COMMUNAUTE JUIVE PROTEGEE EN ALBANIE SOUS L'OCCUPATION NAZIE


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Message Posté le: Dim Aoû 20, 2006 20:20 pm    Sujet du message: COMMUNAUTE JUIVE PROTEGEE EN ALBANIE SOUS L'OCCUPATION NAZIE
Une Histoire à découvrir...

Albanie

Littérature, histoire et culture


Recommandation de lecture:

Ils n'étaient pas frères et pourtant...
Albanie 1943-1944


de

Neshat TOZAJ

Editions: La Société des Ecrivains. (S.d.E)

Catégorie: roman à caractère historique

ISBN:2748016998
238 pages

PRESENTATION DE L'OUVRAGE:

UNE HISTOIRE MECONNUE

Dans son ouvrage « Ils n’étaient pas frères et pourtant… » Albanie 1943-1944 Neshat Tozaj décrit la communauté juive présente en Albanie depuis plusieurs siècles ainsi que les juifs d’autres pays accueillis au temps de la seconde guerre mondiale et qui furent épargnés car cachés et protégés. « Shalom » le titre original de l’ouvrage paru en Albanie a été modifié à l’usage des lecteurs français car l'auteur souhaitait toucher ces derniers dans leur diversité.
C’est avec une approche différente de ce qu’on a l’habitude de lire, d’entendre ou de voir dans la plupart des documentaires que l’auteur aborde cette période. La communauté juive n’y est pas seulement dépeinte en tant que communauté persécutée mais aussi en tant que communauté albanaise vivant parmi d’autres Albanais, unis dans le même combat mené contre le nazisme et le fascisme. Combat livré pour protéger la vie, la dignité humaine, les biens de chacun et la richesse culturelle.

L’engagement commun dans cette lutte et l’amitié poussée jusqu’au sacrifice ultime de la part d’Albanais non juifs afin d’épargner leurs frères ou leurs hôtes constituent sans doute dans l’histoire un exemple quasi unique et particulièrement original.

Ce roman très largement inspiré de faits authentiques est l’occasion de rendre hommage à un petit peuple oublié de tous qui ne fit qu’accomplir son devoir en des temps de barbarie.

La publication de ce livre, outre le point d’histoire qu’il révèle, me semble essentielle et salutaire à bon nombre de français, à commencer par les plus jeunes, de toute origine, confession, ou autre appartenance philosophique. En effet, à notre époque où les problèmes de racisme, d’anti-sémitisme ou de communautarisme exacerbé sont à l’ordre du jour, cet ouvrage apporte un éclairage fort réconfortant. « Ils n’étaient pas frères et pourtant… » est aussi un message d’espoir et d’encouragement.

Le livre de Neshat Tozaj volontairement rédigé sous forme de roman, l’homme est en effet avant tout écrivain et journaliste, est donc l’occasion d’approcher la résistance albanaise et de prendre connaissance de l’accueil particulièrement bienveillant réservé par le peuple albanais à la communauté juive en cette période dramatique.

J’ajoute que pour approfondir l’approche de la période décrite dans le roman de N. Tozaj, j’ai eu accès au remarquable ouvrage du Professeur Apostol Kotani, historien et très jeune résistant à l’époque : « The Hebrews in Albania during the centuries ». Cet ouvrage retrace l’histoire des Albanais juifs implantés dans le pays depuis l’antiquité et surtout nous permet de découvrir qu’en Albanie la communauté juive fut épargnée pendant la seconde guerre mondiale. M. Kotani a rassemblé au cours de longues années de recherche de nombreux témoignages poignants de survivants albanais juifs de souche ou réfugiés qui tous expriment leur reconnaissance éternelle envers ce « petit » pays qui sut honorer sa tradition du « Besa » : le partage du pain, du sel et du cœur avec quiconque se trouve dans la détresse, étranger, hôte ou semblable en terre albanaise.
C’est spontanément que des survivants (qui pour beaucoup ont émigré après guerre en Israël ou aux Etats Unis) collaborèrent à l’ouvrage et tous y attestent qu’aucun juif n’a été déporté en Albanie sous occupation nazie et fasciste.
Le discours de Monsieur l’Ambassadeur d’Albanie en France, Monsieur Ferit Hoxha, lors de la cérémonie organisée à l’occasion de la parution du livre en France « Ils n’étaient pas frères et pourtant… » Albanie 1943-1944, n’a du reste pas manqué de souligner que son pays était le seul Etat d’Europe où la population juive avait augmenté à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Messieurs Avner Shalev et Ismaïl Kadaré, entre autres personnalités, ont d'ailleurs déclaré en maintes occasions que le chiffre des personnes ayant trouvé refuge en Albanie par rapport à la population juive initiale du pays devait sans aucun doute être multiplié par dix. A souligner, toujours selon les déclarations de M. Avner Shalev, qu'au moins 2000 Yougoslaves juifs furent accueillis et cachés en Albanie sans parler de la communauté grecque et autrichienne... Tel fut le cas par exemple du Professeur Albert Einstein dont la première épouse était yougoslave.

Je précise que ces informations concernent l’Albanie définie dans ses frontières et non les territoires annexés sous occupation mussolinienne et nazie ayant formé "la Grande Albanie". Précisions d'importance car les rafles opérées à Pristina, Kosovo, malgré l'attitude exemplaire de sa population et des autorités locales, ont parfois été imputées à l'Albanie.

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4ème de couverture de l'ouvrage:

Le hasard veut que se rencontrent deux enfants albanais, l’un juif l’autre pas. Sazan et Solomon se lient d’amitié et découvrent les richesses de l’un et de l’autre. Puis vient la guerre et l’occupation nazie, la famille de Solomon est immédiatement cachée et protégée. C’est ainsi que par ce récit inspiré de faits authentiques l’on apprend qu’aucun Albanais juif ou réfugié ne fut déporté pendant la seconde guerre mondiale dans ce pays. Certains protecteurs particulièrement humains et courageux sont même allés jusqu’à sacrifier leur vie pour sauver ce qu’ils avaient accueillis. Pour eux c’était une question d’honneur.
Ce livre passionnant et émouvant écrit dans un style limpide et poétique, malgré l’horreur des évènements, nous permet d’aborder une Albanie méconnue.

Neshat Tozaj est né à Vlora en Albanie le 1er janvier 1943. Ecrivain, journaliste, juriste et directeur de la société Albautor (protection des droits d’auteur), Neshat Tozaj est au premier rang de ceux qui défendent les droits de l’homme et met son talent au service de son pays et de son devenir.

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Extrait d'un article rédigé par Monsieur Pierre Stambul, Vice président de l'Union Juive Française pour la Paix.

Article adressé avec l'aimable autorisation de son auteur.

UNE HISTOIRE OUBLIEE

À travers un roman qui se déroule en Albanie pendant les années 30 puis la guerre et qui s’appuie sur des événements réels, Neshat Tozaj (*) nous rappelle un épisode historique largement inconnu, aussi bien en France, que parmi les Juifs du monde entier.

Même dans les pires périodes de la barbarie Nazi et du génocide, s’il y a eu des gens qui ont basculé dans le racisme le plus abject, la collaboration et le crime de masse, il y en a eu aussi que rien ne prédisposait à la moindre forme « d’héroïsme » et qui ont résisté, moralement et les armes à la main, à l’inhumanité.

L’attitude de la grande majorité du peuple albanais pendant l’occupation rappelle un peu celle des paysans protestants français du Chambon-sur-Lignon qui ont sauvé des centaines d’enfants juifs en les dissimulant parmi leurs propres enfants.
La communauté juive albanaise n’a jamais été très nombreuse. Si une présence juive ancienne en Albanie semble certaine, les Juifs albanais descendent probablement des Juifs accueillis par l’empire ottoman dès le XVe siècle et dispersés dans l’empire. Population urbaine et instruite dans une Albanie très rurale, ils n’ont jamais subi de persécution. Le livre décrit cette rencontre entre deux mondes très différents, la petite communauté juive et les communautés villageoises qui se sont structurées avec de grandes traditions d’hospitalité et d’entraide.
Quand la guerre éclate, en même temps que le parti communiste albanais va très vite organiser la résistance de tout un peuple et l’auto organisation des villages, cette résistance va organiser le sauvetage de la communauté juive. Mieux, les villages albanais vont accueillir et cacher des Juifs fuyant l’Europe de l’Est. Aucune déportation n’a eu lieu dans le pays. Le livre relate la véritable fraternisation qui s’est déroulée. Il faut savoir que les Albanais ont aussi accueilli des soldats italiens (qui les avaient pourtant envahis) après la capitulation de1943. [……]

L’Albanie des années tragiques montre que l’antisémitisme n’est pas inéluctable et qu’une véritable entente entre un peuple et une minorité qui vit chez lui est possible.

On a aussi souvent donné une image très négative de l’Albanie : dictature stalinienne, naufrage économique, mafia. Neshat Tozaj nous restitue un peuple humain, hospitalier, solidaire, généreux. Des structures villageoises d’entraide ont permis l’émergence d’une résistance nationale qui a contrôlé les montagnes de l’intérieur pendant toute la guerre.

Merci à l’auteur de nous avoir rappelé cette histoire édifiante.

Pierre Stambul

Vice-président de l’Union Juive Française pour la Paix, UJFP

(*) « Ils n’étaient pas frères et pourtant … Albanie 1943-1944 », Neshat Tozaj, Editions S.d.E (La Société des Ecrivains)

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Je précise que "Ils n'étaient pas frères et pourtant...Albanie 1943-1944" se réfère directement à plusieurs évènements authentiques que l'auteur a préféré nous présenter sous forme de roman avec bien entendu une part de fiction afin de s'adresser à un public qui ne soit pas uniquement composé d'historiens, d'universitaires ou de spécialistes des Balkans. L'homme en effet, avant tout écrivain, a toujours choisi ce mode d'écriture pour nous initier à l'histoire de son pays et en révéler des facettes inexplorées ou méconnues. Tel fut le cas du roman intitulé "Les couteaux", préface de M. Ismaïl Kadaré, qui lors de sa publication fit l'effet d'une bombe et nous en apprit bien davantage sur les exactions commises par le Sigurimi que bien d'autres modes d'expression. "Les couteaux" paru chez Denoël en 1991 fut en son temps salué par l'ensemble de la communauté internationale et Neshat Tozaj est considéré par bon nombre d'observateurs, y compris par La Maison Blanche, comme l'un des principaux acteurs à l'origine de l'amorce de démocratie en Albanie.

C’est naturellement à titre bénévole et amical que j’entreprends cette «campagne d’information». Si le sujet de cet ouvrage me tient tant à cœur c’est que je suis issue d’une famille d’enseignants composée de catholiques, de protestants, de juifs ou "d’athées totaux" aux nationalités également fort variées qui tous s’attachent depuis toujours à respecter les différences et à rassembler. L’ouvrage nous apprend et nous démontre en effet que cela fut possible en terre isolée, multiculturelle et multiconfessionnelle.

Ce roman à caractère historique permet aux lecteurs de découvrir une page d'histoire demeurée inconnue de la plupart des occidentaux jusqu'à la chute d'Enver Hoxha et qui incontestablement contribue à faire reculer bien des préjugés.

Bien au delà du livre, vous l'aurez compris, Mesdames, Messieurs et Jeunes Gens, mon seul propos est uniquement de faire connaître un chapitre de "notre" histoire qui n'a pratiquement jamais été étudié en France. Le sujet évoqué par Neshat Tozaj fit l'objet de plusieurs études en Italie, en Allemagne, aux États Unis et outre-Manche mais aucune étude approfondie n'y fut jusqu'à présent réellement consacrée en France.

Dans l'espoir de vous voir accorder quelque intérêt à l'ouvrage de Neshat Tozaj et avant tout à la page d'histoire qu'il nous révèle, je vous prie, Mesdames, Messieurs, de croire à toute ma considération.
Claire.


Exemples de témoignages de personnes ayant trouvé refuge en Albanie sous l'occupation nazie. Témoignages adressés dans leur langue d'origine afin de ne pas altérer leur authenticité.

"Farewell, Albania, I thought. You have given me so much hospitality, refuge, friends, and adventure. Farewell, Albania. One day I will tell the world how brave, fearless, strong, and faithful your sons are; how death and the devil can't frighten them. If necessary, I'll tell how they protected a refugee and wouldn't allow her to be harmed even if it meant losing their lives. The gates of your small country remained open, Albania. Your authorities closed their eyes, when necessary, to give poor, persecuted people another chance to survive the most horrible of all wars. Albania, we survived the siege because of your humanity. We thank you."

Irene Grunbaum.


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..."There is a small country in the heartland of Europe called Albania where I was fortunately born, where hospitality to foreigners is part of their tradition. During the Second World War, not only did the Albanians save all the Jews who were living among them but they dared to share their homes, their food and their lives with them. Albania has its share of Oscar Shindlers, and, indeed, so many that we could never have thanked each glorious one of them.

Let us be reminded that not one - not one - of the Jews living in Albania, or those who sought refuge there were turned over to the fascists - all found a safe haven at great danger to their protectors."...

Dr. Anna Kohen.


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"All Israelis that came from Albania were saved thanks to the generous sentiments of the Albanian people that considered it as a moral duty to protect in their own houses every persecuted emigrant… The marvelous and noble attitude of the Albanian people needs to be known because they deserve the world’s and every cultured man’s thankfulness… Even the poor peasants, not only received Jews in their homes, but also shared with them their last piece of bread.’ Another Jew, Nisim Bahar that got saved from the hands of the Nazis that wanted to execute him in Fier, wrote to his sister in law, Zhulia Kantozi: ‘I am in Ohrid I have climbed a hill on the lakeside and I see Pogradec. How I missed that country! If I could have wings to fly, I would come to kiss that holy Albanian land that saved my life."

Samuel Mandili (1945)


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..."Albania was one of the only European countries that did not turn over a single Jew to the Germans. There simply were no deportations from Albania.
My parents and I, along with many other German and Austrian families, found refuge in Albania and were hidden by Albanians during the German occupation of that country. In 1941, when Germany occupied Yugoslavia, hundreds of Yugoslavian Jews were able to escape to the safety of Albania because the Albanian government opened the border at Kosovo and let as many Jews into the country as were able to escape from the pursuing German army. It is a documented fact that the German general in Belgrade knew the names of all those who had escaped across the border and demanded their return within 48 hours. The Albanian government, instead of turning over even a single Jew, dispersed them in villages and on farms, gave them Albanian names and documents and then reported back to the German general in Belgrade: “We know no Jews. We know only Albanians.”
...Albanians, whether Muslim or Christian, are the most hospitable, generous and kind human beings. It should be emphasized that this was not just an act of their customary, known hospitality, this was an act of personal courage. They simply placed their belief in the necessity to help those in need above their and their family’s safety.

Johanna J. Neumann, Silver Spring, MD


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P.S. Je tiens à la disposition de tous ceux qui le souhaiteraient et des spécialistes de l’histoire des Balkans, de l’Albanie en particulier, un grand nombre de documents historiques et de témoignages relatifs au sujet évoqué par l'auteur.
Documents souvent utiles afin de dissiper toute confusion entre Albanie et territoires annexés à cette dernière sous occupation mussolinienne et nazie: cf. "Grande Albanie".

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