Considérations sur la philosophie égoïste


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Quiddité
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Message Posté le: Mar Aoû 15, 2006 09:56 am    Sujet du message: Considérations sur la philosophie égoïste
Bon, puisque qu'il y a des fils actifs et des mèches explosives, je reprends ici des activités discursives du participant Bassanio pour un souci de clarté et surtout pour ne pas, n'en déplaise aux modérateurs qui voudraient modérer (^^), dévier et obvier.

En tant que point de départ cette problématique :
Bassanio a écrit:
Est-on philosophe quand l'objet de sa philosophie n'a de justification que dans l'affirmation de soi-même pour l'opposer à l'autre.


Et comme soutien cette propédeutique :
Citation:
Ne sois pas admirative. Un système philosophique est cohérent ou il ne l'est pas. Il n'y a pas de système qui soit parfaitement cohérent sinon il n'y aurait pas de discussion philosophique.

Personne n'a de connaissance parfaite et ne peut se prétendre supérieur à celui qui ne sait pas, sinon il suffirait de lui rappeler le temps où il en était parfaitement ignorant lui-même.

Certains ont un peu d'avance sur toi, mais ils ont toujours du retard sur ceux qui en savent plus qu'eux. Les discussions philosophiques ressemblent parfois au jeu d'échecs, mais le but de la philosophie n'est pas qu'un seul gagne, mais que tous gagnent.

Le mieux à faire, pour commencer, c'est de décrire les choses telles que tu les vois. Si quelqu'un dit que tu as tort, c'est qu'il perçoit les choses différemment de toi. La leçon à en tirer c'est qu'il y a autant de face de la vérité qu'il n'y a d'hommes pour la percevoir.

Le but de la philosophie est de trouver un consensus pour décrire la réalité afin que chacun puisse en profiter dans sa propre perception de la réalité. Mais la création d'un consensus implique aussi un appauvrissement de la vision individuelle. Un exemple de cet appauvrissement, on le trouve dans la discussion sur l'existence de Dieu. Le seul consensus que l'on ait pu en tirer, c'est que Dieu est ou n'est pas. Comme tu peux t'en apercevoir, cela ne nous mène pas très loin de la question de départ et il y a peu de chance que ça change.

C'est pour cela que toute discussion sur Dieu ressemblera toujours à une foire d'empoigne. Mon idée est que les hommes feraient mieux de se préoccuper de ce qu'ils font ici-bas plutôt que d'assiéger la citadelle imprenable de Dieu tout là-haut. Enfin, il paraît qu'il n'y a jamais eu de citadelle imprenable. Qui vivra verra ou plutôt qui mourra saura.


Considérations sur Nietzsche
En prologue, pour Nietzsche, il serait bon de ne pas lire comme d'autres ont lu des philosophes, surtout chez un homme qui maniait tant la contradiction. Pour l'interprétation de ses maximes, elles peuvent avoir la largesse de celles françaises dont il s'est inspiré ; mais bon, disons que comme ta problématique a pour objet ce bon vieux Nihilisme zoroastrien, continuons indirectement sur une vue plus générale.

Vers une vue plus générale ^^
Soit l'assertion double : "Un système philosophique est cohérent ou il ne l'est pas. Il n'y a pas de système qui soit parfaitement cohérent sinon il n'y aurait pas de discussion philosophique", tu peux considérer que le rejet de l'autre forme déjà une cohérence, et même une idiosyncrasie, qui se porte à une échelle de pensée plus générale dans la mesure où d'autres s'y retrouvent, autres qui auraient été des cibles directes du penseur, ironiquement. Aussi ses lecteurs seraient-ils plus incohérents que le philosophe, si l'on exclut précisément leurs visions personnelles. Et comme tu tiens la philosophie pour une souplesse d'incohérence, il n'y a pas d'incohérence à être cohérent, en ce cas ? :p

Citation:
mais le but de la philosophie n'est pas qu'un seul gagne, mais que tous gagnent.

Ou que tout le monde perde, si le but était celui du consensus. Ou qu'il n'y ait pas de victoire, s'il n'y a pas de but (sauf l'être, soi, ou une entité propre et bien à-soi, juchée sur un quant-à-soi) ^^.

Ce que, par ailleurs, tu définis là :

Citation:
Le but de la philosophie est de trouver un consensus pour décrire la réalité afin que chacun puisse en profiter dans sa propre perception de la réalité.


Et pour Dieu justement, Dieu est ramené à soi et est une excellente façon d'évacuer l'autre ; c'est là précisément une mauvaise philosophie, celle de l'intolérance et de la différence culturelle ou religieuse ; une considération égotiste peut virer au vinaigre, mais pour revenir à Nietzsche, si des dégénérés (oh l'intolérance envers le nazisme ! :p) l'ont lu d'exécrables façons, cela ne stipule pas que ses oeuvres soient salies ; non qu'elles soient divines, pensez donc, Nietzsche ! mais au moins qu'elles soient toujours l'être (éternel ^^) qui ait consigné ces lignes, ou devrais-je écrire "ses" lignes.
bassanio
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Message Posté le: Mar Aoû 15, 2006 14:11 pm    Sujet du message: Re: Considérations sur la philosophie égoïste
Quiddité a écrit:
Et comme soutien cette propédeutique


Je t'arrête tout de suite. Cette partie n'avait rien à voir avec mon post en réponse au tien sur Nietzsche. C'était pour encourager une jeune fille qui n'osait pas se lancer dans l'aventure philosophique.

Ce que je lui ai dit était sans rapport avec notre "polémique".

Ceci dit, je suis prêt à prendre en considération ton point de vue sur Nietzsche et en discuter sereinement, même si cette sérénité ne sera que feinte. Ce type me flanque des boutons Very Happy

Nous ne parlerons que de Nietzsche, rien que de Nietzsche et de son pseudo discours philosophique.

Selon toi, quelles sont donc les grandes lignes de sa "philosophie" ?

bassanio
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Message Posté le: Mar Aoû 15, 2006 15:50 pm    Sujet du message:
Pour les lignes de Nietzsche, j'entends plutôt que le nihilisme la force clé qu'il a insufflé à son persona "zoroastrien"... une sorte de philosophie polémique avec le monde sur le terrain de l'être, des valeurs et de l'agir, dans ses grandeurs et ses petitesses.

Ensuite, j'avais très bien compris la séparation de tes messages, et ai oublié d'expliquer mon regroupement, aussi le voilà : j'ai entendu prendre une congruence suivie mais non liée de ce que tu pensais de la philosophie pour relever, épars, quelques points, d'où l'élargissement fait sur des vues plus générales. Ensuite, c'est vrai, je me suis amusé à souligner la différence d'un discours d'initiation et une thèse de philosophie, mais cela c'est juste... par intérêt pour la cohérence, qui prêchait la cohérence ! Very Happy

Mais si tu veux discourir de Nietzsche plutôt que de l'égoïsme en philosophie, alors, dis-moi donc ce que tu abhorres, lecture faite par l'histoire et thèse surhumaine mises à part ?
bassanio
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Message Posté le: Mar Aoû 15, 2006 18:10 pm    Sujet du message:
Que sais-je donc de Nietzsche ?

- Qu'il a vécu de 1844 à 1900

Cela l'exclu donc d'une intervention directe dans le système nazi, mais cela n'exonère pas son œuvre d'être à la base de la pensée nazie et de la construction du symbole du bel arien. C'est ce que je pense sans être catégorique sur ce point.

On peut dire que ce sont les nazis qui ont instrumentalisé sa pensée, il n'en reste pas moins qu'en vertu du principe de causalité son œuvre est impliquée, tout comme on peut dire que la Bible a servi à stigmatiser le peuple juif, ou que le Coran a servi à justifier de nombreux massacre. Cet argument vaut ce qu'il vaut, j'en suis conscient, mais dans le cas de Nietzsche, c'était du pain béni en raison même du point suivant.

- Sa philosophie est basée sur l'individualisme.

Comme nous avons abordé, dans un autre sujet, ce point délicat de l'être confronté à sa réalité et à celle de "l'autre", je dirais que ce que la perception que nous avons de nous-même et de nos droits légitimes à "être" implique de manière réciproque la relation que nous devons à un autre dont la réalité est similaire en sens et en fonction à la nôtre. En conséquence de quoi, une philosophie ne s'intéressant qu'à l'individu et oubliant le principe de réciprocité dans la relation, est un monologue qui n'intéresse que son auteur.

- "Sois toi-même, sans faiblesse, logiquement et jusqu'au bout !"

Cette citation de Nietzsche est tout à fait caractéristique de son discours. En bon fils de protestant, même s'il s'est détaché de toute croyance (sauf en lui-même), il a appliqué à sa pensée la même rigueur issue de sa formation religieuse. Car ne nous y trompons pas, cette formation religieuse n'est pas étrangère à sa pensée. Il a simplement fait migrer l'objet de son ancienne croyance, un Dieu sans faille, au nouvel objet de sa nouvelle croyance, le Surhomme, qui est l'homme sans faille.

- Le Surhomme

Toute ma pensée se révulse déjà à croire que l'homme serait le phénix de la création et aurait droit à plus d'égard que le plus infime insecte, alors passer du concept de l'humanité représentant l'ensemble des hommes à l'individu lui-même pour le déifier, est pour moi le comble de ce que j'exècre en l'homme : son individualité triomphante. Je lui dénie le droit de s'extraire de la création considéré comme une unité indissociable pour se croire l'observateur extérieur et privilégié de la création. L'homme est dans la création et s'il peut être son propre observateur, c'est avec humilité, parce qu'il est ignorant et tellement insignifiant, qu'il doit observer ce qui n'est pas sa réalité propre, mais, soit le niveau de la couche de réalité où il est localisé, soit les couches de réalité inférieures (celles qui le composent), soit les couches supérieures (celles dont il n'est qu'un composant).

Aaargh, Surhomme caca !! Pour reprendre une analogie que j'ai faite dans un autre sujet où nous participons tous les deux, le Surhomme n'est qu'un stupide Rambo qui se croit invincible. On nage en plein fantasme narcissique. Ce Golem dans lequel l'homme s'auto-transforme justifie toutes les errances de l'individu. Etc, etc, et toutes cette sortes de choses jusqu'à la nausée.

Bon, je m'arrête là pour l'instant. J'ai peur de vomir sur mon clavier Very Happy

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