L'indicible - La machine [Extrait]


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Méphistophélès
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Message Posté le: Sam Sep 23, 2006 11:26 am    Sujet du message: L'indicible - La machine [Extrait]
La Machine
Introduction


J'ai eu confirmation de la part d'un adminsitrateur: cette section peut également servir à la publication.
Neanmoins ce dernier m'a conseillé de faire court et je vais me plier à cet avis ô combien avisé en ne postant ici qu'une partie de ma nouvelle.

En premier lieu, quelques presentations d'usage. Cette nouvelle est la toute dernière d'un recueil que je suis en train d'élaborer traitant de "l'indicible". Le but de ce recueil est de decrire le monde d'une façon decalé, absurde, étrange.
De faire des hippothèses et jamais d'affirmations: "et si le monde était comme ça, que se passerait-t'il ?".
La nouvelle en elle même se nomme "La Machine", elle traite de la domination avec une certaine ironie, elle se moque des opprimés et condamne toute liberté.
L'homme quoi qu'il fasse est l'esclave de la Machine, mais qu'est-ce que la Machine sinon l'homme lui même ? Et si la Machine n'était qu'une illusion, serions nous toujours opprimé ?

En voici le début, les deux première pages.


Dernière édition par Méphistophélès le Sam Sep 23, 2006 11:30 am; édité 1 fois
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Message Posté le: Sam Sep 23, 2006 11:29 am    Sujet du message:
La Machine
Page 1 et 2


Comme chaque matin, Kryss s’habille en toute hâte puis rejoint la cuisine afin de se préparer un café bien chaud.

Sa tasse à la main, il entreprend alors de parcourir le petit jardin de la propriété en slalomant entre les nombreuses coquilles d’escargots. Du reste celles ci jalonnent le chemin dans un désordre proprement malsain, un désordre destiné sans l’ombre d’un doute à faire déraper la chaussure de la victime sur les fragiles carapaces de ses bourreaux. S’il parvient à traverser, il se précipitera sur son objectif puis refermera la porte du bureau derrière lui.
Dans le cas contraire il se verra dans l’obligation de faire demi tour et d’attendre le lendemain pour retenter sa chance.
Aujourd’hui est un jour particulier: aucun escargot ne manque à l’appel.

Kryss entre dans le bâtiment, s’assoit sur le fauteuil du bureau et contemple la machine qui lui fait face sans broncher.
Première étape : l’allumage.
Suite à un rapide examen, il remarque sur la tour un bouton correspondant à ce qu’il recherche.
Il appuie sur le bouton.
Aussitôt, la machine pousse un rugissement infernal, ses bras invisibles - soigneusement cachés sous sa carcasse de métal - s’agitent, tournoient ou se mettent à vibrer singulièrement.
Si la réaction est violente, la machine ne semble pas pour autant vouloir se tirer de son sommeil léthargique et l’écran reste noir.
Kryss presse de nouveau le bouton : encore les mêmes vibrations, les même tremblements, mais toujours pas de réponse.
Il s’obstine. Il appuie une troisième fois, puis une quatrième, une cinquième. Rien.
Passablement agacé, il lui faut pourtant se rendre à l’évidence, quelque chose ne va pas.

D’un geste rageur il tire sa chaise en arrière et se précipite sur le téléphone afin de décharger sa frustration sur les responsables de cet achat malheureux. Au passage, il vide d’une traite le contenu de sa tasse.
La machine semble réaliser soudain qu’il est dans son intérêt de coopérer, et sans aucune mise en garde, elle se met d’elle-même en marche.
L’écran, tel un phare, projette alors une lumière aveuglante qui vient gratter, heurter, balayer la pièce.
Surpris, Kryss lâche le combiné téléphonique qui vient s’écraser contre le sol. Faisant montre d’un superbe dédain à son égard, il reprend sa place sur la chaise, tout prêt de la machine, et contemple béatement les lumières colorées. Il ose à peine croire en sa réussite, il se permet même un léger sourire vainqueur, chose qu’il regrettera amèrement par la suite.
Déjà, une forme vaguement menaçante surgit des profondeurs d’un néant pixélisé comme pour le punir de son excès de confiance.
Une fenêtre cerclée d’une fine bande rouge vif n’annonçant rien de bon, occupe désormais une bonne part de l’écran.
Le cœur de Kryss fait un bond dans sa poitrine. Nerveusement, il rapproche son visage de l’écran afin de déchiffrer les caractères.
Il apprend ainsi que dans le but de parfaire la configuration globale, il lui fait au préalable redémarrer l’appareil.
Kryss n’est pas dupe, il sait qu’il vient de se faire piéger par la machine.

Sans qu’il ne puisse rien faire pour éviter le désastre, la machine pousse le vrombissement tant redouté, l’écran redevient noir, les fonctions ne répondent plus ; elle s’est éteinte.
Inutile de préciser qu’elle en omet le redémarrage…


Dernière édition par Méphistophélès le Sam Sep 23, 2006 11:32 am; édité 2 fois
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Message Posté le: Sam Sep 23, 2006 11:29 am    Sujet du message:
Cela fait partie du plan se dit alors Kryss tout en lui jetant un regard suspicieux.
La machine est capricieuse, mieux vaut ne pas la brusquer.
Puisqu’il lui faut tout reprendre à zéro, autant se montrer prudent cette fois ci.

Avec une infinie douceur il presse délicatement le bouton d’alimentation de la main gauche (pour la sixième fois maintenant) tout en caressant distraitement le clavier de la main droite en un geste qui se veut apaisant.
Il espère ainsi faire comprendre à la machine que ses intentions sont bonnes et qu’il souhaite repartir sur de meilleures bases.
Fort heureusement, cette dernière parait satisfaite de cet égard et se laisse manipuler sans opposer trop de résistance.
L’écran s’illumine pour la seconde fois et une nouvelle fenêtre jaillit de nul part.

Cette fois ci, on lui conseil vivement d’effectuer un test couleur puis de redémarrer pour valider les changements apportés.
Bien entendu, Kryss refuse poliment cette offre en cliquant sur l’option intitulée « non », ce à quoi la machine réplique en effectuant malgré tout le teste couleur.
L’écran clignote un instant puis elle redémarre laissant Kryss au bord du désespoir.
Point positif tout de même, l’opération s’effectue sans accroc, mais il a appris à se méfier des feintes que lui tend la machine : elle commence par lui fait croire que tout va bien, et une fois celui-ci rassuré elle lui assène un coup fatal.

Puisant en lui-même une patience qu’il n’aurait jamais soupçonné, il scrute l’écran à l’affût du moindre mouvement, guettant une hypothétique troisième fenêtre. S’il relâche son attention, alors la machine en profitera certainement pour lui envoyer n’importe quel prétexte pouvant justifier son redémarrage.

Les minutes s’écoulent avec une lenteur inimaginable, Kryss se décide enfin à lancer la connexion internet. Il met en marche le serveur qui obéit sans rechigner, puis, comme à son habitude, se rend sur son compte afin de consulter ses messages.
Une alarme se met en route et on l’informe que pour ce faire, il doit au préalable être connecté.
Faisant preuve de bonne volonté, Kryss retourne sur le serveur mais celui-ci lui soutient une fois encore que la connexion est déjà établie.
Quelque chose cloche, le serveur et la machine ne sont pas d’accord, l’un des deux ment forcement.

Une pensée de Coelho lui revient alors en mémoire : « Mieux vaut attendre que l’humeur des câbles et des liaisons téléphonquies change. »
Chacun sa machine.
C’est alors que l’écran s’illumine. D’impavide, le visage de la machine se fait moqueur.
Ses traits se distordent et laissent place à un tract publicitaire.
« L’oasis de la sérénité » annonce t’elle goguenarde, un salon de détente pour oublier tout les tracas de la vie quotidienne.
Vraisemblablement la machine a de l’humour mais il ne goûte pas à la plaisanterie.

D’un geste rageur il clos la fenêtre récalcitrante ce qui a pour effet immédiat d’en ouvrir une nouvelle. Il s’agit cette fois d’une boisson gazeuse en vente dans tous les supermarchés.
Cette dernière se fait insistante et les efforts que déploie Kryss pour s’en débarrasser demeurent vains.
Au terme de 5 longues minutes et d’une bonne trentaine de clicks compulsifs, il abandonne. La machine aura toujours le dernier mot : à quoi bon résister ?
Dans un premier temps il avait pensé qu’il serait bon de faire semblant de lui obéir afin qu’elle se montre moins vigilante ; cela étant, il mesurait désormais l’étendu de son erreur.
La machine ne laisse rien au hasard, tout est calculé.

Excédé, il se lève d’un bond et commence à parcourir la salle de long en large tout en poussant des grognements réprobateurs.
Il fulmine, il est en colère, il se sent blessé dans son orgueil.
Il avait cru pouvoir vaincre la machine mais celle-ci s’est avérée plus forte que prévu ; et lui, un être humain, se retrouve à la merci de la chose. Quelle honte !

[...]

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