La tentation ou le passage à l'aliénation.


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Utopique
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Message Posté le: Mar Juil 25, 2006 14:06 pm    Sujet du message: La tentation ou le passage à l'aliénation.
La tentation ou le passage à l’aliénation


+++++++++++++++++++++++++++++++++++++I
Entouré d’un halo de solitude rassurante, tu ne vois pas le monde qui s’agite autour de toi. Tu ne l’as jamais vu, d’ailleurs. Loin de la foule, tu te créés ton propre monde. Misanthrope bienheureux, tu hais la multitude et ses préoccupations dérisoires. Seul, tu es bien plus fort que tous ces décadents ridicules! En tête à tête avec toi-même, tu te complais dans ton isolement. Tu n’as pas besoin des autres et de leurs idées avilissantes! Les flammes de la tentation te chatouillent les narines, la menace se rapproche. Mais elles ne t’atteindront pas! Tu es fort, toi, enfermé dans ta solitude!
Mais voilà qu’un jour tu étouffes dans ton monde trop petit. Tes poumons se compressent dans ta poitrine, tu veux crier, tu dois crier, ton coeur veut exploser toute sa colère et sa haine. Tu te plies, tu te tords, tu ne peux résister au joug de cette impétuosité dérangeante. Une bête... Tu n’es plus désormais que l’affreux jouet de ta conscience erronée, tes désirs refoulés t’inondent avec une fougue implacable. Tu voudrais hurler, tu voudrais te battre, extérioriser cette effroyable rage. S’échapper? Trop tard! La Folie peu à peu se propage...


+++++++++++++++++++++++++++++++++++++II
Les volets claquent dans la pièce sombre. Tes yeux s’allument, régit par le mélange de fureur et de folie qui coule dans tes veines. Et ce grand brun en face de toi, tu le reconnais. Tout devient clair. Tu te souviens de ce grand brun qui t’obsédait, jour et nuit, celui qui t’a conduit à l’isolement. Le responsable de tes souffrances. Et tu te souviens de ses gestes, tu te souviens de ses mots qui résonnent encore dans ta poitrine. Voilà qu’ aujourd’hui tout son corps tremble en face de toi! Tu l’entends t’implorer, te supplier une dernière fois. Ton sang est chaud, ton sang te brûle, tu as soif de vengeance. Cette partie de toi-même s’était trop longtemps tue, aujourd’hui elle veut parler, elle doit parler, rattraper le temps perdu. Tu es le plus fort!
Tu regardes le sol immaculé et le calice qui luit entre tes mains. Sur sa chair, la lame glisse, elle caresse sa peau, la frôle, et s’enfonce, s’enfonce, s’enfonce... Tu te délectes du goût du sang sur tes lèvres et dans ta gorge, humes encore l’odeur de la chair déchiquetée et contemple avec orgueil ton délicieux carnage. Ta langue parcourt son corps, tu veux planter la lame au fond de son coeur, lui arracher la peau en souriant avec fierté. Tu es le plus fort!
L’orage gronde au dehors, la pluie martèle les carreaux. Alors, tu te laisses gagner par le rire. Un rire aigu, acide, qui te transperce la poitrine: tu es le plus fort!


+++++++++++++++++++++++++++++++++++++III
Tes pensées se brouillent, ta raison s’embrouille, dans un agréable vertige tu sens tes membres se convulser. Avec un sourire moqueur, tu admires ton oeuvre. Là, au sol, ce corps inerte dégage une odeur effroyable. Ce corps en putréfaction qui gît à terre, ce n’est que le reflet de la partie la plus noire de ton âme. Ce corps, c’est toi.
Tu es ton propre ennemi, tu es ton pire ennemi, assassin de ta propre âme.
Alors, tu te laisse envahir par les couleurs du délires. Hallucinations macabres. L’ivresse de l’aliénation.
Lentement, silencieusement, la lame glisse le long de ta gorge. Ta folie te glace le sang et te gèle les os. Terrassé par la douleur, devant la Mort tu t’inclines. Lentement, silencieusement, s’éteint une âme brûlante en une nuit de février.

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