Kadjagoogoo
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Posté le: Ven Juin 30, 2006 12:13 pm Sujet du message: Les peintures refuges
Avec l'accord de k0lage j'ouvre ce
topic pour continuer, sans
polluer le quizz art ^^' ), cette passionnante discussion autour du
fait de se projeter dans une peinture qui incarne le bien-être et la
quiétude à nos yeux (si j'ai bien tout compris ^^').
k0lage a
écrit: |
Romantisme a écrit: |
j'aime m'imaginer être, dans un sens, dans la
peinture... |
en ce qui me concerne, là où j'aime m'imaginer c'est ici :
ce paysage tout blanc me détend l'esprit & m'aide à reprogrammer mon
subconscient sur un mode positif, c'est la seule peinture qui me rend réellement sereine quand je la regarde *.*
& toi Kadja y a-t-il une peinture où tu aimes te projeter
? |
C'est drôle, ce concept de se projeter dans une peinture m'évoque
instantanément le principe du Syndrôme de
Stendhal (mais vu du bon côté ), bien
qu'il ne s'agisse évidemment pas de la même chose.
J'avais jamais réfléchi à la question avant que Romantisme puis k0lage
ensuite ne la soulève à la faveur le quizz art. Et alors que je pensais pas
pouvoir répondre autre chose qu'un lieu commun du genre "les peintures
champêtres", je m'aperçois qu'il y a au moins deux peintures qui me laissent
rêveur (pour des raisons +/- similaires, d'ailleurs) :
Cette illustration d'un album de Cat
Stevens, tout d'abord, qui fait merveilleusement écho aux chansons
magiques qui l'ont inspiré.
La palissade, l'arbre derrière, le pavé éclairé par la lune, la gros matou
^__^, l'allure "Gavroche" du personnage, tout concourt ici à me faire
rêvasser devant cette image poétique. *__*
Et voici l'autre toile (de Janet
Kruskamp, celle-là) qui me transporte immanquablement en son sein :
J'y vois le pendant intérieur de la précédente, qui parle si bien à ma
nature casanière et collectionneuse. *__*
L'électrophone, les disques de jazz, la guitare, la machine à écrire, les
livres, la batte de baseball et les Teddies (le blouson et la peluche ^^'),
tout participe, dans ce grenier-caverne d'Ali Baba, à me rendre nostalgique
d'un passé fantasmé (le même que celui que je recherche dans les disques de
Cat Stevens, d'ailleurs ), des objets qu'on abandonne (lâchement) en route au profit de
nouveaux outils, technologiques mais tellement impersonnels et
interchangeables; cette vision me donne envie de m'asseoir sur le tapis
central, de poser le bras de l'électrophone sur la galette noire et de
laisser mon regard se perdre à travers la fenêtre (devant une vision que
j'imagine forcément automnale ). C'est aussi le genre d'endroit où
j'aimerais passer du temps avec l'être aimé , à faire des choses simples mais précieuses, comme
s'aménager un petit nid douillet à l'abri du tumulte extérieur.
J'ajouterai que j'aime particulièrement la toile que tu as exposé ici, k0lage, car, à la différence de Romantisme,
je ne me lasse pas de la neige qui fait, hélas, de plus en plus cruellement
défaut à nos hivers tempérés.
|
uacuus
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Posté le: Ven Juin 30, 2006 15:28 pm Sujet du message:
romantisme
Citation: |
Citation:
Je ne m'imagine jamais dans la peinture.
Cette peinture là est sublime par sa lumière si délicate, et je n'imagine
pas qu'il soit possible de participer à une création si parfaite.
De la même manière je ne m'imagine pas que je suis une note de musique quand
j'écoute de la musique.
Quand on lit un roman on ne s'imagine pas être les mots, mais l'histoire,
quand on écoute de la musique on ne s'imagine pas être une note, mais on
s'imagine être dans un rêve, dans l'imagination que les sons provoques sur
nous etc... pour la peinture, elle représente une scène concrète, donc on
peux s'y projeter, comme lorsqu'on regarde dehors on peut s'imaginer y
être... |
Dans le cas de la musique, il est vrai qu'il se produit souvent une sorte de
transport en l'écoutant, comme si on
était effectivement projeté quelquepart. Pourtant je n'ai pas le sentiment
de participer à la chose; elle me fait voir un monde dont je ne fais par
partie, et qui exalte aussi pour cela.
Le final de la 5° symphonie de Beethoven s'apparente pour moi à une
ouverture dans le ciel. Mais en même temps que la musique opère sur moi ce
transport, et qu'elle fait surgir de moi un mouvement ascendant, une énergie
qu'elle sucite, je ne me retrouve pas personnellement dans cette histoire. En
somme je contemple, je n'agis pas.
De même pour un roman, même si je suis pris par l'histoire et que je
m'identifie à un personnage, et même si en fermant le livre je rêve à ce
que je ferais dans une situation semblable, je suis plus en situation de
contempler d'une manière certes pas du tout indifférente, que de vivre
l'histoire.
Je crois qu'en voulant pénétrer naïvement dans une oeuvre comme on
pénètre dans une maison, on perd l'essence de la contemplation, qui veut
que la chose soit profondément extérieure.
Ce qui est beau pour moi, c'est une chose contemplée, au delà de ce que je
peux vivre, mais qui m'apparait de manière manifeste et tangible. Mais si je
touche la chose, je la perds.
|
Romantisme
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Posté le: Sam Juil 01, 2006 00:23 am Sujet du message:
uacuus
Citation: | Dans le cas de la musique, il est vrai qu'il se produit souvent
une sorte de transport en l'écoutant, comme si on était effectivement
projeté quelquepart. Pourtant je n'ai pas le sentiment de participer à la
chose; elle me fait voir un monde dont je ne fais par partie, et qui exalte
aussi pour cela.
Le final de la 5° symphonie de Beethoven s'apparente pour moi à une
ouverture dans le ciel. Mais en même temps que la musique opère sur moi ce
transport, et qu'elle fait surgir de moi un mouvement ascendant, une énergie
qu'elle sucite, je ne me retrouve pas personnellement dans cette histoire. En
somme je contemple, je n'agis pas.
De même pour un roman, même si je suis pris par l'histoire et que je
m'identifie à un personnage, et même si en fermant le livre je rêve à ce
que je ferais dans une situation semblable, je suis plus en situation de
contempler d'une manière certes pas du tout indifférente, que de vivre
l'histoire.
Je crois qu'en voulant pénétrer naïvement dans une oeuvre comme on
pénètre dans une maison, on perd l'essence de la contemplation, qui veut que
la chose soit profondément extérieure.
Ce qui est beau pour moi, c'est une chose contemplée, au delà de ce que je
peux vivre, mais qui m'apparait de manière manifeste et tangible. Mais si je
touche la chose, je la perds. |
Quand on s'imagine être en quelque sorte dans la toile avec l'imagination, on
la contemple toujours mais on rêvasse d'y vivre, d'être entouré par les
décors peints, moi c'est ce qui touche au XVIII et au XIX siècle, K0lage les
paysages hivernaux, kadja une petite chambre intime... on ne perd rien (je
parle pour moi) de sa contemplation...
Kadjagoogoo
Citation: | J'ajouterai que j'aime particulièrement la toile que tu as
exposé ici, k0lage, car, à la différence de Romantisme, je ne me lasse pas
de la neige qui fait, hélas, de plus en plus cruellement défaut à nos
hivers tempérés. |
J'aime sa toile dont le décor est superbe, mais je ne puis m'imaginer être
dans un décor pareil puisque le souvenir du -40'C avec trois pieds de neige
m'y empêche un peu lol, mais j'apprécie quand même la beauté de la
peinture, même si les souvenirs du froid ne me sont pas très agréable.....
|
k0lage
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Posté le: Dim Juil 02, 2006 01:10 am Sujet du message: Re: Les peintures refuges
Kadjagoogoo a
écrit: | Et alors que je pensais
pas pouvoir répondre autre chose qu'un lieu commun du genre "les peintures
champêtres" |
c'est un simple exemple ou alors tu aimes réellement les peintures
champêtres ?
en ce qui me concerne j'aime celles comme Le
Repos des Paysans de Van Gogh avec les mottes de pailles quand elles
n'étaient pas encore faites avec des machines =)
Kadjagoogoo a
écrit: | Cette illustration d'un
album de Cat Stevens, tout d'abord, qui
fait merveilleusement écho aux chansons magiques qui l'ont inspiré.
La palissade, l'arbre derrière, le pavé éclairé par la lune, la gros matou
^__^, l'allure "Gavroche" du personnage, tout concourt ici à me faire
rêvasser devant cette image poétique. *__* |
c'est la même lune que celle de la chanson Moonshadow tu penses (?) ^.^
sinon je pense que la vie d'artiste romanesque en fait rêver plus d'un oui,
notamment car elle implique une délicieuse liberté *__* (la bohème,
l'infortune, les folles passions)
au passage cette image me fait soudain penser à une planche du Chat (la BD)
où il est allongé dans l'herbe, les mains (ou les pattes plutôt) sous la
nuque, la tête levée vers le ciel & il dit quelque chose comme "pff le
mien d'hôtel a bien plus que cinq étoiles" ou une phrase dans cette veine
huhu (c'est une jolie pensée ^_^)
& concernant l'autre peinture, elle est en effet très attirante par
l'aspect tellement cosy de la pièce
houhou
c'est un grenier où en été les rayons du soleil qui inondent la chambre
laissent un voile de poussière, rendant l'atmosphère presque étouffante
(mais le ventilo est là donc pas de souci ^.^) ! mais en hiver il y fait
très froid brrr =/ (j'ai habité pendant un moment sous un toit donc je me
rappelle de cela huhu)
sinon tu ne nous as pas dit quel disque jouait sur l'électrophone (c'est un sacré
détail non ?!)
uaccus a
écrit: | Je crois qu'en voulant
pénétrer naïvement dans une oeuvre comme on pénètre dans une maison, on
perd l'essence de la contemplation, qui veut que la chose soit profondément
extérieur. |
mais ne penses-tu pas que ce que l'on a perdu de la contemplation, on le gagne
en sensation ?
cette peinture de Monet je l'ai tellement regardé que désormais, dans des
endroits désagréables par exemple (le métro), j'ai cette magnifique
possibilité qui s'offre à moi de fermer les yeux & de voir le paysage
s'imprimer sur ma rétine : je peux échapper à cette réalité
temporairement pénible & rejoindre en un instant un endroit paisible...
je quitte le strapontin inconfortable pour me retrouver assise dans la neige,
les fesses mouillées, les doigts rougis par le froid & les yeux un peu
plissés à cause du soleil, à écouter le chant modulé & solitaire des
oiseaux : en ce qui me concerne je trouve cela simplement merveilleux & si
c'est sans doute naîf cela n'en est pas moins délicieux =)
ceci étant dit je comprends tout à fait cette distance que tu instaures
entre toi & la peinture puisque moi-même je le fais la plupart du temps
mais quand il m'arrive d'avoir envie de m'y retrouver, je n'ai absolument pas
l'impression de "gâcher" la peinture tut tut
d'une part je reconnais d'une façon totale le talent de l'artiste (j'aime ce
décor au point que je rêve d'y être) & d'autre part je trouve qu'il
atteint un objectif superbe : au-delà des émotions, il m'offre l'évasion
dans un lieu agréable qu'il a vu/imaginé (une belle liberté non ?)
& donc c'est un cadeau précieux que je ne refuse pas
|
Romantisme
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Posté le: Dim Juil 02, 2006 01:56 am Sujet du message:
Souvent aussi, quand la toile me plait, je m'imagine et j'invente une histoire
qui pourrais s'y dérouler... comme celle que j'ai mise de Luis Paret y
Alcázar, je m'imagine être là, avec les gens, et séduire une jeune femme
faussement pudibonde en lui lisant un sonnet que je lui écrirais, pour
ensuite l'embrasser etc...
Ou avec la toile de Gustave Caillebotte, je m'imagine être avec une femme
dans ces décors, nous faisant mouiller par la pluie s'épanchant du ciel et
moi la couvrant pour la protéger de l'eau entre mes bras et elle me serrant
dans les siens, ou le contraire, s'amusant sous celle-ci à se faire trempé
et courrant partout... etc... ça a p-ê l'air étrange de décrire ça comme
ça, mais ça me facine de pouvoir ainsi m'imaginer ces belles scènes, ces
scénarios...
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k0lage
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RichMurray
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Posté le: Ven Oct 27, 2006 03:53 am Sujet du message:
La toile nommée 'Easter Morning' par Kaspar Friedrich. Cette douce ambiance
matinale, on a l'impression que tout pourrait recommencer ou alors se finir.
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k0lage
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Posté le: Ven Oct 27, 2006 04:12 am Sujet du message:
tout d'abord merci de partager aussi dans le domaine de la peinture
je ne connaissai pas la toile que tu proposes là & je lui trouve beaucoup
de charme... la brume matinale à peine dissipée la rend même poétique,
presque émouvante
(cet instant de quiétude volé à la perpétuelle agitation parisienne est
apprécié à sa juste valeur !)
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Kadjagoogoo
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Posté le: Ven Oct 27, 2006 12:29 pm Sujet du message:
Tu le sais, j'aime bcp la peinture que tu nous présentes là, k0lage, pour les mêmes raisons que tu
l'aimes, d'ailleurs.
k0lage a
écrit: | j'aime l'idée que ces
solitudes (laissés-pour-compte ?) se rencontrent & trouvent un réconfort
à être ensemble sans même se parler |
J'ai toujours trouvé ce phénomène fascinant. L'autre soir que je regardais
(encaissais conviendrait mieux - tant ce film est épprouvant) Head-on de Fatih Akin, je fus encore saisi de le
constater en voyant ces personnages s'adonner à ce rite récurrent de venir
boire un verre (et + si affinités) seul dans un bar, sans nécessairement
parler à leur voisins de comptoir ni même à la personne qui les accompagne
pour la circonstance (je me demande d'ailleurs dans quel but venir boire un
verre de façon autarcique dans un bar, si ce n'est dans l'espoir d'y croiser
une autre solitude également dans cette attente )
Exactement comme ce qui nous
est montré dans cette toile !
Cette scène existe et elle se reproduit perpétuellement, chaque jour dans
chaque bar, certainement.
Hopper a saisi là la carictéristique fondamentale de l'oiseau de nuit,
solitaire parmi ses congénères, "alone with everybody", pour reprendre le
(beau) titre d'un album de Richard Ashcroft (dont la pochette aurait pu
reprendre cette illustration, idoine
).
Merci d'avoir si bien détaillé pour nous ton ressenti.
@Rich : je comprends ton goût pour
cette toile qui nous permet une (toujours précieuse) interprétation :
s'agit-il d'une scène matinale ou crépusculaire ?
Ce questionnement fait, à mes yeux, une bonne part du charme de cette toile.
J'en profite pour répondre que j'opte plutôt pour le crépuscule. *___*
Suis-je encore dans l'interprétation en voyant dans deux de ces femmes des geishas ?
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k0lage
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Kadjagoogoo
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Posté le: Sam Oct 28, 2006 14:07 pm Sujet du message:
k0lage a
écrit: |
Kadjagoogoo a écrit: |
s'agit-il d'une scène matinale ou crépusculaire ?
|
ton interprétation peut-être guidée par le titre de la toile (Easter Morning) & aussi par ce soleil qui
semble bien haut dans le ciel pour un coucher imminent, non ?  |
Houla, mon étourderie caractéristique a encore frappé ! >_<
Bien évidemment, j'aurais dû prendre cela en compte avant de me prononcer.
Encore que j'aime lorsque mon imagination
revêche chemin/dérive indépendament des indications de l'artiste.
k0lage a
écrit: | au fait... des geishas
& un soleil levant, ça colle particulièrement bien non ?  |
Joli sens de l'à propos ! C'est effectivement très cohérent et bien vu de la part de Kaspar
Friedrich (et
finement observé de la tienne ).
k0lage a
écrit: | ayant constaté que les
participants à ce sujet ne sont (sauf moi donc) que des hommes j'ai choisi
deux toiles où je trouve que c'est plutôt la femme qui protège l'homme
& non l'inverse (quoique... votre avis là-dessus ?) : quel est
l'enlacement qui vous semble le plus rassurant ? |
Je trouve aussi que dans ces 2 scènes, la femme est protectrice vis à vis de
son compagnon qui s'apparente alors en quelque sorte à un homme-enfant (même si je n'aime pas trop
cette vision des choses, car j'estime qu'un homme aussi viril soit-il peut
être sujet à cet abandon, avoir
envie/besoin de s'en remettre totalement à sa compagne (ou même à une inconnue, d'ailleurs - ce qui est une notion
intéressante en soi ).
Pour répondre à ta question, je trouve l'enlassement de droite plus
rassurant pour l'homme qui est littéralement protégé (d'un danger potentiel
- ici possiblement incarné par cette lumière crue en direction de laquelle
la fille semble lancer un regard à mi-chemin
entre la crainte et la défi - j'ai peut-être trop poussé
l'interprétation, là encore, mais n'est-ce pas le but de l'art, finalement ?
).
Tandis que la peinture de droite, dont tu expliques très pertinemment
l'apparent paradoxe (qui ajoute une confusion bienvenue, comme la possibilité
d'un "danger lumineux " rend l'autre toile encore plus intense ) [cette phrase est déjà trop
longue, je le sais, mais j'ai toujours un mal fou avec les formulations
synthétiques >_<], cette autre peinture donc illustre la
protection physique de la
femme en même temps que le refuge affectif de l'homme (mais son corps est
techniquement exposé à l'extérieur, contrairement à la situation
(dé)peinte dans l'autre toile).
D'un point de vu esthétique, je préfère la toile de gauche qui permet
également aux personnages une fusion formelle parfaite (bien que la fille
regarde dans le sens opposé - mais probablement que j'interprète là un -
magnifique - défaut dans son visage ).
Mais il est certain que la peinture de droite, comme tu le suggères
judiceusement, induit une profondeur, une précieuse contradiction qui la rend
plus intéressante encore du point de vue de la relation qui unit les 2
personnages, qui devient ainsi plus ambiguë.
Ces 2 superbes oeuvres sont un subtil contrepoint aux non moins superbes
dessins de Liliana Rago, artiste déjà
présentée par ailleurs par k0lage :

Il était temps que ce passionnant topic revive, ça oui !
|
k0lage
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Posté le: Sam Oct 28, 2006 21:06 pm Sujet du message:
Kadjagoogoo a
écrit: | j'estime qu'un homme
aussi viril soit-il peut être sujet à cet abandon, avoir envie/besoin de
s'en remettre totalement à sa compagne (ou même à une inconnue, d'ailleurs - ce qui est une notion
intéressante en soi ). |
l'idée de l'inconnue est très séduisante...
(cheminement de pensée : le bar de Nighthawks où ils se rencontrent > la
photographie de Brassaï où ils hésitent dans l'obscurité de la ruelle >
l'enlacement habillé avec chapeau b&w > l'enlacement déshabillé sans
chapeau coloré *__°)
huhu je crois que nous n'aurons jamais cesse d'aller plus loin dans
l'interprétation & l'à propos
Kadjagoogoo a
écrit: | (bien que la fille
regarde dans le sens opposé - mais probablement que j'interprète là un -
magnifique - défaut dans son visage ). |
cette jolie évocation de son visage m'a amené à le contempler à nouveau
& il m'a soudain rappelé celui, parfait, de la muse de Brancusi ci-dessous
car en effet je trouve que ce visage lumineux a la même beauté naturelle, la
même finesse & douceur, la même calmitude rassurante que l'autre, comme si naissait de toute
cette fragilité une puissante force d'apaisement...
& donc je te remercie à ton tour pour le précieux détail de ton
ressenti =)
Kadjagoogoo a
écrit: | Ces 2 superbes oeuvres
sont un subtil contrepoint aux non moins superbes dessins de Liliana Rago, artiste déjà présentée par
ailleurs par k0lage |
& pour cause, elles ont été faites par son mari !
ces quatre toiles sont fascinantes à mettre en parallèle, non ?
ce que j'aime c'est comment chacun se retrouve finalement à projetter dans la
peinture son désir conscient d'être protégé/rassuré par l'autre (avec
plus d'ambiguïté pour l'homme cela dit, précisément dans le souci de
virilité que tu as souligné avec justesse au début de ton précédent
message)
... c'est rare, tout de même, une complicité poussée à un tel paroxysme
(& surtout, c'est très beau) *___*
|
Kadjagoogoo
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Posté le: Sam Jan 27, 2007 21:57 pm Sujet du message:
Comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, je viens saluer la pertinence
du rapprochement que tu effectuais là entre Brancusi et le visage de ce
personnage solaire créé par le mari de L. Rago.
Et je reviens également avec 2 hommages à cette belle peinture d'Hopper que
nous aimons tant :
Un hommage hollywoodien de Gottfried
Helnwein, plutôt bien senti dans son caractère nostalgique (le décor
s'y prête admirablement ! ).
Et, plus intéressant encore :
Découverte sur la pochette du dernier album de Chris Rea, The blue
jukebox, voici une peinture de Paul
Slater qui, en quelque sorte, nous dévoile l'autre coin de ce bar,
celui qui nous était toujours resté invisible. Il le plonge dans une
pénombre bleutée, donnant ainsi de beaux accents lynchiens (Blue Velvet ) à la scène, je
trouve.
Enfin, j'ai décidé d'étendre encore un peu le domaine de ces "peintures
refuges" en insinuant ici l'idée qu'un personnage puisse être, à lui seul
et dans sa solitude, une aspiration pour le spectateur qui nourrirait ainsi le
désir de le rejoindre, de le pendre dans ses bras, de l'accompagner ou
simplement de regarder dans sa direction. Ainsi, repropose, comme pour
l'envisager sous ce nouvel angle de vue :
Istvan Sandorfi, Eve ou l'amour en blanc, 1992.
J'aime énormément cette toile, qui dit bien la fragilité caractérisant
cette période confuse de la fin de l'enfance, propice aux (souvent
douloureux) accès d'introspection et aux (parfois insolubles)
questionnements. J'aurais envie de me réfugier auprès de cette Eve et de lui
combien ce qu'il l'attend vaut la peine d'être vécu, malgré les déceptions
et les souffrances qui zèbreront son parcours. J'aime à penser que cette
oeuvre illustre la belle chanson de Cat
Stevens, Sad Lisa.
Et je vous propose enfin :
Rosalind McGary Lightner, Woman in the wind, 1990's.
J'aime cette oeuvre découverte l'an passé, et je suis sidéré de comprendre
à quel point la texture même du support, ce canevas complexe de teintes
ocres et terreuses, parvient à nous transmettre jusqu'à la chaleur
étouffante du contexte dans lequel s'inscrit ce personnage digne et mystérieux. Jusqu'à son voile qui
nous permet de sentir le souffle brûlant du vent africain... Magique. *___*
There is a woman in Somalia
Scraping for pearls on the roadside...
[Sade - Pearls,
1992.]
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