abd
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 10:37 am Sujet du message: j'étais poète ce soir là
j'étais poète ce soir là,
j'embrassais un reflet,
celui d'une lune
dans l'caniveau
devant c'te boite de merde, dont j'me rappelle même plus le nom, boul'vard
des belges. j'voulais pas v'nir t'façons. c'est julie qui a insisté. tout
ça pour nous larguer, moi et cousin cool, au premier bogoss à deux balles
qui lui promettait un coup au bar.
et un autre dans les chiottes sans doute, c'est pas plus cher ;
julie..
on allait encore la ramasser pas fière la gamine..
soirée vénère déjà. j'incruste le canapé, cousin cool est parti
commander ; une bouteille allez, c'est la fête.
pas facile de causer avec la musique.
alors on picole.
d'temps en temps j'entrevois julie sur la piste -
cousin cool a croisé une bêcheuse sur la banquette pas loin -
julie se fait lorgner par les matous alentours -
cousin bagou offre un verre à sa pouf -
sur ma bouteille, enculé -
elle a l'air de s'amuser julie -
cousin cool semble gérer son baratin -
j'm'en r'met un, histoire de m'oublier...
j'vois plus julie - j'aime pas ça
j'aime pas trop non plus l’regard des copains d'la bêcheuse -
je sifflote mon verre du coin de l'oeil...
chtac, baw !
un taquet, une droite ;
le fiancé d'la d'moiselle dans la face à cousin.
j'prend pas l'temps d'réfléchir que déjà ma boutanche s'écrase sur la
tronche de son pote - réflexe - frandjo billy et sa bande me tombent dessus -
j'imprime un premier coup de tête, que deux lascards m'agraphent aussi sec
une volée dans le foie – de son côté, cousin paf rend la monnaie sur
l'espèce, et recrache un portrait cubiste du fiancé, à la limite de
l'abstrait ; y a des artistes dans la famille - moi j'encaisse - elle est où
julie ?
les gorilles de la taule, costards costauds et dents en or, se sentent
obligés -
dans l'euphorie, j'en claque un ; et merde
la note est pour nous..
les mastards nous entrainent au dehors
jouer à cash clash sur le trottoir..
j'aperçois julie -
Cerbère et Goliath, consciencieux, finissent de nous marave
dans l'amour du travail bien fait, à la petite semelle ;
elle déboule affolée -
le service d'ordre, compris et satisfait,
nous laisse mourir un peu sur le bitume...
julie s'inquiète
elle me demande si ça va - j'ai rien d'cassé, j'crois pas -
elle a eu si peur -
je tente une esquisse, un sourire tuméfié
elle m'engueule -
cousin cool est parti à rire,
je le rejoins sous la lune -
mes côtes s'en souviennent,
j'avais mal mais j'étais bien..
j'reste allongé, un peu
j'vous ai pas dis ?
j'étais poète ce soir là,
j'embrassais un reflet
dans l'caniveau,
celui de julie
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caroloma
Petit nouveau
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 11:00 am Sujet du message:
Franchement, c'est énorme.
Félicitations, on sent bien l'atmosphère de la soirée et la caste des
videurs me semble particulièrement réelle.
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Sylvain Legrand
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 20:02 pm Sujet du message:
On dirait Phillipe Delepierre, un écrivain dont j'ignore s'il est connu
partout en france (il est prof dans mon lycée). Honnêtement, je trouve que
le style est là mais qu'il ne correspond pas à la poésie. Tu devrais
écrire des romans, ça serait très bien.
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cloud
De passage
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 20:04 pm Sujet du message:
Sylvain Legrand a
écrit: | mais qu'il ne
correspond pas à la poésie. |
ou alors, si?
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Sylvain Legrand
Banni(e)
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cloud
De passage
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:09 pm Sujet du message:
je pensais que peut être, que , on ne sait jamais...
j'avais encore un espoir
je suis venu ici, en me disant,
tu te trompes.
non je ne me suis pas trompé.
vos études, la société, ont bel et bien
étouffé la poésie.
regardez vous tous, à en rester là.
pourquoi ont-ils écrits, tous ces poétes du 20e siecle.
p*****. alors ceux qui voudraient encore
écrire au 21e siecle,
chercher,
merde alors.
oui, effectivement, ta vision est réductrice envers la poésie.
très réductrice. comme vous tous ici.
je suis triste. sincère, je suis triste.
tiens, oui, il y a eu dada entre autre.
tiens, oui, tristan tzara.
tiens, son poème BIFURCATION
dans 'indicateur des chemins de coeur'
je ne veux pas te quitter
mon sourire est attaché à ton corps
et le baiser de l'algue à la pierre
à l'intérieur de mon âge je porte un enfant gai et bruyant
il n'y a que toi qui saches le faire sortir du coquillage
comme l'escargot avec de fines voix
parmi l'herbe il y a
les mains fraîches des fleurs qui se tendent vers moi
mais il n'y a que ta voix qui soit fine
comme ta main est fine comme le soir est impalpable comme le repos
pour toi, sylvain.
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Mandos
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:14 pm Sujet du message:
cloud a
écrit: | oui, effectivement, ta
vision est réductrice envers la poésie.
très réductrice. comme vous tous ici. |
Soit. Allons-y. Quelle est, selon toi, ma vision de la poésie ?
Dernière édition par Mandos le Mar Aoû 08, 2006 21:22 pm; édité 1 fois
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cloud
De passage
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:22 pm Sujet du message:
une vision de noble poésie.
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Sylvain Legrand
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:24 pm Sujet du message:
dis cloud. Je suis content que le sujet déboule enfin. J'avais été
particulièrement culbuté par la gitane avait des mains à faire tourner le
monde et l'appel que tu y énoncais. Je me suis dit que ma poésie était
plate et classique, et peut-être l'est-elle d'ailleurs (je vais ici devancer
remorha: oui elle l'est). Et puis de pensées à autres je me suis dit
qu'après tout, c'était ma poésie, et encore de pensées à autres que
c'était peut-être ces poésies élitistes car non compréhensibles par des
non-initiés qui l'ont plombée. Après tout n'est-ce pas lorsque l'on a plus
été capable de comprendre un poème car il était trop abstrait (je prendrai
pour exemple la poésie d'éluard que j'execre comme vous baudelaire) et que
les textes des poètes n'ont plus été appréciés que par mode que la
poésie a commencé à sombrer? Je me le demande
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cloud
De passage
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:33 pm Sujet du message:
je ne me considère pas comme une élite.
j'ai découvert la poésie voila 6 mois
je n'ai pas fait d'etudes litteraires,
je ne pense pas avoir plus de don de lecteur qu'un autre.
pourtant, j'aime ce que je découvre. oui de tout mon coeur.
je pense plutot que c'est ce que la société à fait qui tue à petit feu la
poésie. ridiculement bafouée, ce 20e siecle. ne serait ce pas parce que plus
que jamais, cette poésie est un refus vital des conventions?
et que plus que jamais, notre société impose des conventions?
je m'interroge.
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Mandos
Actif
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:34 pm Sujet du message:
cloud a
écrit: | une vision de noble
poésie. |
Dois-je entendre par là que, selon toi, je ne vois de poésie que dans des
poèmes versifiés suivant tous les canons de la poésie classique ? Que mes
notions d'histoire de la poésie s'arrêtent en 1880, pour ne retenir du
vingtième siècle que Paul Valéry, et de petits îlots versifiés çà et
là ? Je n'ai qu'une chose à dire, c'est que c'est faux. Je ne renie pas le
vingtième siècle, et fais mes délices de poètes comme Senghor ou Tchicaya
U Tam'si (poète togolais sombre et hermétique dont je n'ai malheureusement
pu lire qu'un seul livre, offert par un ami, pour cause d'introuvabilité en
France). Je sais combien le vers libre peut être riche, et j'en écris
parfois. Simplement, je n'estime pas qu'il faille mépriser la richesse
musicale du vers classique en invoquant une "modernité" qui ne lui appartient
désormais pas moins qu'au vers libre, lequel roule quand même sa bosse
depuis un bon moment. Y a-t-il autre chose que tu ranges sous l'acception
"noble poésie" ?
P-S : j'étais en train d'écrire ce message quand les deux précédents ont
été postés.
Dernière édition par Mandos le Mar Aoû 08, 2006 21:46 pm; édité 1 fois
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cloud
De passage
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:38 pm Sujet du message:
sourire.
en fait je pense qu'après un cycle vital d'explosion du vers, peut être un
retour à la forme musicale du poème s'opère; je suis tout à fait
d'accord.
une sorte de retour pour un vers plus pur que jamais.
as tu vu le poeme de p. jaccottet que j'ai mis en ligne?
c'est de ce style dont je parle, dont je pense que tu parles en mentionnant la
modernité qui se trouve dans le vers vlassique actuel. je le remet:
P. JACCOTTET, L EFFRAIE.
La nuit est une grande cité endormie
où le vent souffle... Il est venu de loin jusqu'à
l'asile de ce lit. C'est la minuit de juin.
Tu dors, on m'a mené sur ces bords infinis,
le vent secoue le noisetier. Vient cet appel
qui se rapproche et se retire, on jurerait
une lueur fuyant à travers bois, ou bien
les ombres qui tournoient, dit-on, dans les enfers.
(Cet appel dans la nuit d'été, combien de choses
j'en pourrais dire, et de tes yeux...) Mais ce n'est que
l'oiseau nommé l'effraie, qui nous appelle au fond
de ces bois de banlieue. Et déjà notre odeur
est celle de la pourriture au petit jour,
déjà sous notre peau si chaude perce l'os,
tandis que sombrent les étoiles au coin des rues.
je le lis en ce moment c'est un régal.
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cloud
De passage
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:39 pm Sujet du message:
oui! c'est dur de suivre tout avec vous deux. désolé si c'est décousu.
peace.
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Sylvain Legrand
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:47 pm Sujet du message:
j'aime assez le texte, même si je ne suis pas sur d'être apte de comprendre,
pour cause de grosse fatigue.
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cloud
De passage
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:48 pm Sujet du message:
ce n'est donc pas ce que tu écris, ni lis, que je remet en cause!
j'ai cru lire des choses assez sympas d'ailleurs.
non, ce sont tes critiques sur les poèmes.
de nombreux poèmes ici sont des reflets pâles de rimbaud ou baudelaire, je
pense que nous serons d'accord.
tu critiques la forme parfait c'est bien
mais j'aimerais que tu critiques le fond aussi.
car tu dois le savoir que ca manque cruellement de vie, par la meeme de
poesie, ces rimbaud baudelaires pâles.
aider ceux qui écrivent comme cela à s'écarter des poncifs mus par je ne
sais quoi.
qu'ils trouvent leur ton propre.
la poésie contemporaine en vers rimés existent bien.
mais les quelques poemes que j'ai lus de ce style ici, ne respirent aucune
création, élan..
déqolé, c'est cru.
mais je ressens la copie , le souvenir ému des rimbaud et baudelaire.
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Mandos
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:51 pm Sujet du message:
Donc, des laexandrins au rythme très libre, avec ce fractionnement des
groupes de sens entre différents vers qui est un apport du vingtième
siècle. Bon exemple, en effet, d'appropriation de la métrique par la
modernité.
Je citerai, pour ma part, un poète comme Jean Colin, qui rétablit également
le rythme au sein des vers.
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cloud
De passage
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:52 pm Sujet du message:
tu aurais un lien ou un court texte de lui?
sinon je fais marcher google.
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Mandos
Actif
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:56 pm Sujet du message:
Zut, nos posts se sont encore croisés.
Je suis d'accord avec toi, cloud. L'influence rimbaldiano-baudelairienne se
fait sentir dans beaucoup de poèmes. Mais je pense qu'on ne peut se détacher
de tels modèles qu'avec lenteur. Et il y a une chose qu'il faut voir, c'est
qu'il est parfaitement naturel que ce qui était le modèle demeure ensuite
comme influence. Il ne faut pas chercher à éradiquer tous ce qui, dans nos
textes, présente une parenté avec les auteurs que nous aimons, qui nous ont
marqués. Je ne sais pas quelles sont tes lectures, mais tu dois bien en
retrouver un petit quelque chose dans ce que tu écris, non ? Traquer ce petit
quelque chose, c'est tomber dans un nouveau poncif, celui de la paranoïa.
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Mandos
Actif
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 21:59 pm Sujet du message:
Fais marcher google, je ne retrouverai jamais ses textes dans le bazar de ma
bibliothèque
Et je dois quand même dire une chose. Bien que je trouve son oeuvre salutaire
dans le travail de synthèse qui incombe aux artistes de notre époque, je ne
le vois pas comme un grand poète. Ses textes en eux-mêmes sont peut-être un
peu plats...
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cloud
De passage
Inscrit le: 02 Aoû 2006
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Posté le: Mar Aoû 08, 2006 22:02 pm Sujet du message:
bien sûr!
mais j'ai du mal à comprendre.
je n'écrit jamais de texte 'propre'
et j'aime ça
je sens mon écolution.
au début c'était rimbaud.
mais je passe vite a autre chose je tend vers... plus de modèle, moi. tu
comprends?
c'est ce que je ne ressens pas ici. des cycles encore et encore d'inspirations
qui ne s'eteignent pas.
désolé, peut etre que c'est moi.
j'ai valsé j'aime valsé je valserais.
une petite lecture et mon monde s'agrandit. j'aime ca.
pourtant je ne lis pas beaucoup, du fait d'etudes totalement oppisées et, du
temps qu e je prend pr ectrire. mais j'essaye.
et avec ce peu de lecture, comprend tu, je sens pourtant un tourbillon ....
alors j'ai du mal à accepter ici, que ce tourbillon n'existe pas, ou soit si
lent...
pour moi un jeune poéte doit se fracasser sur chaque poésie qu'il lit et
aime.
se faire mal, en redemander
tu comprends?
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