Calimero
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Posté le: Ven Mar 10, 2006 20:04 pm Sujet du message: Il y a 100 ans 1099 morts à Méricourt....
Que s'est-il vraiment passé ce 10 mars 1906
dans les mines ?
Le samedi 10 mars 1906, à 6 h 34, la plus importante catastrophe minière de
France, dite de Courrières, du nom de la compagnie minière qui exploitait
alors le gisement. Elle fait 1099 morts sur les territoires de Billy-Montigny
(fosse 2 dite Auguste Lavaurs), Méricourt (fosse 3 dite Lavaleresse) et
Sallaumines (fosse 4 dite Sainte-Barbe). On en ignore encore la ou les causes:
feu, poussière ou grisou. A partir de cette époque, les lampes à feu nu
seront bannies.
==> Voici une petite chronologie des évènements de la journée du 10 mars
au 2 avril de la catastrophe <==
Jeudi 8 mars 1906 : un incendie se
déclare dans les galeries du niveau 280 de la fosse n°3, le feu est
circonscrit dans son foyer au moyen de barrages en maçonnerie.
- Samedi 10 mars 1906 :
- 6h00 : descente de 1795 ouvriers dans les différents puits du gisement
de charbon de Courrières dans le bassin minier de Lens (Pas-de-Calais).
- 6h34 : explosion dans la fosse n°3, les flammes se propagent dans les
galeries vers les fosses n°2 et n°4 ; des flammes gigantesques jaillissent
des puits de descente et d'aération, rendant tout secours impossible ; de
nombreux éboulements se produisent dans les puits avoisinants.
- 6h35 : l'alarme est donnée mais les secours sont impuissants, les gaz
qui se dégagent empêchant de s'introduire dans les galeries des fosses n°2
et n°3
- 12h00 : une vingtaine de mineurs arrivent à remonter du puits n°11
- 19h00 : les premiers morts sont retirés des fosses n°4 et n°10, non
obstruées
- Dimanche 11 mars 1906 : essai de
refoulement des gaz délétères par ventilation dans toutes les fosses
touchées par l’explosion ; on assiste à la remontée de quelques
survivants
- Lundi 12 mars 1906 : des sauveteurs
allemands mieux équipés arrivent à pénétrer dans les galeries ; de très
nombreux morts sont remontés ; la cause de la mort est dans tous les cas soit
l’asphyxie, soit la calcination
- Mercredi 4 avril : remontée du
dernier survivant .
Soudain, une secousse suivie d’un bruit sourd selon les uns, d’une
violente détonation selon les autres.
Dans les corons avoisinant les fosses 2 de Billy-Montigny, 3 de Méricourt et
4 de Sallaumines, les fenêtres et les portes des maisons s’ouvrent. Partout
on s’interroge.
Le Directeur Lavaurs qui réside à proximité de la fosse 2 est
immédiatement alerté. Il se rend au puits de la fosse 2 intact. Il donne
quelques instructions et part, en hâte vers la fosse 3.
A la fosse 2, après une première reconnaissance à l’étage 306 d’où il
ramène un mineur évanoui, l’ingénieur Voisin redescend. Au-delà de
l’étage 258, l’air est irrespirable. Toute opération de sauvetage par le
puits de la fosse 2 s’avère impossible. Le gaz a envahi le puits.
A la fosse 3, au milieu d’un vacarme épouvantable, jaillit un nuage de
poussières qui retombe aussitôt sur les installations. Tel un boulet de
canon, un cheval est projeté en l’air. Le souffle a ravagé le moulinage et
a soulevé le chevalet.
La poussière retombée, les dégâts sont effrayants : le puits dont les
parois se sont rapprochées, est obstrué par un fatras de ferraille,
impossible de remonter la cage qui est au fond, l’aérage ne peut plus
s’effectuer correctement, impossible d’utiliser les échelles.
Au 4, la cage, projetée à quelques 10 mètres en hauteur est retombée de
travers sur les taquets. Tous les carreaux du bâtiment central ont volé en
éclats.
Seule la cage du puits 10 de Billy-Montigny va et vient et remonte des mineurs
hébétés mais sains et saufs.
Dans les galeries, c’est la désolation, des bois arrachés, des
effondrements, des enchevêtrements inextricables et, partout, des blessés,
des brûlés qui râlent, qui appellent, qui leur mère, qui leur épouse ;
des cadavres jonchent les galeries ; un spectacle de fin du monde.
Pourtant, toutes les voies n’ont pas été atteintes par les gaz et des
mineurs, encore vivants errent dans les galeries. De certains endroits, on
peut percevoir des coups de marteau sur les ferrailles.
Au jour, ingénieurs, porions et ouvriers s’évertuent à débloquer les
cages et à ouvrir un passage dans les puits obstrués.
En surface, les secours s’organisent mais les carreaux restent étrangement
calmes. Des ambulances peinent à se frayer un passage entre la foule
silencieuse assemblée aux grilles. Les pharmacies ont été vidées de leurs
pansements et de leurs médicaments.
En fin de journée, Pierre SIMON, dit Ricq, descendu par le puits 10 en vue de
gagner la fosse 3 remonte 17 survivants.
Le soir du premier jour, seuls 576 mineurs sont remontés sur 1697 étant
descendus le matin.
Dans les jours qui suivent, arrivent une section des sapeurs pompiers de Paris
équipée de masques ainsi qu’une délégation de sauveteurs allemands
fraîchement accueillie qui participeront aux recherches.
Peu avant l’arrivée des sauveteurs allemands, le Directeur et les
ingénieurs qui le conseillent vont prendre une décision qui va s’avérer
lourde de conséquences.
Au moment de la catastrophe, l’aérage des galeries est assuré de la
manière suivante : l’arrivée d’air frais se fait par le puits 3 sur
lequel tirent ensemble les ventilateurs des puits 2 et 4.
A cause de l’atmosphère surchauffée et à cause des odeurs cadavériques,
il faut aérer fortement. Mais les ventilateurs des puits 2 et 4 attirent en
même temps vers ces puits, les gaz qui ont envahi les chantiers du 3 rendant
l’accès aux galeries et les sauvetages impossibles.
Etant persuadé que tout espoir de retrouver des survivants doit être
abandonné, Delafond, suivant l’avis de ses ingénieurs et géomètres,
prend la décision suivante : fermer l’orifice du puits 3 qui, de ce fait,
deviendra un puits de sortie d’air entrant par les puits 2 et 4, lesquels
seront aménagés en conséquence.
Il est, en outre, convenu que si le ventilateur du 3 renforcé au besoin par
un second ventilateur, ne peut assurer un aérage correct, l’air serait
aspiré conjointement par les puits 3 et 4 tirant ensemble sur le puits 2.
Or, il s’avère que cette opération ne réussit pas à assurer un aérage
correct des galeries et qu’elle condamne, en outre, les survivants
éventuels réfugiés dans des poches non envahies par les gaz.
Le noyage des fosses est même envisagé mais, heureusement, jamais mis en
œuvre.
Lorsque le 30 mars, les 13 rescapés de la catastrophe parviennent au jour,
cette décision de renverser l’aérage sera fortement contestée.
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