ne sentez vous pas le besoin qu'à la poésie de se tendre?


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cloud
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Message Posté le: Jeu Aoû 03, 2006 21:04 pm    Sujet du message: ne sentez vous pas le besoin qu'à la poésie de se tendre?
il faudrait dépoussiérer un peu l'image de 'poésie' qui règne dans les esprits. pourquoi ne pas vouloir l'accompagner dans son souffle... c'est la création. lisons des poetes du 20e impregnons nous pour mieux créér nous memes.
pourquoi ressasser un ton qui n'a plus de vie?
rimbaud a apporté du souffle parce qu'il créait!! crééait!
il a lu, il a évoluer.
mais il ne faut pas en rester, notre écriture, à lui.
on le lit avec plaisir, car il a inventé, ca porte un sceau vital.
mais après, apporteons, NOUS, notre emprunte notre création.
la poésie est poésie et touche les hommes parce qu'elle rend compte de la vitalité.

ne vous cantonnez plus à une image de reliquat. de porteur d'une torche qui va s'éteindre. brûlons nous les mains de la torche tremblante.

ha! peu importe l'image
ne sentez vous pas que la poésie fait du bien coeur
que comme les coeurs, elle réclame à se tendre!

qu'au moins une personne m'entende ici, et je serai heureux...


Dernière édition par cloud le Lun Aoû 07, 2006 13:37 pm; édité 2 fois
cloud
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Message Posté le: Jeu Aoû 03, 2006 21:34 pm    Sujet du message:
La guerre au Luxembourg

"Une deux, une deux
Et tout ira bien..."
Ils chantaient
Un blessé battait la mesure avec sa béquille
Sous le bandeau son oeil
Le sourire du Luxembourg
Et les fumées des usines de munitions
Au dessus des frondaisons d'or
Pâle automne fin d'été
On ne peut rien oublier
Il n'y a que les petits enfants qui jouent à la guerre
La Somme Verdun
Mon grand frère est aux Dardanelles
Comme c'est beau
Un fusil MOI!
Cris voix flûtées
Cris MOI!
Les mains se tendent
Je ressemble à papa
On a aussi des canons
Une fillette fait le cycliste MOI!
Un dada caracole
Dans le bassin les flotilles s'entrecroisent
Le méridien de Paris est dans le jet d'eau
On part à l'assaut du garde qui seul a un sabre authentique
Et on le tue à force de rire
Sur les palmiers encaissés le soleil pend
Médaille Militaire
On applaudit le dirigeable qui passe du côté de la Tour Eiffel
Puis on relève les morts
Tout le monde veut en être
Ou tout au moins blessé ROUGE
Coupe Coupe
Coupe le bras coupe la tête BLANC
On donne tout
Croix-Rouge BLEU
Les infirmières ont 6 ans
Leur coeur est plein d'émotion
On enlève les yeux aux poupées pour réparer les aveugles
J'y vois! J'y vois!
Ceux qui faisaient les Turcs sont maintenant brancardiers
Et ceux qui faisaient les morts ressucitent pour assister
à la merveilleuse opération
A présent on consulte les journaux illustrés
Les photographies
On se souvient de ce que l'on a vu au cinéma
Ca devient plus sérieux
On crie et l'on cogne mieux que Guignol
Et au plus fort de la mêlée
Chaud chaudes
Tout le monde se sauve pour aller manger les gaufres
Elles sont prêtes R
Il est cinq heures. Ê
Les grilles se ferment. V
On rentre. E
Il fait soir. U
On attend le zeppelin qui ne vient pas R
Las S
Les yeux aux fusées des étoiles
Tandis que les bonnes vous tirent par la main
Et que les mamans trébuchent sur les grandes automobiles d'ombre


Le lendemain ou un autre jour
Il y a une tranchée dans le tas de sable
Il y a un petit bois dans le tas de sable
Des villes
Une maison
Tout le pays La mer
Et peut être bien la mer
L'artillerie improvisée tourne autour des barbelés imaginaires
Un cerf-volant rapide comme un avion de chasse
Les arbres se dégonflent et les feuilles tombent par dessus
bord et tournent en parachute
Les 3 veines du drapeau se gonflent à chaque coup de
l'obusier du vent
Tu ne seras pas emportée petite arche de sable
Enfants prodiges, plus que les ingénieurs
On joue en riant au tank aux gazs asphyxiants au sous-marin-devant-new-york-qui-ne-peut-pas-passer
Je suis australien, tu es nègre, il se lave pour faire la vie-des-soldats-anglais-en-belgique
Casquette russe
1 légion d'honneur en chocolat vaut trois boutons d'uniforme
Voilà le général qui passe
Une petite fille dit:
J'aime beaucoup ma nouvelle maman américaine
Et un petit garçon: _Non pas Jules Vernes mais achète
encore le beau communiqué du dimanche
A PARIS
Le jour de la Victoire quand les soldats reviendront...
Tout le monde voudra LES voir
Le soleil ouvrira de bonne heure comme un marchand de
nougat un jour de fête
Il fera printemps au Bois de Boulogne ou du côté de Meudon
Toutes les automobiles seront parfumées et les pauvres
chevaux mangeront des fleurs
Aux fenêtres les petites orphelines de la guerre auront
toutes une belle robe patriotique
Sur les marronniers des boulevards les photographes à
califourchon braqueront leur oeil à déclic
On fera cercle autour de l'opérateur du cinéma qui mieux
qu'un mangeur de serpents engloutira le cortège historique
Dans l'après-midi
Les bléssés accrocheront leurs Médailles à l'Arc-de-Triomphe
et rentreront à la maison sans boiter
Puis
Le soir
La place de l'Etoile montera au ciel
Le Dôme des Invalides chantera sur Paris comme une
immense cloche d'or
Et les mille voix des journaux acclameront la Marseillaise
Femme de France

Paris, octobre 1916 ; BLAISE CENDRARS
kraw
Petit nouveau
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Message Posté le: Jeu Aoû 03, 2006 21:59 pm    Sujet du message: oui, ne tenez pas vos poèmes en laisse
UN JOUR QU’IL FAISAIT NUIT

(Robert Desnos, Corps et Biens)




Il s’envola au fond de la rivière

Les pierres en bois d’ébène les fils de fer en or et la croix sans branche

Tout rien

Je la hais d’amour comme tout un chacun

Le mort respirait de grandes bouffées de vide

Le compas traçait des carrés et des triangles à cinq côtés

Après cela il descendit au grenier

Les étoiles de midi resplendissaient

Le chasseur revenait carnassière pleine de poissons sur la rive au milieu de la Seine

Un ver de terre marque le centre du cercle sur la circonférence

En silence mes yeux prononcèrent un bruyant discours

Alors nous avancions dans une allée déserte où se pressait la foule

Quand la marche nous eut bien reposé nous eûmes le courage de nous asseoir

Puis au réveil nos yeux se fermèrent

Et l’aube versa sur nous les réservoirs de la nuit

La pluie nous sécha
cloud
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Message Posté le: Ven Aoû 04, 2006 10:35 am    Sujet du message:
LA VOIX de Philippe Jaccottet

Qui chante là quand toute voix se tait? Qui chante
avec cette voix sourde et pure un si beau chant?
Serait-ce hors de la ville, à Robinson, dans un
jardin couvert de neige? Ou est-ce là tout près,
quelqu'un qui ne se doutait pas qu'on l'écoutât?
Ne soyons pas impatients de le savoir
puisque le jour n'est pas autrement précédé
par l'invisible oiseau. Mais faisons seulement
silence. Une voix monte, et comme un vent de mars
aux bois vieillis porte leur force, elle nous vient
sans larmes, souriant plutôt devant la mort.
Qui chantait là quand notre lampe s'est éteinte?
Nul ne le sait. Mais seul peut entendre le coeur
qui ne cherche la possession ni la victoire.


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