Xénastre
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Posté le: Mer Oct 05, 2005 23:06 pm Sujet du message: on a peur de souffrir, nullement de mourir
Je rappelle que l’époque moderne s’échelonne depuis la renaissance
jusqu’à la fin du XIXème siècle, et que depuis la séparation de
l’Eglise et de l’Etat en 1905, on est entré dans l’ère post-moderne
– tout au plus en science et en littérature, tandis que la plupart vivent
des archaïsmes antérieurs à la modernité elle-même (pré-hégéliens,
pré-nietzschéens, voire présocratiques) !
Le physicien Ludwig Boltzmann a montré il y a plus d’un siècle, que
l’irréversibilité (dont l’une des conséquences est le vieillissement)
se déduit de la probabilité la plus sûre, confère les lois de la
thermodynamique.
La mort en soi n’est rien, puisque mort, on n’existe plus. Par conséquent
il me semble impossible d’éprouver quelque peur de la mort (la mort en tant
que telle n’existe pas). A-t-on peur de mourir ? Je ne crois pas. En
pratique, ce qu’on redoute n’est pas de périr, mais de souffrir, on
craint d’éprouver de la douleur. Or il n’y a pas d’âge pour cela : les
phobies ne sont pas liées à quelques âges, par conséquent une éventuelle
peut de mourir n’est absolument pas lié à la vieillesse --> je me
posais des questions sur la mort quand j’étais jeune justement et, selon le
principe de contradiction : si on m’affirme que je suis mortel, je ne
souhaite pas mourir, mais si on m’annonce que je suis immortel, alors je
voudrais mourir.
Or lorsque le corps est endommagé, des stimuli négatifs sont émis dans le
seul but de mobiliser la personne afin qu’elle se maintienne en forme. Mais
puisque l’automate est asservi servilement au plaisir comme à la douleur,
il va réagir aux affects douloureux, soit en souffrant.
Dans la question « quel sort réserve-t-on au troisième âge aujourd’hui ?
», il est supposé l’incapacité du vieillard à l’autonomie, puisqu’il
n’est plus qu’un objet au rebut auquel on « réserverait un sort ». Mais
quel sort réserve-t-on à n’importe quel animal, dirait-on, si ceux qui
réservent ne sont pas ceux-là précisément : ce qui signifie que ce serait
à eux de se réserver leurs propres sorts, s’il s’agit de sujet ! ? Il
faut reconnaître que les industries pharmaceutiques profitent de la situation
extrêmement lucrative, au bénéfice des marchés de la santé et de la
maladie.
En pratique, on rembourse, rachète touts ses agréments passés, non
seulement avec de la monnaie de singe – laborieusement acquise par le biais
de cette prostitution institutionnalisée qu’est le marché du travail, mais
notre vie est payée, rachetée surtout en unités dolométriques, par le
biais de toutes nos peines ! Normal, ex-nihilo hors de rien, nihilisme oblige
comme loi première, on n’aurait pas trouvé mieux qu’une réalité où
tout n’est que prix à payer (sic) !
Si on m’offrait la possibilité de me reprojeter trente ans en arrière,
j’étais plus malheureux que maintenant, alors je refuserais : un plus
jamais cela qui me mène au plus jamais de l’évanouissement intégral dans
le trépas, mais avec la certitude de revivre cette douleur vraiment plus
mortelle que la mort i.e. d’après le livre des fous, je cite : « n'est
point mort qui peut éternellement gésir, au cours des temps, la Mort même
peut mourir ». Abd al-Azrad, Kitab Al-Azif
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