Les peintures refuges


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Kadjagoogoo
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Message Posté le: Ven Juin 30, 2006 12:13 pm    Sujet du message: Les peintures refuges
Avec l'accord de k0lage j'ouvre ce topic pour continuer, sans polluer le quizz art ^^' ), cette passionnante discussion autour du fait de se projeter dans une peinture qui incarne le bien-être et la quiétude à nos yeux (si j'ai bien tout compris ^^').

k0lage a écrit:
Romantisme a écrit:
j'aime m'imaginer être, dans un sens, dans la peinture...

en ce qui me concerne, là où j'aime m'imaginer c'est ici :



ce paysage tout blanc me détend l'esprit & m'aide à reprogrammer mon subconscient sur un mode positif, c'est la seule peinture qui me rend réellement sereine quand je la regarde *.*
& toi Kadja y a-t-il une peinture où tu aimes te projeter ?

C'est drôle, ce concept de se projeter dans une peinture m'évoque instantanément le principe du Syndrôme de Stendhal (mais vu du bon côté Exclamation ), bien qu'il ne s'agisse évidemment pas de la même chose.

J'avais jamais réfléchi à la question avant que Romantisme puis k0lage ensuite ne la soulève à la faveur le quizz art. Et alors que je pensais pas pouvoir répondre autre chose qu'un lieu commun du genre "les peintures champêtres", je m'aperçois qu'il y a au moins deux peintures qui me laissent rêveur (pour des raisons +/- similaires, d'ailleurs) :

Cette illustration d'un album de Cat Stevens, tout d'abord, qui fait merveilleusement écho aux chansons magiques qui l'ont inspiré.
La palissade, l'arbre derrière, le pavé éclairé par la lune, la gros matou ^__^, l'allure "Gavroche" du personnage, tout concourt ici à me faire rêvasser devant cette image poétique. *__*

Et voici l'autre toile (de Janet Kruskamp, celle-là) qui me transporte immanquablement en son sein :

J'y vois le pendant intérieur de la précédente, qui parle si bien à ma nature casanière et collectionneuse. *__*
L'électrophone, les disques de jazz, la guitare, la machine à écrire, les livres, la batte de baseball et les Teddies (le blouson et la peluche ^^'), tout participe, dans ce grenier-caverne d'Ali Baba, à me rendre nostalgique d'un passé fantasmé (le même que celui que je recherche dans les disques de Cat Stevens, d'ailleurs Idea ), des objets qu'on abandonne (lâchement) en route au profit de nouveaux outils, technologiques mais tellement impersonnels et interchangeables; cette vision me donne envie de m'asseoir sur le tapis central, de poser le bras de l'électrophone sur la galette noire et de laisser mon regard se perdre à travers la fenêtre (devant une vision que j'imagine forcément automnale Exclamation ). C'est aussi le genre d'endroit où j'aimerais passer du temps avec l'être aimé Embarassed, à faire des choses simples mais précieuses, comme s'aménager un petit nid douillet à l'abri du tumulte extérieur. Idea

J'ajouterai que j'aime particulièrement la toile que tu as exposé ici, k0lage, car, à la différence de Romantisme, je ne me lasse pas de la neige qui fait, hélas, de plus en plus cruellement défaut à nos hivers tempérés. Sad
uacuus
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Message Posté le: Ven Juin 30, 2006 15:28 pm    Sujet du message:
romantisme
Citation:

Citation:
Je ne m'imagine jamais dans la peinture.
Cette peinture là est sublime par sa lumière si délicate, et je n'imagine pas qu'il soit possible de participer à une création si parfaite.
De la même manière je ne m'imagine pas que je suis une note de musique quand j'écoute de la musique.


Quand on lit un roman on ne s'imagine pas être les mots, mais l'histoire, quand on écoute de la musique on ne s'imagine pas être une note, mais on s'imagine être dans un rêve, dans l'imagination que les sons provoques sur nous etc... pour la peinture, elle représente une scène concrète, donc on peux s'y projeter, comme lorsqu'on regarde dehors on peut s'imaginer y être...



Dans le cas de la musique, il est vrai qu'il se produit souvent une sorte de transport en l'écoutant, comme si on était effectivement projeté quelquepart. Pourtant je n'ai pas le sentiment de participer à la chose; elle me fait voir un monde dont je ne fais par partie, et qui exalte aussi pour cela.
Le final de la 5° symphonie de Beethoven s'apparente pour moi à une ouverture dans le ciel. Mais en même temps que la musique opère sur moi ce transport, et qu'elle fait surgir de moi un mouvement ascendant, une énergie qu'elle sucite, je ne me retrouve pas personnellement dans cette histoire. En somme je contemple, je n'agis pas.
De même pour un roman, même si je suis pris par l'histoire et que je m'identifie à un personnage, et même si en fermant le livre je rêve à ce que je ferais dans une situation semblable, je suis plus en situation de contempler d'une manière certes pas du tout indifférente, que de vivre l'histoire.
Je crois qu'en voulant pénétrer naïvement dans une oeuvre comme on pénètre dans une maison, on perd l'essence de la contemplation, qui veut que la chose soit profondément extérieure.
Ce qui est beau pour moi, c'est une chose contemplée, au delà de ce que je peux vivre, mais qui m'apparait de manière manifeste et tangible. Mais si je touche la chose, je la perds.
Romantisme
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Message Posté le: Sam Juil 01, 2006 00:23 am    Sujet du message:
uacuus
Citation:
Dans le cas de la musique, il est vrai qu'il se produit souvent une sorte de transport en l'écoutant, comme si on était effectivement projeté quelquepart. Pourtant je n'ai pas le sentiment de participer à la chose; elle me fait voir un monde dont je ne fais par partie, et qui exalte aussi pour cela.
Le final de la 5° symphonie de Beethoven s'apparente pour moi à une ouverture dans le ciel. Mais en même temps que la musique opère sur moi ce transport, et qu'elle fait surgir de moi un mouvement ascendant, une énergie qu'elle sucite, je ne me retrouve pas personnellement dans cette histoire. En somme je contemple, je n'agis pas.
De même pour un roman, même si je suis pris par l'histoire et que je m'identifie à un personnage, et même si en fermant le livre je rêve à ce que je ferais dans une situation semblable, je suis plus en situation de contempler d'une manière certes pas du tout indifférente, que de vivre l'histoire.
Je crois qu'en voulant pénétrer naïvement dans une oeuvre comme on pénètre dans une maison, on perd l'essence de la contemplation, qui veut que la chose soit profondément extérieure.
Ce qui est beau pour moi, c'est une chose contemplée, au delà de ce que je peux vivre, mais qui m'apparait de manière manifeste et tangible. Mais si je touche la chose, je la perds.


Quand on s'imagine être en quelque sorte dans la toile avec l'imagination, on la contemple toujours mais on rêvasse d'y vivre, d'être entouré par les décors peints, moi c'est ce qui touche au XVIII et au XIX siècle, K0lage les paysages hivernaux, kadja une petite chambre intime... on ne perd rien (je parle pour moi) de sa contemplation... Wink

Kadjagoogoo
Citation:
J'ajouterai que j'aime particulièrement la toile que tu as exposé ici, k0lage, car, à la différence de Romantisme, je ne me lasse pas de la neige qui fait, hélas, de plus en plus cruellement défaut à nos hivers tempérés.


J'aime sa toile dont le décor est superbe, mais je ne puis m'imaginer être dans un décor pareil puisque le souvenir du -40'C avec trois pieds de neige m'y empêche un peu lol, mais j'apprécie quand même la beauté de la peinture, même si les souvenirs du froid ne me sont pas très agréable..... Wink
k0lage
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Message Posté le: Dim Juil 02, 2006 01:10 am    Sujet du message: Re: Les peintures refuges
Kadjagoogoo a écrit:
Et alors que je pensais pas pouvoir répondre autre chose qu'un lieu commun du genre "les peintures champêtres"

c'est un simple exemple ou alors tu aimes réellement les peintures champêtres ? Wink
en ce qui me concerne j'aime celles comme Le Repos des Paysans de Van Gogh avec les mottes de pailles quand elles n'étaient pas encore faites avec des machines =)

Kadjagoogoo a écrit:
Cette illustration d'un album de Cat Stevens, tout d'abord, qui fait merveilleusement écho aux chansons magiques qui l'ont inspiré.
La palissade, l'arbre derrière, le pavé éclairé par la lune, la gros matou ^__^, l'allure "Gavroche" du personnage, tout concourt ici à me faire rêvasser devant cette image poétique. *__*

c'est la même lune que celle de la chanson Moonshadow tu penses (?) ^.^
sinon je pense que la vie d'artiste romanesque en fait rêver plus d'un oui, notamment car elle implique une délicieuse liberté *__* (la bohème, l'infortune, les folles passions)
au passage cette image me fait soudain penser à une planche du Chat (la BD) où il est allongé dans l'herbe, les mains (ou les pattes plutôt) sous la nuque, la tête levée vers le ciel & il dit quelque chose comme "pff le mien d'hôtel a bien plus que cinq étoiles" ou une phrase dans cette veine huhu (c'est une jolie pensée ^_^)

& concernant l'autre peinture, elle est en effet très attirante par l'aspect tellement cosy de la pièce houhou
c'est un grenier où en été les rayons du soleil qui inondent la chambre laissent un voile de poussière, rendant l'atmosphère presque étouffante (mais le ventilo est là donc pas de souci ^.^) ! mais en hiver il y fait très froid brrr =/ (j'ai habité pendant un moment sous un toit donc je me rappelle de cela huhu)
sinon tu ne nous as pas dit quel disque jouait sur l'électrophone Idea (c'est un sacré détail non ?!)

uaccus a écrit:
Je crois qu'en voulant pénétrer naïvement dans une oeuvre comme on pénètre dans une maison, on perd l'essence de la contemplation, qui veut que la chose soit profondément extérieur.

mais ne penses-tu pas que ce que l'on a perdu de la contemplation, on le gagne en sensation ?
cette peinture de Monet je l'ai tellement regardé que désormais, dans des endroits désagréables par exemple (le métro), j'ai cette magnifique possibilité qui s'offre à moi de fermer les yeux & de voir le paysage s'imprimer sur ma rétine : je peux échapper à cette réalité temporairement pénible & rejoindre en un instant un endroit paisible... je quitte le strapontin inconfortable pour me retrouver assise dans la neige, les fesses mouillées, les doigts rougis par le froid & les yeux un peu plissés à cause du soleil, à écouter le chant modulé & solitaire des oiseaux : en ce qui me concerne je trouve cela simplement merveilleux & si c'est sans doute naîf cela n'en est pas moins délicieux =)
ceci étant dit je comprends tout à fait cette distance que tu instaures entre toi & la peinture puisque moi-même je le fais la plupart du temps Wink
mais quand il m'arrive d'avoir envie de m'y retrouver, je n'ai absolument pas l'impression de "gâcher" la peinture tut tut
d'une part je reconnais d'une façon totale le talent de l'artiste (j'aime ce décor au point que je rêve d'y être) & d'autre part je trouve qu'il atteint un objectif superbe : au-delà des émotions, il m'offre l'évasion dans un lieu agréable qu'il a vu/imaginé (une belle liberté non ?)
& donc c'est un cadeau précieux que je ne refuse pas
Romantisme
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Message Posté le: Dim Juil 02, 2006 01:56 am    Sujet du message:
Souvent aussi, quand la toile me plait, je m'imagine et j'invente une histoire qui pourrais s'y dérouler... comme celle que j'ai mise de Luis Paret y Alcázar, je m'imagine être là, avec les gens, et séduire une jeune femme faussement pudibonde en lui lisant un sonnet que je lui écrirais, pour ensuite l'embrasser etc...


Ou avec la toile de Gustave Caillebotte, je m'imagine être avec une femme dans ces décors, nous faisant mouiller par la pluie s'épanchant du ciel et moi la couvrant pour la protéger de l'eau entre mes bras et elle me serrant dans les siens, ou le contraire, s'amusant sous celle-ci à se faire trempé et courrant partout... etc... ça a p-ê l'air étrange de décrire ça comme ça, mais ça me facine de pouvoir ainsi m'imaginer ces belles scènes, ces scénarios...
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Message Posté le: Ven Oct 27, 2006 03:10 am    Sujet du message:
voici une des "peinture-refuge" (si ce n'est LA) que je préfère, j'ai nommé Nighthawks :



Edward Hopper, tellement merci Coeur
l'amoureuse de la nuit que je suis s'imagine assise à ce comptoir de bar très très volontiers *__*

donc...
j'aime de cette toile l'atmosphère dans laquelle les personnages sont happés (silencieuse, triste, sombre)
j'aime son mystère
j'aime l'élégance de l'homme au chapeau ainsi que celle de la femme que je rêve parfumée de fragances enivrantes & trop maquillée (mais sa bouche d'un rouge riche serait éteinte Wink)
j'aime l'idée que ces solitudes (laissés-pour-compte ?) se rencontrent & trouvent un réconfort à être ensemble sans même se parler
j'aime rêver que la femme se fait, consciemment ou non, si séduisante pour son voisin
j'aime même l'arrière-goût d'amertume & de regrets qui rend ces personnes touchantes par leur questionnement intérieur
j'aime intensément la nuit noire & froide qui les enveloppe (les tutoie ?)
mais j'aime aussi le bleuté de la brume du petit matin qui se lèvera d'ici une ou deux heures... (ainsi que la petite pluie qui l'accompagnera *.*)
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Message Posté le: Ven Oct 27, 2006 03:53 am    Sujet du message:
La toile nommée 'Easter Morning' par Kaspar Friedrich. Cette douce ambiance matinale, on a l'impression que tout pourrait recommencer ou alors se finir.

k0lage
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Message Posté le: Ven Oct 27, 2006 04:12 am    Sujet du message:
tout d'abord merci de partager aussi dans le domaine de la peinture Wink
je ne connaissai pas la toile que tu proposes là & je lui trouve beaucoup de charme... la brume matinale à peine dissipée la rend même poétique, presque émouvante

(cet instant de quiétude volé à la perpétuelle agitation parisienne est apprécié à sa juste valeur !)
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Message Posté le: Ven Oct 27, 2006 12:29 pm    Sujet du message:
Tu le sais, j'aime bcp la peinture que tu nous présentes là, k0lage, pour les mêmes raisons que tu l'aimes, d'ailleurs.

k0lage a écrit:
j'aime l'idée que ces solitudes (laissés-pour-compte ?) se rencontrent & trouvent un réconfort à être ensemble sans même se parler

J'ai toujours trouvé ce phénomène fascinant. L'autre soir que je regardais (encaissais conviendrait mieux - tant ce film est épprouvant) Head-on de Fatih Akin, je fus encore saisi de le constater en voyant ces personnages s'adonner à ce rite récurrent de venir boire un verre (et + si affinités) seul dans un bar, sans nécessairement parler à leur voisins de comptoir ni même à la personne qui les accompagne pour la circonstance (je me demande d'ailleurs dans quel but venir boire un verre de façon autarcique dans un bar, si ce n'est dans l'espoir d'y croiser une autre solitude également dans cette attente Question )
Exactement comme ce qui nous est montré dans cette toile ! Idea
Cette scène existe et elle se reproduit perpétuellement, chaque jour dans chaque bar, certainement.
Hopper a saisi là la carictéristique fondamentale de l'oiseau de nuit, solitaire parmi ses congénères, "alone with everybody", pour reprendre le (beau) titre d'un album de Richard Ashcroft (dont la pochette aurait pu reprendre cette illustration, idoine Idea ).

Merci d'avoir si bien détaillé pour nous ton ressenti.

@Rich : je comprends ton goût pour cette toile qui nous permet une (toujours précieuse) interprétation : s'agit-il d'une scène matinale ou crépusculaire ? Question
Ce questionnement fait, à mes yeux, une bonne part du charme de cette toile. J'en profite pour répondre que j'opte plutôt pour le crépuscule. *___*

Suis-je encore dans l'interprétation en voyant dans deux de ces femmes des geishas ? Question
k0lage
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Message Posté le: Ven Oct 27, 2006 19:46 pm    Sujet du message:
Kadjagoogoo a écrit:
@Rich : je comprends ton goût pour cette toile qui nous permet une (toujours précieuse) interprétation : s'agit-il d'une scène matinale ou crépusculaire ? Question

ton interprétation peut-être guidée par le titre de la toile (Easter Morning) & aussi par ce soleil qui semble bien haut dans le ciel pour un coucher imminent, non ? Wink

Kadjagoogoo a écrit:
Suis-je encore dans l'interprétation en voyant dans deux de ces femmes des geishas ? Question

je n'avais pas prêté grande attention aux détails des silhouettes & maintenant que tu le suggères, il me semble aussi que la femme à gauche porte un chignon ainsi qu'un kimono !
au fait... des geishas & un soleil levant, ça colle particulièrement bien non ? Idea

ceci étant dit je poursuis donc le sujet en vous proposant deux "peintures-refuge" supplémentaires : il s'agit de se réfugier ce soir non plus dans la solitude d'un bar désert ou dans la quiétude matinale mais... dans les bras de l'être aimé Wink
ayant constaté que les participants à ce sujet ne sont (sauf moi donc) que des hommes j'ai choisi deux toiles où je trouve que c'est plutôt la femme qui protège l'homme & non l'inverse (quoique... votre avis là-dessus ?) : quel est l'enlacement qui vous semble le plus rassurant ?



en ce qui me concerne, j'ai un faible pour la peinture de gauche où l'on pourrait croire que c'est la femme entourée des bras de son homme qui s'abandonne, alors qu'en réalité il me semble que c'est surtout lui qui s'affaisse/se repose sur elle (& donc elle qui le soutient... )
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Message Posté le: Sam Oct 28, 2006 14:07 pm    Sujet du message:
k0lage a écrit:
Kadjagoogoo a écrit:
s'agit-il d'une scène matinale ou crépusculaire ? Question

ton interprétation peut-être guidée par le titre de la toile (Easter Morning) & aussi par ce soleil qui semble bien haut dans le ciel pour un coucher imminent, non ? Wink

Houla, mon étourderie caractéristique a encore frappé ! >_<
Bien évidemment, j'aurais dû prendre cela en compte avant de me prononcer. Idea
Encore que j'aime lorsque mon imagination revêche chemin/dérive indépendament des indications de l'artiste. Mauvais ange

k0lage a écrit:
au fait... des geishas & un soleil levant, ça colle particulièrement bien non ? Idea

Joli sens de l'à propos ! Idea Smile C'est effectivement très cohérent et bien vu de la part de Kaspar Friedrich Idea (et finement observé de la tienne Wink ).

k0lage a écrit:
ayant constaté que les participants à ce sujet ne sont (sauf moi donc) que des hommes j'ai choisi deux toiles où je trouve que c'est plutôt la femme qui protège l'homme & non l'inverse (quoique... votre avis là-dessus ?) : quel est l'enlacement qui vous semble le plus rassurant ?

Je trouve aussi que dans ces 2 scènes, la femme est protectrice vis à vis de son compagnon qui s'apparente alors en quelque sorte à un homme-enfant (même si je n'aime pas trop cette vision des choses, car j'estime qu'un homme aussi viril soit-il peut être sujet à cet abandon, avoir envie/besoin de s'en remettre totalement à sa compagne (ou même à une inconnue, d'ailleurs - ce qui est une notion intéressante en soi Idea ).

Pour répondre à ta question, je trouve l'enlassement de droite plus rassurant pour l'homme qui est littéralement protégé (d'un danger potentiel - ici possiblement incarné par cette lumière crue en direction de laquelle la fille semble lancer un regard à mi-chemin entre la crainte et la défi - j'ai peut-être trop poussé l'interprétation, là encore, mais n'est-ce pas le but de l'art, finalement ? Question Wink ).
Tandis que la peinture de droite, dont tu expliques très pertinemment l'apparent paradoxe (qui ajoute une confusion bienvenue, comme la possibilité d'un "danger lumineux Idea " rend l'autre toile encore plus intense Exclamation ) [cette phrase est déjà trop longue, je le sais, mais j'ai toujours un mal fou avec les formulations synthétiques >_<], cette autre peinture donc illustre la protection physique de la femme en même temps que le refuge affectif de l'homme (mais son corps est techniquement exposé à l'extérieur, contrairement à la situation (dé)peinte dans l'autre toile).

D'un point de vu esthétique, je préfère la toile de gauche qui permet également aux personnages une fusion formelle parfaite (bien que la fille regarde dans le sens opposé - mais probablement que j'interprète là un - magnifique - défaut dans son visage Idea ).
Mais il est certain que la peinture de droite, comme tu le suggères judiceusement, induit une profondeur, une précieuse contradiction qui la rend plus intéressante encore du point de vue de la relation qui unit les 2 personnages, qui devient ainsi plus ambiguë. Idea

Ces 2 superbes oeuvres sont un subtil contrepoint aux non moins superbes dessins de Liliana Rago, artiste déjà présentée par ailleurs par k0lage :


Il était temps que ce passionnant topic revive, ça oui ! Idea Very Happy
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Message Posté le: Sam Oct 28, 2006 21:06 pm    Sujet du message:
Kadjagoogoo a écrit:
j'estime qu'un homme aussi viril soit-il peut être sujet à cet abandon, avoir envie/besoin de s'en remettre totalement à sa compagne (ou même à une inconnue, d'ailleurs - ce qui est une notion intéressante en soi Idea).

l'idée de l'inconnue est très séduisante...
(cheminement de pensée : le bar de Nighthawks où ils se rencontrent > la photographie de Brassaï où ils hésitent dans l'obscurité de la ruelle > l'enlacement habillé avec chapeau b&w > l'enlacement déshabillé sans chapeau coloré *__°)
huhu je crois que nous n'aurons jamais cesse d'aller plus loin dans l'interprétation & l'à propos Mauvais ange
Kadjagoogoo a écrit:
(bien que la fille regarde dans le sens opposé - mais probablement que j'interprète là un - magnifique - défaut dans son visage Idea).

cette jolie évocation de son visage m'a amené à le contempler à nouveau & il m'a soudain rappelé celui, parfait, de la muse de Brancusi ci-dessous Idea
car en effet je trouve que ce visage lumineux a la même beauté naturelle, la même finesse & douceur, la même calmitude rassurante que l'autre, comme si naissait de toute cette fragilité une puissante force d'apaisement...



& donc je te remercie à ton tour pour le précieux détail de ton ressenti =)

Kadjagoogoo a écrit:
Ces 2 superbes oeuvres sont un subtil contrepoint aux non moins superbes dessins de Liliana Rago, artiste déjà présentée par ailleurs par k0lage

& pour cause, elles ont été faites par son mari ! Idea
ces quatre toiles sont fascinantes à mettre en parallèle, non ? Wink
ce que j'aime c'est comment chacun se retrouve finalement à projetter dans la peinture son désir conscient d'être protégé/rassuré par l'autre (avec plus d'ambiguïté pour l'homme cela dit, précisément dans le souci de virilité que tu as souligné avec justesse au début de ton précédent message)

... c'est rare, tout de même, une complicité poussée à un tel paroxysme (& surtout, c'est très beau) *___*
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Message Posté le: Sam Jan 27, 2007 21:57 pm    Sujet du message:
Comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, je viens saluer la pertinence du rapprochement que tu effectuais là entre Brancusi et le visage de ce personnage solaire créé par le mari de L. Rago. Idea

Et je reviens également avec 2 hommages à cette belle peinture d'Hopper que nous aimons tant :

Un hommage hollywoodien de Gottfried Helnwein, plutôt bien senti dans son caractère nostalgique (le décor s'y prête admirablement ! Idea ).

Et, plus intéressant encore :

Découverte sur la pochette du dernier album de Chris Rea, The blue jukebox, voici une peinture de Paul Slater qui, en quelque sorte, nous dévoile l'autre coin de ce bar, celui qui nous était toujours resté invisible. Il le plonge dans une pénombre bleutée, donnant ainsi de beaux accents lynchiens (Blue Velvet Idea) à la scène, je trouve. Coeur

Enfin, j'ai décidé d'étendre encore un peu le domaine de ces "peintures refuges" en insinuant ici l'idée qu'un personnage puisse être, à lui seul et dans sa solitude, une aspiration pour le spectateur qui nourrirait ainsi le désir de le rejoindre, de le pendre dans ses bras, de l'accompagner ou simplement de regarder dans sa direction. Ainsi, repropose, comme pour l'envisager sous ce nouvel angle de vue Idea :

Istvan Sandorfi, Eve ou l'amour en blanc, 1992.
J'aime énormément cette toile, qui dit bien la fragilité caractérisant cette période confuse de la fin de l'enfance, propice aux (souvent douloureux) accès d'introspection et aux (parfois insolubles) questionnements. J'aurais envie de me réfugier auprès de cette Eve et de lui combien ce qu'il l'attend vaut la peine d'être vécu, malgré les déceptions et les souffrances qui zèbreront son parcours. J'aime à penser que cette oeuvre illustre la belle chanson de Cat Stevens, Sad Lisa.

Et je vous propose enfin :

Rosalind McGary Lightner, Woman in the wind, 1990's.
J'aime cette oeuvre découverte l'an passé, et je suis sidéré de comprendre à quel point la texture même du support, ce canevas complexe de teintes ocres et terreuses, parvient à nous transmettre jusqu'à la chaleur étouffante du contexte dans lequel s'inscrit ce personnage digne et mystérieux. Jusqu'à son voile qui nous permet de sentir le souffle brûlant du vent africain... Magique. *___*

There is a woman in Somalia
Scraping for pearls on the roadside...

[Sade - Pearls, 1992.]
Coeur

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