuelles.
Marquise étant experte en poésie, je laisse là le champ... pour considérer
que l'aventure en tant que "plot", qui n'est toujours le plot à suivre,
encore que c'est la tonalité plosive de la mémoire, n'est jamais sans
référence au processus de l'écrire, comme Shakespeare et ses conjoints (^^)
n'ont cessé de le faire. C'est du théâtre, mais "la langue est un théâtre
dont les mots sont les acteurs", comme on le sait si bien.
Et rapidement, promptement et énergiquement, et synthétiquement au possible,
j'ajoute aussi qu'il n'y aurait pas de littérature s'il n'y avait pas
d'autolittérature ; il faut bien croire encore que l'on s'écoute écrire
pour pouvoir écrire. Et comme je le disais, c'est avec le chant des autres
qu'on cultive son propre champ. Mais, franchement, y'en a qui ont leur propre
terreau, et n'importent ni les fraises du Liban, ni le compost à coup
d'orties prohibées.
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Méphistophélès
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Messages: 4299
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Posté le: Mer Sep 27, 2006 15:16 pm Sujet du message:
Comme ce que tu dis est joli, Marquise
"Ecrire, c'est faire voile en direction d'une île lointaine pour finalement
accoster sur une toute autre île."
Coelho
L'écriture à mon sens est une contrainte: il faut plier les idées de telles
sorte qu'elles rentrent dans ces formes géométriques triviales, à angle
droit ou arrondi que l'on appelle les mots.
Libre à chacun de sculter comme il l'entend la substance informe qu'il
extirpe de son cerveau: certains se servent du marteau et du burin - écrire
devient alors une lutte aussi impitoyable qu'exténuante - d'autre préfèrent
agir de manière plus subtile.
Une fois cette difficulté surmontée, les idées forment des phrases et les
phrases transpirent une atmosphère profondement singulière: cette
atmosphère est un fragment de notre personnalité, de notre être sur lequel
nous n'avons aucun contrôle; appellez le "âme" ou "style".
Les écrits sont transcendés mais l'auteur doit s'éffacer: on n'a qu'un seul
coeur et celui çi ne peut battre qu'à un seul rhytme, en un seul endroit.
Ainsi, je conçois que l'auteur puisse être esclave des mots comme l'homme
est esclave de son corps. La litterature manipule l'auteur et la ramène en
toute occasion à lui même.
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Invité
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Posté le: Mer Sep 27, 2006 15:30 pm Sujet du message:
attendez, claude simon est un nouveau romancier si je me souviens bien...
Donc toute la théorie de l'alchimie de l'écriture teintée de lyrisme est
alors du gros hors sujet puisque les nouveaux romanciers ont une vision
purement techniciste de l'écrit.
« Si [...] "artificiel" se dit aussi de quelque chose de "factice, fabriqué,
faux, imité, inventé, postiche", il vient tout de suite à l’esprit que
l’art, invention par excellence, factice aussi (du latin facere, "faire") et
donc fabriqué (mot auquel il conviendrait de restituer toute sa noblesse) est
par excellence imitation (ce qui postule bien évidemment le faux). Mais il
serait encore nécessaire de préciser la nature de cette imitation, car
l’art s’autogénère pour ainsi dire par imitation de lui-même : de même
que ce n’est pas le désir de reproduire la nature qui fait le peintre mais
la fascination du musée, de même c’est le désir d’écrire suscité par
la fascination de la chose écrite qui fait l’écrivain... »
dixit l'artiste lui même...
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Méphistophélès
Suprème actif
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Posté le: Mer Sep 27, 2006 16:14 pm Sujet du message:
Je ne peux comprendre ni partager cet engouement de plus en plus répendu qui
tend à classer chaque homme en fonction de certains de ses idéaux.
Juger est devenu synonime d'une simplifictation aberrante, chacun doit
s'identifier à une cathégorie arbitrairement pré-etablie et s'y conforter
en son entier jusqu'à régresser au stade d'allégorie populaire.
Du reste à ce sujet, les mots de Christian Yvon me reviennent en mémoire:
Citation: | Simplification...
-ication...
-tion...
Absence de simplification... |
Ainsi un "nouveau romancier" devrait necessairement avoir une vision bien
préçise, pour ne pas dire étroite, de son art; et cette vision lui est
imposée. Bref.
Si je ne m'abuse le texte de Claude Simon que tu nous presente là, Lilith,
porte sur deux points: l'art est une imitation engeandrée par l'homme; et le
désir de s'adonner à l'art nait de l'attrait que presente au yeux de
l'artiste l'oeuvre achevée.
En quoi ces deux affirmations démentent elles la difficulté pour l'écrivain
d'être maitre de son oeuvre ? Qui est hors sujet ici ?
En quoi l'art, ce que l'auteur qualifie d'artifiel et de factice en precisant
explicitement que le terme "factice" ne renvoi pas à "vide", dénué de
signification, mais à "frabriqué", "imité"; en quoi disais-je l'art devrait
il être purement technique et dénué de lyrisme ou de sensibilité ?
Comme je le disais, la téchnique pour l'ecrivain ce sont ces mots
géométriques et invariables, mais ceux çi n'ont de valeur que si assemblés
en phrases ils transmettent l'ambiance et la personnalité profonde de
l'artiste. La technique dans n'importe qu'elle art, de tout temps et même
pour nos "nouveaux romanciers" n'est qu'un moyen d'éxpression, un outil qu'il
faut mettre à contribution.
On ne construit pas un livre avec seulement de la technique, ils faut un fond
à lier à la forme, et je te mets en garde face aux contresens que tu fais
sur l'auteur.
"Que sétablisse entre deux idées un rapprochement inédit et et les choses
cessent d'être ce qu'elles sont. Saluez poètes, voici le Désordre."
Powels
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Invité
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Posté le: Mer Sep 27, 2006 18:16 pm Sujet du message:
je te comprend métempsychose, mais justement ce qui différencie les nouveaux
romanciers, c'est justement cette mise en valeur de la technique et non plus
du sujet du roman, de la psychologie des personnages et de l'implication de
l'auteur (Robbe Grillet & co), d'où le terme de "nouveau" roman --> tu
ne peux absolument pas l'analyser comme un roman traditionnel ! ce n'est pas
du tout le même système
et ça, je peux te le garantir ! ça n'a rien à voir avec une quelconque
envie de classer les gens...
Je fait partie du groupe de chercheurs dirigés par Jean Ricardou (théoricien
du Nouveau Roman) et j'assiste chaque été aux colloques de Cerisy (colloques
qui ont accueillis Simon et Robbe-Grillet) durant lesquels toutes ces
théories se sont développées. Donc, fais moi confiance, Simon parle bien
ici de techniques et de formalisme. Il n'y a pas de place pour le romantisme,
les sentiments, les sensations ou autres. Bien au contraire, les nouveaux
romanciers se battent contre l'illusion référentielle avec rage. Etre un
nouveau romancier n'est pas anodin, cela signifie avoir des positions bien
tranchées sur l'élaboration d'un roman, donc je ne "classe" pas les auteurs,
ce sont eux qui se différencient par leurs théories
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Méphistophélès
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Posté le: Mer Sep 27, 2006 18:34 pm Sujet du message:
Cela me semble bien singulier, mais sur la question tu es très certainement
mieux informée que moi, alors soit.
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Invité
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Posté le: Mer Sep 27, 2006 18:43 pm Sujet du message:
après, il est certain que la même phrase dans la bouche d'un poète pourrait
très bien être analysée comme vous l'avait fait plus haut. Mais pas chez
les nouveaux romanciers, c'est ce que je voulais dire. Mais il est vrai que
cette phrase peut porter à confusion
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Méphistophélès
Suprème actif
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Posté le: Mer Sep 27, 2006 18:50 pm Sujet du message:
En tout les cas l'analyse de la citation doit éclairé l'oeuvre de l'auteur,
por eso, eres tu el que tiene razon.
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Marquise
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Posté le: Jeu Sep 28, 2006 10:11 am Sujet du message:
Métempsychose a
écrit: | En tout les cas
l'analyse de la citation doit éclairé l'oeuvre de l'auteur, por eso, eres tu el que tiene
razon. |
C'est juste. Ne pas oublier l'implication personnelle, cependant, qui fait la
différence entre un travail scolaire et un travail plus personnel.
Il s'agit de ménager les deux positions: la figure imposée et la figure
libre, sans que l'une entrave l'autre mais en vérifiant que les deux servent
la même cause: répondre au problème posé.
En tout cas, il y a eu débats et travaux, c'était très intéressant!
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