Xénastre
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Posté le: Dim Oct 02, 2005 08:36 am Sujet du message: Confrontation du désir avec la réalité…physiologie dénigrée
Selon mon intégrisme conforme à n’importe qui, c’est-à-dire
l’attitude d’un catholique refusant toute évolution, la photo ci-dessous
illustre ma monstruosité physiologique, à travers la monstruosité du
désir. Pourquoi ? Quand on m’enseignait la géométrie élémentaire par
défaut, je n’y pensais pas : c’est dire que derrière l’impression de
cohérence perceptive avec la valorisation sacralisée des objets matériels
par la modernité, il y eut tant de résistances contre-nature ! Mais quand en
propédeutique, on m’appris quelques rudiments d’algèbre
multidimensionnelle avec une matérialité restreinte à trois dimensions
d’espace et une dimension temporelle seulement, alors le désir en moi fût
animé d’une hystérique de souhaiter vraiment la perception organique en
multidimensionnel ! C’est dire que dans ma jeunesse, j’accordais une
valeur excessive aux organes, à la santé physique, à la vigueur, à la
cohérence perceptive, à la liberté partielle des mouvements en espace,
etc… Or tant que ce désir demeurait une abstraction, un impossible à
rendre possible i.e « Impossible n’est pas français » de Napoléon, le
sujet sensible demeurait désirable en tant que projet futur. Alors ce bébé
en tant que réalité physiologique semble incarner cette fois la difficulté
à cohabiter avec un monstre surhumain c’est-à-dire supérieur à tous les
degrés physiques : en tant que créature sommaire, on se sent obsolète,
agressé par la tyrannie du désir, etc… Si notre bébé semble moins
intégriste au sens perceptif et transgressant une Sainte Trinité d’ordre
spatiale, il demeure encore parfaitement normal au sens de la théorie des
ensembles, avec des yeux qui se comptent également comme les doigts de la
main, avec une projection discernable, un aspect identifiable à de
l’évidence. Les amateurs d’extraterrestres déploreront que notre bébé
soit « trop humain » dans l’apparence, pas suffisamment allégorique, trop
déterminé, excessivement conforme au terrien, etc… Ce bébé semble
incarner un idéal de bonheur pour les sens : pour savourer les délices
culinaires, il semble bien commode d’avoir quatre bouches, pour apprécier
la subtilité des dessins animés en 7-D, les huit yeux s’avèrent
indispensables ! Donc selon la stéréoscopie en 3-D, avec une seule bouche,
etc…, je présente un degré relatif d’infirmité. Or pour Flatland, il y
a ce choix de préférer l’infirmité en multidimensionnel, plutôt que
l’infatuation en monodimensionnel voire le bonheur autosuffisant sans espace
! Le cauchemar commence à se sentir devoir satisfaire d’éventuels caprices
qui me dépassent. Cette photo est intéressante, justement dans cette
confrontation, dans l’ambiguïté esthétique des miroirs et des images.
J’ai eu ce souci avec de nombreuses fractales que j’ai éliminées car
trop peu évocatrices : lorsque je fus confrontés à mes bornes perceptives,
j’ai vraiment cru que j’avais tendance à ne trouver beau uniquement ce
que j’avais l’habitude de voir, et laid le reste selon ce que la loi des
affects y induise… tandis qu’autrefois, le laid et le beau semblaient
intrinsèquement associée à la structure i.e. la montagne est belle car
intrinsèquement complexe. Longtemps, un certain mysticisme considérait les
corps en tant que « bassement matériels », une perception organique faite
d’illusions trompeuses et occultant la spiritualité. L’excès du
matérialisme réside dans l’abus de sacralisation des objets… On peut
maintenant « envisager » que notre bébé soit parfaitement viable dans un
futur où les moyens ontogénétiques le permettraient. Mais l’aspect
sommaire de ma physiologie actuelle avec un simplexe d’infirmité
m’induisent à avoir reconnu en cet être vivant, un monstre. Or, je
comprends que vis-à-vis d’une créature plus sommaire telle un titan ou un
cyclope, ma forme semble déjà relever d’une monstruosité polymorphe de
désir pervers et en tant que possible correspondre à la mort d’un
impossible de jadis. Si le sujet en question reste séduisant, il semble
appréciable qu’au moins il ne me perçoive pas exclusivement au premier
degré ou selon un jugement dénué de profondeur à la manière dont un
borgne me jugerait d’après un regard. Maintenant, la perception de ce
bébé étant plus riche, les sentiments sont plus subtils et ambiguës : en
pratique, il incarne bien ce que cherche laborieusement l’intelligence, non
? Or justement, dans cette confrontation du désir avec la réalité, je
retrouve malgré tout la difficulté d’accepter la physiologie, la
corporéité, avec la meilleure compréhension de la répugnance des mystiques
envers le matérialisme, etc… Mon impression de départ fut celle-là encore
une fois : tant que la poésie, le surréalisme, la fantasmagorie n’ont pas
d’application physique, c’est beau ; dès qu’il apparaît une
application pratique, ça devient laid, ce que disait Lao-Tseu : « de par le
monde, chacun décide du beau, et voici venir le laid » ; de même, la
métaphore nietzschéenne du surhumain est belle en tant que poésie
métaphysique prise à un degré particulier de l’humeur, mais elle est
laide dans son application pratique en réalité de par la récupération du
concept de surhumain par le nazisme. Bien en théorie, mauvais en pratique,
les idéaux meilleurs que la réalité, il s’agit bien d’un préjugé
philosophie… Devenir philosophe consiste éventuellement à évaluer toutes
les conséquences de sa pensée, cela ressemble au non-agir des sages. Entre
l’absence totale de perception et celle des absolus, le surhumain
multidimensionnel est autant un « juste milieu » que nous-mêmes. Le chagrin
avec l’irréversibilité suicidaire des décisions et engagements gestuels,
c’est qu’une fois l’accomplissement du désir effectué, c’est trop
tard, on ne peut pas revenir sur cet échec. L’avantage dans
l’inaccomplissement des désirs, l’avantage des expériences de pensées
sans application concrète, c’est qu’on peut revenir dessus de manière
réversible : avec l’expérience de pensée, je peux remettre en question le
désir de devenir un surhumain multidimensionnel, tandis qu’une fois monstre
tel quel, je dois composer avec les inconvénients pratiques de cette
réalité. Il me semble alors du multidimensionnel comme des drogues : une
fois qu’on en a goûté, on est conquis, les appétits se succèdent…
l’inconvénient cardinal est la douleur ! Le fou, il l’a désiré et
hélas le désir se réalise ! Et on s’adapte à cette réalité
monstrueuse… D’après le mythe platonicien de la caverne et Flatland
c’est plutôt notre humain multidimensionnel qui ressentirait de la
compassion pour notre misère, et non nous qui souffriraient de compassion
pour lui ; mais la légende stipule que ni Platon avec la géométrie plane,
ni Abbott, ne semblaient avoir de réelle perception en hyperespaces, ça
suffisait déjà à conforter l’adhésion en l’existence d’une
profondeur au troisième degré… Evidemment, avec les paysages, les
sentiments sont partagés : le même visage, le même paysage semblera
symboliser la joie ou la peine ; mais évidemment, c’est comme avec la
question du suicide, pour l’expliciter, cela correspond au bavardage infini,
à la textualité sans fin… Enfin, l’abandon de l’expression par
Internet, viendra peut-être de prendre conscience que chacun soliloque avec
ses problèmes ou manies particulières ne concernant que soi uniquement :
éventuellement l’âge où l’on cesse de philosopher au profit de la
sagesse, correspondrait à cette prise de conscience que l’oralité
philosophique n’était que vain soliloque
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