la mort du métier

abd · Membre Inscrit le: 08 Aoû 2006 Messages: 293

Y a des métiers qui s'perdent
Qui tombent vite dans l'oubli
Moi, j'étais vacataire
À la ville de Paris

Où le titre officiel
De mon modeste office
Était "Éxécuteur
Des Arrêts de Justice"

En fait j'étais bourreau
Pourtant j'suis pas méchant
J'faisais que mon boulot
L'client était content

Dans l'huîs clos en silence
À l'instant solennel
J'appliquais la sentence
En bon professionnel

Précis et sans appel
Consciencieux de ma charge
J'entret'nais l'matériel
Affûtage et graissage

J'moccupais du coup'ret
Le coeur à la besogne
Même lorsqu'on m'imposait
Les cadences les plus folles

J'suis fier du savoir-faire
Que m'a légué mon père
Qui avait été naguère
Assistant de Deibler

L'époque était épique
On se pressait pour voir
L'éxécution publique
De quelque vieil anar

Place de la République
Les badauds appuyés
Aux barrières métalliques
Insultaient l'condamné

Sans passion mon pater
Préparait son affaire
Afin de satisfaire
La vindicte populaire

L'a eu son heure de gloire
Et même quelques articles
Dans les journaux du soir
Commentaires et critiques

"Deux têtes à la minute
C'est un nouveau record"
Deux têtes que l'on ampute
Proprement de leur corps

Mes ancêtres déjà
Du temps d'la royauté
S'occupaient du trépas
Que le juge réclamait

De potences en gibets
D'piloris en billots
Sur les places des marchés
S'exerçaient les bourreaux

Variant les châtiments
Du simple coup d'bâton
Jusqu'à l'écartèlement
Ou bien la pendaison

À la Révolution
Z'ont trouvé l'occasion
D'traverser sans histoires
Les troubles de l'Histoire

Sacrifiant à la mode
Mes aïeux unanimes
Modifièrent leur méthode
S'mirent à la guillotine

En ces temps d'abbatage
Elle était si pratique
Qu'on en fit un usage
Quasi-systématique

Dépité, l'condamné
À la peine capitale
S'faisait décapiter
Au coeur d'la capitale

Sans la moindre malice
Sans remords, ni remous
Le glaive de la justice
S'abattait sur son cou

Aujourd'hui c'est fini
Je trouve ça bien dommage
Ma peine est abolie
J'me retrouve au chômage

Infortune et misère
D'puis la fin d'ma carrière
J'ai la rancune amère
Pour Robert Badinter

Mais quand je parle parfois
Du temps béni d'antan
Des sanglots dans ma voix
Me trahissent souvent

Et Je pleure sur mon sort
Je pars à la dérive
Car sans la peine de mort
ça m'fait d'la peine de vivre...

uacuus · Super actif Sexe: Inscrit le: 29 Mai 2006 Messages: 2753

C'est spirituel et amusant, surtout le début et la fin.
Autrement la partie centrale (à partir de "l'époque était épique" jusqu'à "s'abattait sur son cou") s'éternise un peu, et perd un peu trop le second degré.

Certains vers sont faux, ou bien il manque l'apostrophe pour marquer l'apocope:

Les cadences les plus folles

Qui avait été naguère

Aux barrières métalliques

Et même quelques articles

"Deux têtes à la minute

Deux têtes que l'on ampute (facile de corriger en "deux têtes qu'on ampute")

De potences en gibets

Jusqu'à l'écartèlement

Modifièrent leur méthode
S'mirent à la guillotine

Le glaive de la justice

Je trouve ça bien dommage

ça m'fait d'la peine de vivre...

abd · Membre Inscrit le: 08 Aoû 2006 Messages: 293

pour qui avait été naguère, je prononce quia/vai/té/té etc.
pour le reste, il manque l'apostrophe. la flemme.

caroloma · Petit nouveau Sexe: Inscrit le: 04 Jan 2006 Messages: 19

Oui mais gare à l'apostrophe car c'est passible de la peine capitale.

El Desdi · Posté le: Sam Aoû 12, 2006 11:16 am Sujet du message:

ça fallait le faire! un poème sur les bourreaux!!
original j'aime beaucoup! surtoutles deux derniers vers!

abd Membre Inscrit le: 08 Aoû 2006 Messages: 293	Posté le: Jeu Aoû 10, 2006 08:00 am Sujet du message: la mort du métier Y a des métiers qui s'perdent Qui tombent vite dans l'oubli Moi, j'étais vacataire À la ville de Paris Où le titre officiel De mon modeste office Était "Éxécuteur Des Arrêts de Justice" En fait j'étais bourreau Pourtant j'suis pas méchant J'faisais que mon boulot L'client était content Dans l'huîs clos en silence À l'instant solennel J'appliquais la sentence En bon professionnel Précis et sans appel Consciencieux de ma charge J'entret'nais l'matériel Affûtage et graissage J'moccupais du coup'ret Le coeur à la besogne Même lorsqu'on m'imposait Les cadences les plus folles J'suis fier du savoir-faire Que m'a légué mon père Qui avait été naguère Assistant de Deibler L'époque était épique On se pressait pour voir L'éxécution publique De quelque vieil anar Place de la République Les badauds appuyés Aux barrières métalliques Insultaient l'condamné Sans passion mon pater Préparait son affaire Afin de satisfaire La vindicte populaire L'a eu son heure de gloire Et même quelques articles Dans les journaux du soir Commentaires et critiques "Deux têtes à la minute C'est un nouveau record" Deux têtes que l'on ampute Proprement de leur corps Mes ancêtres déjà Du temps d'la royauté S'occupaient du trépas Que le juge réclamait De potences en gibets D'piloris en billots Sur les places des marchés S'exerçaient les bourreaux Variant les châtiments Du simple coup d'bâton Jusqu'à l'écartèlement Ou bien la pendaison À la Révolution Z'ont trouvé l'occasion D'traverser sans histoires Les troubles de l'Histoire Sacrifiant à la mode Mes aïeux unanimes Modifièrent leur méthode S'mirent à la guillotine En ces temps d'abbatage Elle était si pratique Qu'on en fit un usage Quasi-systématique Dépité, l'condamné À la peine capitale S'faisait décapiter Au coeur d'la capitale Sans la moindre malice Sans remords, ni remous Le glaive de la justice S'abattait sur son cou Aujourd'hui c'est fini Je trouve ça bien dommage Ma peine est abolie J'me retrouve au chômage Infortune et misère D'puis la fin d'ma carrière J'ai la rancune amère Pour Robert Badinter Mais quand je parle parfois Du temps béni d'antan Des sanglots dans ma voix Me trahissent souvent Et Je pleure sur mon sort Je pars à la dérive Car sans la peine de mort ça m'fait d'la peine de vivre...
uacuus Super actif Sexe: Inscrit le: 29 Mai 2006 Messages: 2753	Posté le: Jeu Aoû 10, 2006 11:48 am Sujet du message: C'est spirituel et amusant, surtout le début et la fin. Autrement la partie centrale (à partir de "l'époque était épique" jusqu'à "s'abattait sur son cou") s'éternise un peu, et perd un peu trop le second degré. Certains vers sont faux, ou bien il manque l'apostrophe pour marquer l'apocope: Les cadences les plus folles Qui avait été naguère Aux barrières métalliques Et même quelques articles "Deux têtes à la minute Deux têtes que l'on ampute (facile de corriger en "deux têtes qu'on ampute") De potences en gibets Jusqu'à l'écartèlement Modifièrent leur méthode S'mirent à la guillotine Le glaive de la justice Je trouve ça bien dommage ça m'fait d'la peine de vivre...
abd Membre Inscrit le: 08 Aoû 2006 Messages: 293	Posté le: Jeu Aoû 10, 2006 12:50 pm Sujet du message: pour qui avait été naguère, je prononce quia/vai/té/té etc. pour le reste, il manque l'apostrophe. la flemme.
caroloma Petit nouveau Sexe: Inscrit le: 04 Jan 2006 Messages: 19	Posté le: Jeu Aoû 10, 2006 14:36 pm Sujet du message: Oui mais gare à l'apostrophe car c'est passible de la peine capitale.
El Desdi Membre Sexe: Inscrit le: 30 Juil 2006 Messages: 143 Localisation: GRANDE-SYNTHE (loin d'être un village!!!)	Posté le: Sam Aoû 12, 2006 11:16 am Sujet du message: ça fallait le faire! un poème sur les bourreaux!! original j'aime beaucoup! surtoutles deux derniers vers!