Yazid
Petit nouveau
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Posté le: Ven Juil 07, 2006 10:05 am Sujet du message: ne pas lire ce message
Ci-dessous la dernière nouvelle que je viens d'écrire. J'aimerais bien avoir
vos avis
Merci d'avance
Quadio voit les gens courir. Tout le monde court vers le nord du village. Les
enfants, les mères, les pères, Monsieur le maire…
Les voleurs des volailles qui se cachent depuis trois mois se montrent sans
gène et courent avec les autres !!
Quadio voit un de ses camarades courir. Quand le camarade arrive au niveau de
Quadio, ce dernier se met à courir en faisant sorte que tous les deux restent
au niveau parallèle.
- Mais qu’est-ce qui se passe ?! Les villageois sont tombés sur la tête ou
quoi ?! Pourquoi courent-ils comme des sanglés?! Crie Quadio.
Le camarade reprend difficilement ses souffles et arrive à peine à parler :
- Des blancs .. Des .. Des blancs sont arrivés au village, ils ont plein de
… de nourriture, de couvertures, d’habilles de toutes les couleurs et
plein de friandises… Mais.. Mais court vite, bordel !! Si tu continues à
zigzaguer comme un canard tu arriveras en dernier et tu n’auras rien. Bouge
tes fesses, sinon tu vas crever de faim mon pot !!
Quadio regarde ses jambes fines et noires et continue à courir…
Il est maintenant loin dernier son camarade. Il a vraiment les souffles courts
ce Quadio.
***
Quant à Elaine, la jeune infirmière, sa décision est déjà prise. Elle
termine quelques démarches administratives, des papiers, de l’assurance,
des vaccins… et elle part dans deux jours. Ce soir elle dîne au restaurant
avec ses deux meilleures copines, Delphine et Sabine pour leur dire au revoir.
- Alors, tu pars en Afrique finalement ? Dit Delphine
- Oui, je pars avec SOS-Afrique. Nous sommes trois à partir d’ici : Un
médecin, un psychologue et moi-même. Nous rejoignons le reste de l’équipe
et un traducteur sur place. Répond Elaine.
- Vous prenez quoi les filles? Moi, ça sera le menue à 22 euro. Dit Sabine
en regardant la carte.
- Des huîtres en entrée, un spaghetti aux fruits de mer en plat et une dame
blanche en dessert.
- Olalala .. Et ton régime Elaine ?
- Ecoute, ça commence à faire... Cela fait quinze jours que je prends ces
conneries de comprimés pour couper l’appétit, des crèmes minceurs et tout
ces tralala des produits light et la seule chose qui perd du poids c’est ma
porte feuille. Alors, basta !! Je vais me gâter ce soir.
- Tu as raison, vas y ma belle. De toute façon tu seras en régime forcé en
Afrique. Dit Sabine.
Elaine n’apprécie pas l’humour de cette dernière phrase de sa copine.
Elle n’a plus l’appétit d’avaler même un verre d’eau.
***
Quadio arrête de courir et continue sa route en marchant. Il n’en peut plus
et tempi s’il arrive en retard et s’il n’aura rien.
La scène est plutôt étrange : Deux camions fermées sur lesquelles il est
marqué en grand « SOS Afrique ». Devant les camions une dame et deux hommes
blancs. Ils ont l’air très perplexes et stressés. Les villageois entourent
les camions et les trois blancs.
Quadio arrive en marchant …
- Hé.. Quadio.. Quadio, toi tu parles français, vas y, va voir les blancs et
demande leurs que-ce qu’ils attendent pour ouvrir les camions et nous donner
la nourriture ?!!
La foule s’écarte pour former un couloir devant les pas de Quadio, le
dernier arrivé qui sera le premier à arriver aux camions des friandises.
- Que puisse-je pour vous Madame ? Dit Quadio à la dame blanche.
- Bonjour, je m’appelle Elaine. Nous avons perdu notre traducteur sur la
route. La malaria l’a eu. Nous avons besoin d’un traducteur qui connaît
la région également pour nous guider pendant notre séjour. Pourriez vous
nous aider ?
- C’est plutôt vous qui vient nous aider Madame. Je suis à votre service.
La dame blanche sourit et Quadio se réjouit. Il a toujours aimé faire copain
avec les blancs qui viennent secourir le village ravagé par le SIDA et la
faim.
Quadio fait le médiateur entre les blancs et les villageois. Il lève les
bras et crie :
- De calme.. de calme. Il y en a pour tout le monde. Vous devriez tous, un par
un passer un examen médicale et prendre vos colis alimentaires par la suite.
Après la journée longue du travail, c’est la promenade ; Quadio fait la
visite du village à Elaine.
- Parlez-moi un peu de votre pays ? Il parait qu’on ne marche pas des
kilomètres pour chercher l’eau. C’est plutôt l’eau qui vient
jusqu’à la maison chez vous. Est-ce vrai ? Dit Quadio
Les yeux d’Elaine scanne les horizons autour ; Des hectares de sables et de
terre sèche. Très peu de verdure sur le sol et le soleil continue à brûler
les pieds des promeneurs.
- Tu as des frères et sœurs Quadio ?
- Nous sommes... ben nous étions quinze frères et sœurs. Le SIDA m’en a
pris neuf. Nous sommes six maintenant. Mon père est mort de la même maladie
également. Ma mère n’est pas morte, mais elle est atteinte aussi et elle
attend…
- Tu es triste ?
- Oui, mais j’ai l’habitude.
- On peut aller voir ta famille à la maison ?
- Oui, c’est par là, juste après le moulin à droite.
Dans la maison ; Des corps noires allongées par terre, des yeux fixent le
plafond, des mures fissurées tiennent à peine debout sous le plafond, le
toit est faite en tissu de sacs vides de farine. Elaine regarde le plafond et
lit sur le tissu : Croix rouge, SOS Afrique, Secours Africain …
- Elle ne va pas bien ? Dit Elaine en montrant de doigt une dame allongée sur
un bout de tissu, le visage couvert de sueur.
- C’est ma mère. Depuis une semaine elle tousse de sang. L’année
dernière, mon grand frère a toussé pendant trois semaines, puis il est
parti. Répond Quadio en montrant le ciel du doigt à la fin de sa phrase.
- Mon Dieu, Qu’est-ce que je peux faire pour elle ?
- Rien. On ne peut que regarder et attendre... attendre comme elle.
- Et toi, tu as fait l’examen médical ?
- Oui, je n’ai pas le SIDA. Dans la famille il ne reste que ma mère et ma
grande sœur qui sont atteintes. Ma sœur n’a pas encore commencé à
tousser. Elle attend… Quadio montre sa sœur à Elaine.
- Elle est enceinte ? Dit Elaine en voyant le ventre de la grande sœur.
Quadio ne répond pas et ses yeux s’éteint en regardant sa mère.
Elaine a compris. La grande sœur, comme des milliers de filles dans ce pays,
prostitue pour avoir de pain et de lait pour la famille.
Elaine a tout compris : Dans ce village, on ne vit pas, on ne meurt pas, on
attend .. on attend..
***
- Alors, Tu l’as eu ou pas encore la blanche ? Dit Hamadou à Quadio.
- Mais de quoi parles-tu ? Laisse-moi tranquille.
- Si tu veux la draguer, il faut se dépêcher mon ami. Ça fait trois jours
que Hanoun tourne autour d’elle. Tu sais, il est prêt à tout pour se
marier avec une blanche et partir là-bas.
Le cœur de Quadio se ressert. C’est vrai que Elaine le plait beaucoup et il
se réjouit chaque fois il la voit, mais il n’ose même pas rêver d’elle.
Une belle dame blanche comme elle doit attendre un beau prince blanc qui a
beaucoup d’argent.
Hanoun est un sale type et un grand magouilleur et quand il a un truc en tête
il en est capable de tout faire. Se dit Quadio en avalant les regards amers de
Hamadou.
Cette après midi, il n’aura pas de promenade avec Elaine. Elle s’est
excusée car elle doit visiter le village voisin. Le village à Hanoun.
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