Petits paradoxes du nihilisme


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Xénastre
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Message Posté le: Lun Fév 20, 2006 06:39 am    Sujet du message: Petits paradoxes du nihilisme
Le nihilisme suppose qu’il n’y ait rien, que tout soit nul, soit zéro. La négation de rien n’est que le néant, soit moins un. L’hypothèse phare du nihilisme est que pour engendrer une réalité sordide, le néant se suffit amplement à lui-même. Mais l’écart de moins un à zéro est un. Pour annihiler ce un, je lui applique moins un. Mais je l’ai déjà pris pour le néant : ainsi, l’écart de moins un à un est double. Mais le nihilisme impose que le double soit annihilé par moins deux, et l’écart entre deux et moins deux est quadruple. L’annihilation du quadruple implique l’octuple. Celle de l’octuple implique le décahexa. Et cætera… à la nième annihilation, j’en suis rendu à deux puissance n. Et cætera… à l’infini dénombrable, j’en suis rendu à deux puissance l’infini dénombrable. Et deux puissance l’infini dénombrable correspond à l’ensemble de toutes les combinaisons des nombres entiers naturels. Voilà le paradoxe : je suis parti de zéro et de sa négation, et j’aboutis à l’infini, mais lequel, dénombrable ou non dénombrable ? Au XXème siècle, Paul Cohen et Kurt Gödel démontrèrent que l’hypothèse du continu était indécidable, à savoir si deux puissance l’infini dénombrable caractérise un continuum infini non dénombrable ? Plus prosaïquement, l’écart considéré entre rien et sa négation peut-il être considéré comme une mise à distance, une distanciation ? C’est bien qu’au départ, ma négation de rien en tant que néant, cela n’était qu’une hypothèse, puisque je suis censé me servir du résultat, à savoir une distanciation pour choisir un écart entre rien et la négation de rien en tant que néant : mais voilà, la distanciation par le biais de deux puissance l’infini dénombrable, cela est indécidable justement. Et voilà, le nihilisme me fait dire que la distanciation n’était autre que ma douleur, ma mise à l’index.

Un autre petit paradoxe du nihilisme : il n’y a rien et tout n’est rien. Moins que rien est partie de rien, c’est-à-dire que la partie est moins que le tout. Tout le monde croit savoir qu’un tout tel qu’une caisse (t’ions++) contenant une dizaine d’oranges contient plus qu’une partie telle une orange. Le tout est plus que la partie, jusque là tout le monde connaît. Or selon les ensembles infinis autoréférents, la partie contient autant que le tout : il en va comme un segment de ligne dans la ligne que pour la partie de l’ensemble de Mandelbrot – de plus, pour ce dernier, sa frontière a même dimension de Hausdorff que son intérieur. La partie contient autant que le tout, parce que tout est dans l’un et l’un est dans tout (sic). D’après Hermès Trismégiste, le père de l’hermétisme et trois fois sage, tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas… Mais le nihilisme me fait dire qu’il n’y a rien et tout n’est rien. Mais pour peu que j’ose affirmer « quelque chose », c’est plus que tout n’étant rien. En somme, ce que j’ose dire là c’est le cas particulier où la partie étant quelque chose serait plus que le tout n’étant rien. Mais en clair, ça se traduit par quoi, dans la vie pratique ? Quelque chose de cocasse dans la vie courante, à savoir qu’une rayure sur le capot de la voiture de notre affreux Jojo, ce détail apparemment insignifiant dans l’univers, prend pour notre affreux Jojo plus d’importance que l’univers n’étant rien ou n’existant pas ! Le détail cosmétique d’une midinette prend plus d’importance aux téléspectateurs que le monde entier – et honnêtement ce dernier me semble de moindre importance que mon dentier, miam ! L’éternité telle qu’il ne se passe rien, le vide cosmique n’étant qu’un désert de nullité : alors le nihilisme me porte à croire qu’une simple présence éphémère représente plus que tout cela n’étant rien. L’intégrale de la vague est nulle, le creux de la vague est moins que rien, mais le sommet de la vague est plus que tout n’étant rien. Et Dieu dans tout ça, une nullité crasse ? Le morveux extirpe une de ses crottes de nez qu’il convient de baptiser « Dieu » : et notre morveux avala son asticot – bheurk ! Dieu c’est du caca, miam, dégueulasse !
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Message Posté le: Mar Fév 21, 2006 21:08 pm    Sujet du message: Re: Petits paradoxes du nihilisme
Xénastre, inspecteur ! a écrit:
La négation de rien n’est que le néant, soit moins un.


Bah, cela a le mérite d'être mathématique et pour les plus sérieux, "logique". Mais néanmoins, si l'on veut avoir une logique plus... modérée, on ne peut guère considérer comme possible toute idée visant à ôter quelque chose de rien (donc le nier). Toutefois, linguistiquement cela peut donner "ren", "ien" ou "rin". Et c'est déjà un début... ^^

Citation:
... ainsi, l’écart de moins un à un est double.

Oui, tu as une approche assurément angulaire... ^^ Mais ces jeux mathématiques géniaux et délicieux peuvent trouver le problème que la théorie des nombres reposent sur une échelle de valeur... et c'est bien là l'ennui, car si tu considères 0 tu le prends comme quelque chose, puisque tu pars dans un abstrait "-1" ; or, "-1" est quelque chose conceptuellement plus riche même que ne l'est "0" (même s'il a fallu à chacun du temps pour s'inviter sur les scènes arithmétiques !). En conséquence de quoi, Xénastre, quand tu plonges dans le quadruple, tu dois même paradoxalement ôter à quelque chose d'ôté-en-réserve (soit -1) son caractère propre pour revenir à une positivité ; mais c'est là aussi prendre les bases de maths pour des règles absolues valables dans le néant. Dans la mesure où tu peux considérer que ces sommes de repères sont quelque chose, alors ce n'est plus rien ; ou c'est quelque chose appliqué à rien, donc des choses hétérogènes entre elles. Mais hormis cela, très savoureuse démonstration ! Very Happy


Citation:
je suis parti de zéro et de sa négation, et j’aboutis à l’infini, mais lequel, dénombrable ou non dénombrable ? Au XXème siècle, Paul Cohen et Kurt Gödel démontrèrent que l’hypothèse du continu était indécidable

Alors, si tu me permets... déjà, il y a une saveur plus qu'un paradoxe, puisque le néant est par essence (détournée !) un infini, sauf qu'à sa manière il n'est pas englobant, comme un infini "cosmique" ou conceptuel, mais pourrait-on dire --- sans le rendre pour le moins tangible --- concave. Ainsi, il est purement indénombrable si on le situe par rapport à ce que j'énonçais plus haut, et infini de façon "satisfaisante" (en toute subjectivité ! :p).

Citation:
Plus prosaïquement, l’écart considéré entre rien et sa négation peut-il être considéré comme une mise à distance, une distanciation ?

Very Happy
Prosaïquement, la négation de rien implique l'existence infime d'un rien... donc ce n'est plus rien. Mais l'ayant déjà dit, note aussi que la distance, c'est ou bien quelque chose --- séparant X de Y et empli de coordonnées --- ou bien rien, mais alors l'espace ne tient plus debout. Conséquemment, la distanciation est la seule possible si elle est intellection seule et non représentation (ce qui est délicat, je suppute !). Mais si l'on suit ceci, on aboutit au fait que le rien est distinct de moins que rien ou que (rien-(rien)) ; mais là, refusant le petit postulat de départ, on aurait plutôt un rien x et un rien y. Pourquoi ? Parce que rien est infini ? Nope, il ne serait pas réplicable comme cela ; plutôt parce que tu poses le rien de façon relatif ; rien par rapport à : et là, tu obtiens une équation plus probable ! Very Happy
(si j'ai été clair en voulant faire succinct ^^)
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Message Posté le: Mar Fév 21, 2006 21:20 pm    Sujet du message:
Alors, si je peux continuer en promenade ici plus néophyte... (faisons les brins d'une guirlande éternelle, sans enguirlander tout le monde quand même ^^)

Déjà, Sartre et d'autres parlent de façon assez intéressantes (ceci n'est pas un lien, pas plus qu'une pipe (le second est faux... :p)) de la structure du "il y a" qui est problématique. Mais passé ceci... question préliminaire, lances-tu dans la question la possibilité des fractales ? Qui, géométriquement, présentent bien les problématiques du particulier et du tout...

Et excellents et humoristiques exemplifications ! Mais cet ami Jojo, l'auras-tu noté, peut aussi tenir un autre type de raisonnement, si on considère qu'il peut encore y voir clair dans un monde aussi chaotique et rayé (enfin, ce n'est pas le 33' tours... mais ne détournons pas le sujet). Donc, l'ami Jojo constate la rayure. Il se dit, conformément à l'énoncé premier, "ce n'est rien" donc
1°) La voiture n'est rien
2°) La coupure n'est rien
--- Ce qui est distinct de "la voiture n'est pas", avec et sans jeu de mots.

Et avant même cela :
1°) Il n'y a pas de voiture
2°) Il n'y a pas de coupure.

Alors, sans passer par ce didactique Mandelbrot, il tombe dans une situation non pas où

Citation:
ce que j’ose dire là c’est le cas particulier où la partie étant quelque chose serait plus que le tout n’étant rien.


mais plutôt où la partie n'est rien car n'est pas, et le tout non plus, car n'est pas ; en somme, sans tout et sans présence à, comment faire encore cadrer ceci dans un espace mathématique conventionnel ?
Bon, sinon, nous achetons des espaces à n-dimensions, et on revoie des possibilités verticales... Very Happy

Mais pour ne pas laisser ton argumentation dans l'ignorance de son amusement, tu noteras que c'est psychologiquement ce qui se passe pour la midinette et Jojo ; cela devient intolérable, et disons-le même, sérieusement immonde ! Very Happy

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