Crépuscule harmonique


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Mandos
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Message Posté le: Dim Juin 25, 2006 23:42 pm    Sujet du message: Crépuscule harmonique
Ecoulement de nuit,
Chante à ma paupière,
Comme chantaient, dans les jours morts de l'embrasure,
La poussière et la dune
Entrelacées.
Je goûte tes vapeurs dans un flux de nuages
Courant sans nombre,
Emportement des lueurs au ciel gris.
La boucle se referme, comme se ferment mes yeux
Sur un paysage de récif,
embaumé de couleurs, évaporé
dans les bruissements du monde.
Ecoute à ma paupière le feu doré,
je l'ai gardé pour toi, pour tes lèvres avides,
Pour ton émail vengeur, tes perles assassines,
Tu es brûlure, et perle en un ciel suspendu
qui s'efface en accords tumultueux,
qui s'effile dans un sommeil d'Orient,
frange indocile à mon front pâle
lumière enfuie de tes opales.
Raille-moi, toi qui sombres dans ta propre haleine,
dans ton souffle sans retour
tes entailles géantes.
Raille la cadence vengeresse qui anime mes brumes, quand je te jure mon immobilité,
quand j'ouvre les bras pour te les offrir;
raille ces éclats qui me parsèment, ces reliquats d'aurore,
peuple mort de mes antiquités.
Va, dévoreuse, en un baiser nocturne
ombrage ma chair,
prélude d'une danse
que je ne danserai pas.
uacuus
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Message Posté le: Lun Juin 26, 2006 18:09 pm    Sujet du message:
C'est joliment écrit, mais j'ai beau relire, j'ai du mal à y voir autre chose qu'un bric à brac d'images.
Mandos
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Message Posté le: Lun Juin 26, 2006 18:58 pm    Sujet du message:
Je fonctionne toujours comme ça, quand j'écris en vers libres (et aussi, dans une moindre mesure, quand j'écris tout court). J'écris en suivant une ligne musicale, et le sens m'échappe complètement. Toutefois, le texte final n'en est jamais vraiment dénué, puisque j'écris dans une certain état d'esprit, qui fait que certains mots, certaines évocations me viennent, qui orientent ce que j'écris dans une direction plus ou moins homogène.
Je ne vais pas me lancer dans une analyse détaillée de mon texte (ce serait d'une part vain, d'autre part assez malhonnête, puisque je dirais alors sans doute des choses qui ne m'effleuraient même pas au moment où je l'ai écrit), mais on peut quand même repérer des éléments de cohérence. Le narrateur s'adresse à la nuit, qui peut être entendue comme le côté sombre de sa personne, où comme l'idée de fin, où encore, en combinant ces deux aspects, comme l'idée du principe de ruine présent en tout être animé. Certains mots font explicitement référence à l'idée de fin (morts, referme, se ferment, embaumé (sens ambigu), s'efface, s'effile, enfuie, reliquats, antiquités, que je ne danserai pas). On a aussi des allusions plus voilées. "L'embrasure", au vers trois, évoque une porte à demi close, et vraisemblablement, ici, en train de se clore, à l'instar des yeux qui se ferment quelques vers plus loin. Qu'entend-on par "Ecoulement de nuit, Chante à ma paupière" ? L'idée, peut-être, de larmes qui se ravalent, l'idée d'un bilan... Et quand il est question de "feu doré", offert en cadeau à la nuit, il peut s'agir de ce qu'il reste au poète de beauté, de bonté ou de vie, offerte en sacrifice à l'élément ténèbres.
Evidemment, il reste beaucoup de tournures nébuleuses. Si tu t'interroges particulièrement sur l'une ou plusieurs d'entre elles, j'essaierai de t'éclaircir.
uacuus
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Message Posté le: Lun Juin 26, 2006 19:15 pm    Sujet du message:
Tiens moi dans ce poème j'avais vu une autre cohérence (relative) d'images, celles d'un voilement des choses par des matières mouvantes qui laissent percevoir un peu de ce qu'elles cachent. J'ai moins vu la fin des choses qu'une opacité des choses. Y compris dans l'effacement.
"la poussière et la dune"
"emportement des lueurs au ciel gris"
"la cadence vengeresse qui anime mes brumes"
Bref on voit à travers la poussière ou les nuages gris.
Même le reliquat d'aurore, montre non une disparition, mais une persistance à travers un voilement.

A côté les lumières, et les opales m'ont un peu énervé, un peu comme la quinquaillerie d'un tableau de Gustave Moreau. Les "éclats qui me parsèment" par exemple, ou le "feu doré".

ça donnerait presque envie de railler le poète, mais comme il en fait lui même la demande, par esprit de contradiction, je vais tâcher d'éviter.

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